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Le Plan Egalité 2023-2027 va accompagner 10 000 jeunes femmes dans leur formation au numérique – Tous les détails

Cette disposition fait partie de la centaine de mesures du plan interministériel pour l’égalité entre les femmes et les hommes, annoncé par le gouvernement le 8 mars dernier à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes.

Ce plan, qui s’inscrit dans la grande cause des deux quinquennats du président de la République – l’égalité entre les femmes et les hommes -, s’articule autour de quatre axes : la lutte contre les violences faites aux femmes, la santé des femmes, l’égalité professionnelle et économique, et enfin, la culture de l’égalité pour mettre fin aux préjugés. Composé d’une centaine de dispositions, qui commenceront à s’appliquer pendant le quinquennat, il vise à poursuivre la politique portée par le gouvernement depuis six ans.

Ces mesures se sont nourries des échanges avec les associations, des rapports des institutions reconnues pour leur expertise et des travaux parlementaires. Elles sont résolument ancrées dans les territoires et s’appuient sur les recommandations issues de concertations locales animées par le réseau régional des droits des femmes et à l’égalité femmes-hommes.

Si le premier défi du plan est de lutter contre les violences sexuelles et sexistes, Elisabeth Borne entend également mener un véritable changement culturel autour de l’égalité entre les femmes et les hommes. « Nous devons notamment agir dans le domaine de la culture et à l’école, favoriser la mixité dans toutes les filières, donner aux jeunes femmes des exemples et des mentors. En particulier, et j’y tiens, davantage de femmes doivent s’engager dans les filières scientifiques : les défis devant nous demandent l’imagination et le travail d’ingénieurs, nous ne pouvons pas nous priver de la moitié des talents, souligne-t-elle. Ce changement de culture, nous devons aussi le mener dans le monde du travail. L’égalité professionnelle est au coeur de ce nouveau plan d’action… ».

Favoriser l’entreprenariat féminin

Sur son troisième axe, dédié à l’égalité économique et professionnelle, le plan se donne notamment pour objectif de soutenir les femmes qui entreprennent. Seules 32,3 % des entreprises françaises sont en effet dirigées par des femmes et les écarts sont encore plus criants pour les startups, dont seulement 21 % ont été fondées par des équipes féminines. Le plan prévoit donc de développer un programme « Une entrepreneure, une mentor », qui permettra aux créatrices d’entreprises d’être suivies gratuitement en ligne par une ou un mentor pendant un à deux ans.

« La direction générale des entreprises et le service des droits des femmes et de l’égalité de l’Etat se chargeront de la mise en œuvre de cette mesure, en lien avec les associations et les réseaux d’entrepreneurs existants. Le délai de mise en œuvre de cette mesure est fixé à 2024 », précise à Emplois Numériques le ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances. Les écarts de représentation entre les femmes et les hommes parmi les créateurs et les repreneurs d’entreprises seront également mesurés. Les causes, notamment financières, de ces écarts seront examinées grâce à un baromètre annuel de l’entreprenariat féminin, dont la première publication est prévue pour le dernier trimestre 2023.

Pour renforcer la place des femmes dans l’économie numérique, le plan propose de développer les dispositifs d’accélérateurs et d’accompagnement à l’entreprenariat féminin, notamment en étendant sur le territoire les dispositifs tels que Willa Go, actuellement présent en Île-de-France. Il prévoit aussi un accompagnement des femmes, notamment par le mentorat, dans la reprise d’entreprises ayant un projet de numérisation et de transition environnementale.

Le plan va par ailleurs diversifier les opportunités par le recours à la formation professionnelle et au mentorat en proposant systématiquement l’évaluation PIX aux personnes au chômage, au chômage partiel ou en parcours de formation. Dans la fonction publique, il veut simplifier les passerelles vers les filières techniques, numériques et écologiques notamment grâce aux périodes d’immersion.

Accroître la mixité dans les filières du numérique

Le quatrième axe, « culture de l’égalité », a notamment pour objectif d’agir pour davantage de mixité dans les filières d’avenir comme les filières STIM – Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques – et numériques. En effet, les femmes ne constituent que 30 % des effectifs des écoles d’ingénieurs et, selon une enquête menée en 2021 par l’Epitech et Ipsos, à peine 33 % des filles sont encouragées par leurs parents à s’orienter vers les métiers du numérique, contre 61 % pour les garçons.

Pour renforcer l’attractivité de ces filières, le gouvernement va soutenir la création d’un forum annuel consacrée à l’orientation des filles dans les filières STIM et déployer cette année une campagne multimédia de sensibilisation et d’information interministérielle, afin de toucher les jeunes, les parents et les professeurs, ainsi que les entreprises.  

