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Téléconsultations : le grand boom !

Le ministère de la Santé encourage la téléconsultation, réponse sanitaire face à la pandémie de Covid-19. Les professionnels de santé s’équipent massivement pour continuer l’exercice de la médecine et les téléconsultations explosent : près de 500 000 en une semaine.

Le nombre de téléconsultations a bondi depuis le début de l’épidémie de Covid-19, avec un record de 80 000 actes réalisés entre le 16 et le 22 mars, indiquait mercredi 25 mars l’Assurance maladie. Deux fois plus que durant le seul mois de février (40 000) ou la première quinzaine de mars (35 000).
L’épidémie de Covid-19 a clairement dopé cette pratique, qui tardait à décoller depuis l’entrée en vigueur du remboursement en septembre 2018. Les téléconsultations de la semaine du 16 mars représentaient ainsi le quart du nombre total d’actes (320 000) réalisés en 18 mois.

Entre le 23 et le 29 mars, le chiffre bondit : c’est près d’un demi-million de téléconsultations qui ont été réalisées, a indiqué l’Assurance maladie : « 486 369 téléconsultations ont été facturées« , précise la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) dans un communiqué. C’est six fois plus que la semaine précédente, marquée par l’entrée en vigueur du confinement le 17 mars.
Cette semaine-là, plus d’une consultation sur dix (11%) a été réalisée à distance « contre moins de 1% avant la crise », ajoute la Cnam. Environ un médecin libéral sur trois a facturé « au moins une téléconsultation » contre moins d’un sur dix la semaine précédente. Chez les généralistes, cette proportion a quadruplé, de 11% à 44%. Ces praticiens ont davantage pratiqué la dispense d’avance de frais (ou  « tiers-payant »), qui a bondi de 40 % à 75 % des actes. Une générosité facilitée par le remboursement à 100% de la téléconsultation depuis le 21 mars et que le gouvernement a promis de maintenir « pendant toute la durée de l’épidémie ».

Au 26 mars, le nombre de rendez-vous pris en consultation vidéo sur la plateforme Doctolib a été multiplié par 100 depuis le début de l’épidémie, soit 100 000 téléconsultations par jour. Un exemple parlant, alors que le ministère de la Santé incite les médecins et les infirmiers à s’équiper en solutions de téléconsultation et de télésuivi pour prendre en charge des patients atteints de Covid-19. L’agence du Numérique en Santé a listé les solutions, fonctionnalités et niveau de sécurité, sur auto-déclaration des éditeurs de solutions.

30 000 médecins téléconsultent via Doctolib

De fait, praticiens et centres médicaux s’équipent également pour suivre leurs patients, car il faut poursuivre les soins de base et ceux pour les maladies chroniques, pour « éviter une bombe à retardement » sur la mortalité, prévient le Collège de la Médecine Générale.
Chez Doctolib où 125 000 praticiens sont inscrits, « ils étaient 3 500 à avoir la vidéo-consultation il y a deux semaines, 30 000 l’utilisent aujourd’hui, indique le service de communication. Et les consultations en vidéo ont bondi au-dessus de 50 % chez les médecins généralistes équipés. 85 % des téléconsultations sont pour les patients déjà suivis par les praticiens. »

Le Cosem en mode mixte

Le Cosem compte six centres médicaux à Paris qui restent ouverts pour les urgences classiques et dentaires, et pour offrir un service de garde en médecine générale et spécialisée pour ce qui n’est pas urgent. Il a démarré le 23 mars la téléconsultation sur rendez-vous avec 70 généralistes. Deux jours après le lancement, quelques centaines de téléconsultations ont été réalisées et celles-ci se sont étendues à 120 médecins de nombreuses spécialités. La durée moyenne d’une téléconsultation est de 20 à 30 minutes en moyenne. Les prévisions s’élèvent à 1 000 à 1 200 téléconsultations par jour dans les prochaines semaines.

Le Cosem a livré des ordinateurs portables neufs au domicile des praticiens, qui ont reçu une formation. Les vingt personnes du support technique du Cosem, également en télétravail, est disponible pour les médecins et les patients. La cybersécurité et la conformité est assurée par un logiciel médical propre au Cosem permettant d’accéder aux informations sur les patients. En temps normal, 700 médecins dans 57 disciplines médicales reçoivent au Cosem plus de deux millions de patients chaque année. « Notre personnel se mobilise avec une ferveur particulière et dans un esprit de solidarité, afin d’offrir à chacun la meilleure prise en charge possible, » met en avant Daniel Dimermanas, directeur général du Cosem.

Plateformes publiques et privées

Autre plateforme de téléconsultation : un hackathon initié par un médecin épidémiologiste de l’AP-HP début mars a conduit au lancement de la plateforme de suivi à distance des malades du Covid-19 : Lifen Covid.

La plateforme Medadom offre, elle, la possibilité d’avoir une téléconsultation avec 50 médecins généralistes sans rendez-vous, depuis chez soi, ou une pharmacie, ce qui s’avère pratique pour les personnes âgées ou non technophiles. Son activité a déjà triplé avec la crise sanitaire.

Dans les Hauts-de-France, plus de 3 000 médecins, un chiffre en constante augmentation, se sont inscrits à la plateforme de téléconsultation Prédice de l’Agence Régionale de Santé

L’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a lancé début mars une application e-santé de suivi médical à domicile des patients porteurs ou suspectés Covid-19. La solution est aujourd’hui ouverte à tous les établissements et médecins franciliens.


Quelles réglementations à respecter ?

Les professionnels de santé pratiquant la téléconsultation ou le télésuivi sont tenus d’utiliser des outils respectant le Règlement sur la protection des données personnelles (RGPD), la réglementation relative à l’hébergement des données de santé (HDS) et la politique générale de sécurité des systèmes d’information en santé (PGSSI-S). 100 hébergeurs de données de santé sont aujourd’hui certifiés. Toutefois, en cas d’impossibilité, et seulement dans le cadre de la réponse à l’épidémie de Covid-19, les professionnels peuvent utiliser d’autres outils, par arrêté du 17 mars 2020. Mais avec plus de risques à la clef.

Début mars, le gouvernement a facilité le recours à cette pratique enlevant l’obligation de passer par son médecin traitant pour les malades du coronavirus et les patients « présentant les symptômes » de cette maladie. Elle est en outre remboursée à 100 % par l’Assurance maladie et « pendant toute la durée de l’épidémie« , selon le ministère de la Santé.

 

Auteurs : juliette Paoli et Christine Calais