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Un marché toujours favorable aux cadres informatiques

Sur un marché de l’emploi hypertendu, les informaticiens sont confiants, tandis que les entreprises estiment qu’ils sont les plus difficiles à recruter parmi les cadres. Certaines régions leur tendent les bras.

84 % des entreprises estiment qu’au dernier trimestre de cette année, les recrutements vont être difficiles (+6 points en six mois, voire très difficiles pour 38 % de l’ensemble des entreprises interrogées, + 9 points en six mois). Elles ont été consultées en septembre pour le baromètre Apec du 4e trimestre 2022, qui vient d’être publié. Les difficultés à attirer des candidats et des candidates représente un enjeu quotidien pour les entreprises, en particulier pour les métiers technologiques où les compétences sont rares par rapport à la demande et les tensions structurelles.

Les informaticiens optimistes

C’est donc en toute logique que 66 % des cadres de l’informatique estiment qu’il leur sera facile de trouver un nouvel emploi équivalent à leur poste actuel s’ils devaient quitter leur entreprise, contre 53 % de l’ensemble des cadres. L’optimisme des informaticiens est particulièrement prégnant dans les régions disposant d’une métropole (Lyon, Marseille, Montpellier, Paris…) qui concentre les activités informatiques à forte valeur ajoutée. Le salaire médian d’un cadre de l’informatique est de 52 K€ bruts, variable compris en 2021, 80% des cadres gagnant entre 37 et 83 K€ bruts.

« Les difficultés de recrutement sont notamment liées à la dynamique du marché : il s’est arrêté au début de la pandémie, puis la reprise a été très rapide, explique Gaël Bouron, responsable adjoint des études de l’Apec. Les difficultés sont massives sur les métiers à forte expertise technique, comme développeur, cela devient très compliqué. Il n’y a pas assez de candidats et une inadéquation des compétences recherchées par rapport aux compétences disponibles sur le marché »

Laetitia Niaudeau, directrice générale adjointe de l’Apec et Gaël Bouron, responsable adjoint des études de l’Apec. Crédit : Christine Calais

Le top 5 des métiers de l’IT

Sans surprise le poste de développeur arrive en tête des métiers avec le plus d’offres d’emploi cadres au 1er semestre 2022 sur le site de l’Apec. Il devance, dans l’ordre, les métiers de chef.fe de projet informatique, d’ingénieur.e en études développement informatique, d’ingénieur.e système et de chef.fe de projet agile.

L’informatique, moteur de l’emploi cadre en France

Rappelons qu’en 2021 59 000 embauches de cadres ont été réalisées dans la fonction informatique, soit un niveau jamais atteint par le passé. La même année, la France comptait 608 100 cadres informatiques. Ce seuil de recrutement devrait à nouveau être franchi en 2022, confortant l’informatique comme première fonction recruteuse de cadres et véritable moteur de l’emploi cadre hexagonal. Le secteur des activités informatiques représenterait, à lui seul, 80% des 59 200 recrutements de cadres informaticiens prévus en 2022.

Sur l’ensemble de l’année 2022, les recrutements dans les métiers informatiques sont anticipés comme difficiles à 67 %, soit le chiffre le plus élevé par rapport à une moyenne de 51 % pour les embauches de cadres.

 

Le Nord, l’Ouest et le Sud ont le plus de difficultés à recruter

Il existe toutefois de fortes disparités régionales. Le taux de difficulté anticipé de recrutement de cadres informatiques pour l’ensemble de 2022 est le plus élevé dans 4 régions, dépassant la moyenne nationale de 67 % : Hauts-de-France (86 %), Bretagne (83 %), Paca et Corse (80 %), l’Occitanie (80 %) ou encore les Pays de la Loire (74 %). Ces territoires ont en commun de polariser de nombreuses entreprises de service du numérique (ESN), de nombreux éditeurs de logiciels ou encore des cabinets de conseil en technologie qui se livrent une vive concurrence sur le marché de l’emploi cadre.

Les Hauts-de-France ont du mal à rivaliser en salaire avec l’Ile-de-France

Dans les Hauts-de-France, 20 % des embauches de cadres prévues en 2022 concernent l’informatique, alors que cette fonction ne concerne que 13 % des 243.200 cadres en poste en 2021. Fortement sollicitées pour accompagner les transformations numériques des acteurs économiques, les entreprises régionales de services du numérique (ESN) sont en concurrence avec celles situées en Île-de-France, lorsqu’elles cherchent à recruter. Elles ont du mal à rivaliser en matière de rémunération avec leurs consœurs franciliennes, ce qui rend complexe certains processus de recrutement.

En Bretagne, Rennes, principale aire métropolitaine, se singularise par la forte présence d’activités informatiques et notamment d’un pôle d’excellence en cybersécurité. 26 % des recrutements de cadres prévus en 2022 concernent des informaticiens, alors qu’ils ne représentent que 16 % des 127.900 cadres en poste (2021).

En Paca et Corse, 19 % des 18 000 recrutements cadres prévus cette année ont pour objet la fonction informatique. 14 % des 228 900 cadres en poste en 2021 occupaient cette fonction. Les entreprises de services du numérique (ESN), présentes en nombre sur les zones d’Aix-en-Provence et d’Antibes, sont particulièrement exposées aux difficultés à embaucher.

En Occitanie, qui compte deux grandes aires métropolitaines avec Toulouse et Montpellier, 21 % des 15 700 recrutements de cadres prévus cette année concernent l’informatique. 19 % des 283 400 cadres en poste en 2021 occupaient une fonction informatique.

L’écosystème IT nantais en tension

12 500 recrutements de cadres sont prévus en région Pays de la Loire en 2022, dont un quart en informatique. En 2021, 17 % des 193 900 cadres en poste travaillaient dans l’informatique. Les tensions sont dues à la transformation numérique qui irrigue de nombreux secteurs, mais également à la vitalité du tissu économique nantais qui prend appui sur un écosystème tourné vers les activités informatiques.

Il faut donc s’armer de courage et d’une stratégie de recrutement à la fois ouverte à différents viviers de compétences, et flexible au niveau des salaires, commme l’explique Laetitia Niaudeau, directrice générale adjointe de l’Apec.

 

Christine Calais