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Femmes@Numérique en appelle à la puissance publique pour amplifier son action

Il y a urgence car la Fondation Femmes@Numérique ne dispose pas d’un budget suffisant pour faire passer ses actions à l’échelle, nous a confié Henri d’Agrain, son président, à l’occasion jeudi dernier des premières Assises nationales de la féminisation des métiers et filières numériques.

« La Fondation bénéficie d’un budget de 220 000 euros par an avec un engagement de ses 42 entreprises mécènes sur cinq ans, a-t-il confié à Solutions Numériques – Emplois Numériques. Le collectif Femmes@Numérique va fêter ses cinq ans le 27 juin prochain et cet investissement va être renouvelé. Néanmoins, toucher toutes les jeunes filles du pays, depuis le primaire jusqu’aux études supérieures, ainsi que leurs familles et les éducateurs, est impossible.
Or, il existe un instrument de mutualisation lorsqu’on est confronté à un problème : l’Etat, les finances publiques. Nous demandons donc à l’Etat de flécher les moyens pour renforcer et travailler à l’échelle la féminisation des métiers du numérique. Avec les financements de la Fondation, nous faisons émerger les idées. Maintenant, il faut les faire passer à l’échelle et c’est à L’Etat de le faire. Dès lors qu’il s’engagera à financer nos actions, nous l’accompagnerons avec nos entreprises et nos adhérents ».

Un plaidoyer et une proposition de loi de programmation

Henri d’Agrain et Corinne Dajon, présidente de l’association Femmes@Numérique, ont mis à profit les Assises qui ont réuni plus de 360 personnes à Bercy pour remettre à Jean-Noël Barrot un plaidoyer pour activer les leviers de féminisation des métiers du numérique.

Elaboré en collectif avec le Cigref, le Collectif Math&Sciences, le Cercle InterElles, WoGiTech, Femmes@Numérique, Numeum, la Société Informatique de France, Social Builder et Talents Du Numérique, il est assorti de quatorze mesures structurantes réparties en quatre axes, auxquelles s’ajoute une proposition phare de planification.

« Il s’agit d’inscrire à l’agenda politique une loi de programmation pluriannuelle d’orientation des compétences, dont l’ambition sera de mettre en cohérence les objectifs de création des compétences nécessaires pour réussir le plan France 2030 avec les moyens budgétaires indispensables pour y parvenir, explique Henri d’Agrain. Cette loi de programmation devra garantir des modalités de financements, en particulier pour des actions d’orientation et de sensibilisation aux formations et métiers du numérique pour les femmes ».

Un observatoire fédératif

La première proposition de l’axe 1 du plaidoyer fait référence à l’objectif de coordonner toutes les actions au niveau national . « Il faut arrêter la « léopardisation » de notre écosystème et concentrer les efforts », nous a souligné à cet égard Henri d’Agrain. Il sera donc nécessaire de prévoir dès le départ d’assurer un suivi régulier et une méthodologie transparente et publique de mesure d’impact développée en lien avec une équipe de recherche spécialisée sur le sujet du genre.

Pour répondre à cet enjeu, Femmes@Numérique initie une démarche de co-construction d’un observatoire de la féminisation des métiers du numérique. « Nous entamons cette démarche avec un groupe restreint d’acteurs pour le moment, et j’espère que ce groupe va s’élargir avec vous, a déclaré Peggy Vicomte, déléguée générale de l’association Femmes@Numérique devant l’auditoire des Assises. Il ne s’agit pas de créer un nouvel outil mais au contraire, d’agir avec les outils existants, à partir de données qui sont sous-exploitées et sous-analysées aujourd’hui. Cela, afin d’orienter les politiques publiques, les initiatives privées, les projets associatifs et de guider les financements privés et publics vers des leviers stratégiques », a-t-elle ajouté.

Henri d’Agrain a par ailleurs annoncé à la fin de la journée de conférences que les premières Assises régionales pour la féminisation des métiers et de la filière numériques seraient organisées en Occitanie, à Montpellier, les 25 et 26 mai prochains en partenariat avec l’association la Mêlée.

 

Patricia Dreidemy