Afin d’augmenter de façon significative le nombre de femmes dans les formations au numérique, il va apporter un accompagnement global à 10 000 jeunes femmes désirant poursuivre des études supérieures dans ces filières en agissant sur l’ensemble des freins identifiés : ressources financières, confiance en soi, réseaux. « 10 000, parce que c’est le nombre de postes non pourvus chaque année à la sortie des écoles d’ingénieurs et il s’agit aussi d’un cap symbolique, confie le ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances. Cette mesure, qui sera mise en oeuvre dès la rentrée 2023, sera portée à l’Etat avec le concours des associations pour ce qui relève du soutien moral – coaching et mentorat. »

Faire évoluer la carte des formations

Une plateforme nationale d’expert(e)s, rôles modèles et potentiel(le)s intervenant(e)s sera également créée d’ici à la fin 2023 pour permettre la mise en relation écoles/entreprises et l’organisation de rencontres avec les élèves de collège dans le cadre des actions d’orientation et de découverte des métiers. Elle centralisera des actions déjà existantes menées par les associations.

La carte des formations va être adaptée pour faciliter la mixité et, en particulier, transformer certaines formations tertiaires vers la filière du numérique. « Une concertation Etat-Région aura lieu pour revoir la carte des formations professionnelles, afin que les propositions de formations soient pertinentes en fonction des besoins en compétences et des métiers de demain. Il est difficile d’identifier clairement les formations concernées mais la transformation de certaines d’entre elles comportera du numérique, explique le ministère. Les concertations débuteront prochainement mais c’est un travail de longue haleine dont il faut saisir l’impact global à la fois sur l’existant et sur les bénéfices attendus pour le marché de l’emploi et pour l’orientation des filles et des garçons. La voie professionnelle doit progresser et mieux accompagner les jeunes vers l’emploi. Des cofinancements seront notamment apportés par France 2030 avec son fonds « Compétences et métiers d’avenir » ».

Le plan prévoit par ailleurs la mise en place d’objectifs cibles de mixité dans les enseignements de spécialité maths et physique-chimie en première, ainsi que l’option « maths expertes » en terminale. Enfin, une plateforme créant le lien entre établissements scolaires et réseaux professionnels, notamment féminins, sera développée.

Pilotage et suivi du plan

Le Comité interministériel à l’égalité entre les femmes et les hommes, sous l’autorité de la Première ministre, se réunira chaque année pour suivre l’avancement de ce plan. C’est la ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Egalité des chances, qui pilote et coordonne la mise en oeuvre des actions prévues. Ses services sont chargés de suivre le déploiement des actions portées par tous les ministères concernés.

La déclinaison du plan sur l’ensemble des territoires s’appuie notamment sur le réseau déconcentré aux droits des femmes et à l’égalité. Un bilan de la mise en oeuvre du plan sera communiqué aux délégations parlementaires aux droits des femmes ainsi qu’au Haut Conseil à l’égalité.

Femmes@Numérique salut l’initiative

Emplois Numériques a demandé à Corinne Dajon, présidente de l’association Femmes@Numérique, et Henri d’Agrain, président de la Fondation Femmes@Numérique, leur réaction face à ce vaste plan. « Au cours de ces cinq années d’activités depuis la création de Femmes@Numérique, nous avons acquis une conviction : sans la mobilisation de la puissance publique, toutes nos actions, et même les plus impactantes d’entre elles, resteront sans effet à l’échelle de notre pays et dans la durée, ont-ils répondu. Nous l’avons réaffirmé à l’occasion des 1ères assises nationales de la féminisation des métiers et filières du numérique : nous savons que toute l’énergie et toute l’intelligence déployées par le mouvement associatif ne seront pas suffisantes, que nous ne parviendrons pas, sans le soutien puissant et structuré de l’Etat, à transformer en profondeur la représentation genrée des métiers du numérique. Nous ne pouvons donc que saluer l’initiative de l’Etat, au sein du Plan Egalité 2023-2027, de rassembler les mesures qui ouvrent le champs des possibles vers une politique publique ferme, audacieuse et ambitieuse en matière d’orientation et de formation aux métiers d’avenir, à la condition qu’elle soit menée conjointement avec le monde associatif, économique, de la formation et de la reconversion et qu’elle fasse l’objet d’une planification et d’une budgétisation suffisante. Femmes@Numérique et ses partenaires soutiendront la réflexion et la mise en œuvre de toutes les politiques publiques qui iront dans ce sens ».

 

Patricia Dreidemy