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Atos refuse les 4,2 milliards d’euros de Onepoint pour le rachat de sa filiale Evidian

Le 29 septembre au soir, la SSII française a publié un communiqué pour annoncer qu’elle refusait le rachat de sa filiale Evidian par Onepoint pour 4,2 milliards d’euros. Atos prévoit toujours d’introduire cette filiale en bourse dès 2023.

« Atos confirme avoir reçu mardi 27 septembre 2022 une lettre d’intention non-sollicitée émanant de Onepoint, associée au fonds d’investissement anglo-saxon ICG portant sur une acquisition potentielle du périmètre « Evidian » pour une valeur d’entreprise de 4,2 milliards €. Le Conseil d’administration a décidé de ne pas y donner suite. » explique la direction de la SSII française.

Atos va diviser ses activités en deux entités, dont Evidian

Rappelons qu’Atos a décidé cet été de se réorganiser et de diviser ses activités en deux entités afin de renouer avec une meilleure rentabilité. La première, SpinCo, doit regrouper ses activités dîtes « rentables », telle que son pôle Digital ainsi que sa division Big Data et Sécurité (BDS). Elle devrait être cotée en Bourse dès 2023 sous la marque Evidian. Quant à la seconde, TFCo, elle continuera à commercialiser sous la marque Atos ses activités Tech Foundations, ainsi que l’infogérance IT, qui décline depuis plusieurs années suite à la montée en charge du cloud public.

Onepoint devait lever environ 2 Md€ et y ajouter 2,2 Md€ de dettes grâce à ICG

C’est donc Evidian, le pôle le plus rentable d’Atos a priori qui est valorisé ainsi à 4,2 milliards d’euros, que Onepoint a essayé de racheter en numéraire. Détail intéressant, la direction de cette société de conseil IT française avait pris soin de préciser, pour rassurer l’État français et les actionnaires d’Atos sans doute, qu’« Atos pourrait détenir jusqu’à 30% du capital du groupe combiné à l’issue du rapprochement ». Pour réaliser cette transaction, Onepoint avait aussi prévu de réaliser une levée de fonds propres d’environ 2 milliards d’euros, montant à ajouter à un endettement possible à hauteur de 2,2 milliards d’euros.

Avec l’aide du fonds d’investissement londonien ICG en l’occurrence, car cela aurait été impossible autrement puisque Onepoint ne réalise « que » 400 M€ de chiffre d’affaires sur 14 implantations en France et à l’étranger. Grâce notamment à une dizaine d’acquisitions successives, dont celles de Timwi Consulting, JBG Consultants et Nexworld en 2021, ou de Weave Conseil en 2018, Geronimo en 2017, etc.

Grosse déception donc pour David Layani, le PDG et créateur de Onepoint en 2002, pour ce coup de poker raté. Il a quand même dégainé officiellement, devant des acteurs beaucoup plus grands que lui, dont Orange ou Thales vraisemblablement, la première offre concrète pour s’offrir les joyaux de la couronne (cybersécurité, installation de logiciels et supercalculateurs) de la SSII française en difficulté.

La SSII française trouve quelques solutions pour sortir de ses difficultés sur le plan financier

D’ailleurs, un mois après la présentation en juin 2022 de son plan de sauvetage, Atos avait annoncé le 27 juillet avoir obtenu un prêt de 1,5 milliard d’euros auprès de ses banques. Il permettra à la SSII française d’activer la scission de l’entreprise en deux sociétés distinctes. Autre précision intéressante, Onepoint avait prévu de débloquer un fond de 500 M€ afin d’aider Evidian à se transformer et se développer.

Par ailleurs, Atos est sortie le 19 septembre 2022 du Stoxx Europe 600, indice boursier composé de 600 des principales capitalisations boursières européennes. Un départ guère surprenant alors que la SSII française continuer à enregistrer une débâcle boursière. La valeur de son action a reculé de -73% depuis le début 2022 suite à ses résultats financiers décevants et à des erreurs de stratégie.

Cela a aussi bougé cet été du côté de ses actionnaires, et des banques américaines en particulier. Bank of America a déclaré à l’Autorité française des Marchés Financiers (AMF) avoir franchi à la baisse le 10 août les seuils de 5% du capital et des droits de vote d’Atos et ne plus détenir indirectement que 0,87% de son capital et de ses droits de vote. A l’inverse, sa concurrente JP Morgan Chase & Co a annoncé en août qu’elle contrôle désormais 5,01% du capital et des droits de vote de la SSII.