Alors que la France a du retard dans l’utilisation de l’IA et lance “Osez l’IA“, l’Inria vient de publier un rapport sur le Shadow IA. Ces pratiques informelles, de manière paradoxale, permettent d’accélérer l’utilisation et les performances des collaborateurs et entreprises.
“Seuls 20 % des projets d’IA pilotés “par le haut” sont industrialisés, les pratiques informelles se développent car elles répondent à des besoins concrets et semblent favoriser l’autonomie, l’ efficacité et la créativité des collaborateurs” expliquent Yann Ferguson, Directeur de Recherches à l’Inria – LaborIA et le Club Datacraft composé de plus de 600 chercheurs et grandes entreprises).
Selon l’étude seuls 9 % des salariés déclarent que leur entreprise met les outils IA à leur disposition, et près de la moitié (49 %) affirment que leur organisation n’a pas l’intention de le faire. Le Shadow IA se développe alors pour répondre directement aux besoins des collaborateurs hors des contrôles de l’entreprise. “ChatGPT a en effet bondi directement à la première place des applications non autorisées (shadow IT), détrônant LinkedIn Business Solutions, numéro 1 les deux années précédentes. En 2024, Productiv note toutefois que l’usage global des licences ChatGPT officiellement approuvées reste faible : malgré l’intérêt manifeste des employés démontré par le recours au Shadow IT, l’IT peine à obtenir l’adoption formelle des licences“.
L’IA est un moteur pour les employés
Bien que le Shadow AI soit un risque pour l’entreprise, il est également un accélérateur de développement. Il donne l’opportunité “d’identifier des usages métiers pertinents, d’engager un dialogue interfonctionnel (DSI, RH, métiers…), de transformer des pratiques diffuses en intelligence collective“. Comment faire pour libérer les opportunités avec l’IA ? Le précieux rapport apporte plusieurs recommandations et des ressources précieuses pour passer à l’action.
Les chercheurs préconisent de :
1.Négocier collectivement la sortie du Shadow AI: Onze actions sont détaillées autour
de trois objectifs: piloter, partager, sécuriser.
2. Mener des ateliers pour co-définir la qualité du travail avec l’IA: Mettre en discussion les transformations du travail liées à l’IA, en faisant émerger des critères partagés de
qualité, au lieu de se limiter à des normes techniques ou des règles descendantes.
3.D’élaborer un cadre de confiance co-construit: Construire une régulation des usages de
l’IA générative qui combine clarté, adaptabilité et légitimité sociale des usages.
4. De définir une formation “holistique” à l’IA: Engager une montée en compétences au delà des seuls savoir-faire techniques, en formant des professionnels capables d’un
usage critique, réfléchi et responsable de l’IA.
Ce rapport fournit des ressources clés pour transformer le Shadow AI d’un risque potentiel en véritable moteur d’innovations.
