Accueil Business Une épée de Damoclès sur la tête des sous-traitants de la fibre

Une épée de Damoclès sur la tête des sous-traitants de la fibre

Université du Très Haut Débit
Université du Très Haut Débit 2023. DR Infranum

A l’occasion de l’Université du Très Haut Débit, qui s’est déroulée à Bourges les 12 et 13 octobre, Jean-Noël Barrot est monté au créneau sur les problèmes de qualité des raccordement à la fibre, générés par le mode STOC. Le message était clair : si la situation ne s’améliore pas rapidement, la voie législative s’imposera.

« Il n’est pas acceptable que certains de nos concitoyens hésitent encore à basculer du cuivre à la fibre en raison de ce qu’ils lisent dans de trop nombreux articles de presse faisant état de problèmes de raccordement ou de déconnexion. Et il n’est pas acceptable que les élus se retrouvent en première ligne pour trouver des solutions aux problèmes que les acteurs de la filière ne résolvent pas toujours suffisamment rapidement », a soutenu le ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, intervenant en visioconférence depuis Paris.
«A minima, les opérateurs commerciaux et d’infrastructures doivent mettre en place des protocoles de crise dans les zones où ils rencontrent des demandes de service après-vente plus fréquentes. Cela implique plus de contacts, et des procédures accélérées et simplifiées. Patrick Chaize, le président de l’Avicca et sénateur de l’Ain, proposait, comme vous le savez, la mise en place d’un guichet unique dans la proposition de loi qu’il a soumise à l’examen du Sénat au printemps. J’invite les acteurs à creuser cette voie pour permettre aux élus et aux clients d’avoir un contact qui centralisera les problématiques locales. Encore une fois, je le dis, je le répète, si rien n’est fait, la représentation nationale, c’est-à-dire l’Assemblée nationale, après le Sénat, n’hésitera pas à s’emparer de ces sujets et le gouvernement se tiendra en soutien, si nous ne parvenons pas rapidement à apporter des solutions à nos concitoyens et aux élus qui les représentent ».

Le sénateur Patrick Chaize, qui se réjouit de l’évolution de la position du Ministre depuis la rentrée, a donné des précisions à Solutions Numériques sur l’avancée de sa proposition de loi. « Votée au Sénat à l’unanimité au moi de mai, elle poursuit son parcours. Elle a été envoyée au président de l’Assemblée nationale et est en attente d’inscription à l’ordre du jour des travaux de l’Assemblée. Sur le terrain des raccordements, il n’entrevoit pas de progrès. « Aucun indicateur précis n’existe pour mesurer l’évolution de la situation mais j’ai toujours autant de retours terrain. Globalement, le ressenti, bien que subjectif, ne va pas dans le sens d’un apaisement. Il reste donc beaucoup à faire pour sortir cette problématique », affirme-t-il. Une position appuyée par une tribune récente publiée par l’Avicca sur son site web.

Le challenge de la qualité face à la fermeture programmée du réseau cuivre

Sur la progression du Plan qualité fibre de la fédération Infranum, annoncé voilà un an, dont le sénateur affirme qu’il n’a pas encore été mis en œuvre, Philippe Le Grand, président d’Infranum, a réagi : « Je comprends parfaitement son impatience, car on ne va pas le nier, la qualité des raccordements n’est pas toujours au rendez-vous », a-t-il concédé à Solutions Numériques. Il faut toutefois nuancer car une bonne partie des raccordements se passe néanmoins très bien. Par ailleurs, on ne change pas si facilement de direction un train qui va 200 à l’heure. Il s’agit de toute une industrie, avec 20 000 raccordeurs, des centaines d’entreprises mobilisées, des process existants et des systèmes d’information insuffisants. Philippe Le Grand reconnaît cependant que le Plan qualité n’a pas produit suffisamment d’effets. « Il faut accélérer et je suis très heureux que nous disposions d’indicateurs pour évaluer la réalité de sa performance et d’objectiver, au-delà du ressenti et de l’appréhension », affirme-t-il.

La qualité des raccordements est un sujet d’autant plus épineux aujourd’hui que la fermeture du réseau cuivre arrive à grands pas. Afin d’améliorer cette qualité, l’opérateur d’infrastructures Axione, qui a déjà lancé en avril 2023 un « Passeport Fibre », a décidé d’aller plus loin. Délégataire du réseau fibre de Berry Numérique, il a annoncé lors de l’Université du THD la mise en œuvre, au début de l’année prochaine, d’une expérimentation de six mois, destinée à améliorer le service délivré. « Dans le Berry, la fermeture du réseau en cuivre est prévue sur cinq communes en janvier 2025 et nous allons dissocier le raccordement et la prise de commande de l’abonné, a confié à Solutions Numériques Eric Jammaron, président d’Axione. Nous allons placer le raccordement sous un régime de « pré-raccordement » en posant systématiquement une prise dans les foyers, qui choisiront ensuite leur opérateur ».

Les communes concernées, Nançay, Neuvy sur Barangeon, Saint-Laurent, Vignoux sur Barangeon et Vouzeron, pèsent 1,000 prises FTTH. Les pré-raccordements seront effectué par les équipes d’Axione. « L’intérêt est d’avoir la maîtrise technique de la qualité du réseau, afin qu’au Point de Branchement Optique (PBO), le chemin utilisé pour raccorder le foyer soit le bon », explique le président d’Axione. Dans le même temps, Axione va travailler avec les opérateurs commerciaux pour régler les questions de systèmes d’information, afin que ce mode de commande soit intégré dans leurs SI. « Avec ce pré-raccordement, nous espérons également rassurer les habitants, de fortes défiances existant sur certains territoires », souligne Eric Jammaron.

 

Patricia Dreidemy