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La France investira 300 M€ dans un PIIEC européen consacré au Cloud

12 états européens, dont la France, ont notifié le 8 février 2022 à la Commission européenne leur désir de lancer en 2022 un Projet Important d’Intérêt Européen Commun (PIIEC) pour aider au développement d’un Cloud souverain. La France prévoit d’y investir à elle seule 300 millions d’euros sur une enveloppe totale estimée à 7 Md€.

Les 12 états (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Hongrie, Italie, Lettonie, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne, Slovénie et République Tchèque) élaborent depuis 2021, avec le support de la Commission européenne, ce projet de soutien industriel au développement de technologies Cloud et Edge Computing en Europe. Ils prévoient de le financer avec une enveloppe estimée à 7 milliards d’euros qui sera composée de financements publics et privés.

C’est à la fois beaucoup et peu au regard des investissements massifs réalisés depuis des années par les Gamma (Google, Amazon, Microsoft, Meta et Apple) pour construire des infrastructures et des services Cloud. Mais les autorités françaises et européennes se disent confiantes dans le succès de ce projet de financement ambitieux en faveur d’un Cloud européen.

« Les PIIEC fonctionnent. Cela a été le cas pour les batteries électriques : ce sont des usines qui ouvrent. Ce sont des emplois qui se créent. C’est de la richesse qui se développe en Europe. Cela va également être un succès sur le cloud ! », a déclaré le 7 février Bruno Le Maire, ministre français de l’Economie et des Finances, lors de conférence « Construire la souveraineté numérique de l’Europe » organisé par la France dans le cadre du début de sa présidence de l’Europe. « J’ai annoncé aujourd’hui que la France va investir 300 millions d’euros sur le PIIEC Cloud. 11 autres Etats membres vont y participer. Et notre ambition, c’est que ce PIIEC sur le cloud puisse être pré-notifié au plus tard d’ici le printemps 2022, c’est-à-dire d’ici quelques semaines. Cela va nous permettre d’avoir enfin un stockage de données qui soit véritablement souverain ».

Quel rôle pourrait jouer Gaia-X dans ce Piec consacré à la création d’un Cloud souverain européen ?

S’il est validé par le Parlement européen, cet été probablement, ce premier PIIEC consacré au Numérique aidera à soutenir la croissance des marchés du Cloud et de l’Edge Computing en Europe. Et notamment dans des secteurs comme le numérique, la santé, l’énergie, l’automobile ou l’industrie 4.0. Plus de 60 projets impliquant 180 entreprises européennes seront financés par ces 12 états et la Commission. Les ministres ou commissaires européens présents n’ont pas encore donné davantage de détails. Mais curieusement, aucun d’entre eux n’a évoqué le rôle que pourrait jouer Gaia-X, un consortium franco-allemand dédié au Cloud, dans ce futur Piec consacré à la création d’un Cloud souverain européen.

« L’Europe s’est trop longtemps interdit d’accorder des aides aux projets innovants »

Bruno Le Maire estime que le lancement de nouveaux outils d’accompagnement comme les PIEC constituent une vraie révolution politique. Le ministre français de l’Economie et des Finances regrette que « l’Europe se soit trop longtemps interdit d’accorder des aides aux projets innovants, car non conformes selon elle aux dogmes de la concurrence du marché, alors que la Chine et les Etats-Unis le font depuis longtemps ».

Intervenant lui aussi à Paris lors de cette conférence « Construire la souveraineté numérique de l’Europe », Michel Paulin, le directeur général d’OVHcloud, s’est félicité lui aussi des mesures de l’Europe en faveur de la création d’un Cloud souverain : « Ces mesures ne sont pas uniquement du patriotisme ou du protectionnisme économiques. Le Cloud ne pourra se développer en Europe que si la confiance est rétablie avec les utilisateurs, et que s’ils ont la liberté de choisir et de maîtriser leurs destins ».

« L’Europe montre qu’elle est capable de façonner sa 3e voie dans le Numérique »

Cédric O, secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, s’est également félicité du récent lancement du Digital Service Act (DSA) et du Digital Market Act (DMA), deux nouvelles lois européennes qui vont mieux encadrer, dès 2022, les agissements des grands plateformes du Numérique et des réseaux sociaux. « L’Europe montre qu’elle est capable de façonner sa 3e voie dans le Numérique avec des textes de lois forts comme le RGPD, la DMA, le DSA, etc » a-t-il déclaré le 7 février.