En cette période de fin d’année fleurissent les communiqués de presse de prédictions pour 2015, les CEO de l’IT se muant le temps de l’exercice en gourous de la technologie. Bien entendu, il s’agit davantage de marketing subliminal que de science-fiction et l’avenir annoncé dépeint systématiquement la croissance triomphale du secteur technologique de l’auteur du communiqué. Tels les éditeurs de solutions de sécurité prévoyant l’explosion des malwares.
Pour respecter les règles du genre, les prévisions sont basées sur des chiffres qui les légitiment, issus de grands cabinets d’études. Et comment ne pas être confondus d’admiration devant les prévisions, parfois à la virgule près, de ces voyants-ou visionnaires? “D’ici 2018, les achats via mobiles et tablettes en Europe atteindront 142 milliards d’euros (respectivement 28,2 milliards pour les mobiles et 113,3 milliards pour les tablettes)” vient par exemple d’annoncer Forrester. Remarquez l’emploi affirmatif du futur… Mais qui penserait même à vérifier la réalisation de ces annonces dans 4 ans ?
Un secteur cependant a fait de la prévision une science. Le décisionnel a comme objectif ultime la prédictibilité. Le Chief Data Officer ou l’Architecte Data bénéficient d’ailleurs des salaires parmi les plus élevés (voir page suivante). La qualité des algorithmes, alliée au progrès de la génétique, permettra même, dans le domaine de la santé, une médecine de prédiction : on traitera les maladies avant qu’elles se manifestent.
Mesurer l’avenir, anticiper avec précision les résultats de 2015, est le rêve de chacun et le Graal des dirigeants. Mais seuls le présent et le passé peuvent être analysés, la connaissance certaine du futur restant du ressort de la magie.
Et ne faut-il pas laisser sa chance à une part d’incertitude ? Héraclite l’avait dit :
“Si tu n’espères pas l’inespéré, tu ne le trouveras pas”.
Jean Kaminsky – Directeur de la publication
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