Avec ses cours en téléprésentiel, O’Clock permet à des demandeurs d’emploi et des personnes vivant en zone rurale de devenir développeur. Entretien avec Dario Spagnolo, Pdg de la start-up qui vient de lever 4 ME.
« Nous voulons démocratiser le développement des compétences numériques, en rendant les formations accessibles au plus grand nombre », explique à Solutions Numériques Dario Spagnolo, Pdg, qui a cofondé l’entreprise en 2016. Son activité de formation à distance a été lancée en 2017 après un an de préparation. O’Clock a formé 2600 développeurs depuis lors, dont 27% de femmes, alors qu’elles sont moins de 10% aujourd’hui à travailler dans les métiers techniques du numérique. Son rythme de croisière actuel est de former 1.000 développeurs par an.
Label Grande école du numérique
O’Clock est labellisé Grande école du numérique. Ce label est décerné à des formations aux métiers du numérique proposant des méthodes pédagogiques innovantes et s’adressant en priorité à des personnes en difficulté d’insertion. Les personnes formées par O’Clock sont à 60% des demandeurs d’emploi, et à 60% des personnes éloignées des grandes villes. Il y a aussi des salariés en reconversion. Le programme Integrally forme aussi des personnes en situation de handicap au métier d’intégrateur web, en partenariat avec Tanaguru.
10 salariés sont chargés d’aider les apprenants à obtenir des financements pour leur formation, sachant qu’il existe plus d’une trentaine d’aides différentes. 5 autres sont dédiés au suivi du parcours de ses apprenants jusqu’à 12 mois après la fin de leur formation. 70% d’entre eux trouvent un métier de développeur ou dans le numérique, la plupart avant 6 mois, ou accèdent à une formation de niveau supérieur dans le numérique.
Classes virtuelles et dynamique de groupe
Les apprenants suivent de 9 h à 15 h leur formation en téléprésentiel. Puis ils travaillent encore 2 heures par jour en asynchrone sur des « challenges », travaux individuels ou en groupe.
Avant la crise sanitaire qui a popularisé ce format téléprésentiel, O’Clock le proposait donc déjà, avec une classe virtuelle de 20 à 25 apprenants, un formateur dédié et un tuteur pédagogique. Celui-ci s’occupe du suivi individuel des élèves de deux classes. « Nous avons choisi ce format, tandis que d’autres organismes de formation l’ont subi au printemps 2020, fait remarquer Dario Spagnolo. Le téléprésentiel permet de conserver la dynamique de groupe, tout en dématérialisant la salle de classe. Nous avons un taux d’engagement de 97%. Autrement dit, il n’y a que 3% d’abandon de formation. »
Aujourd’hui, O’Clock propose des formations de 1 à 6 mois en développement web et Fullstack JavaScript. Les plus longues, 735 heures sur 6 mois, coûtent 7.000 euros et débouchent sur un titre professionnel reconnu par l’Etat niveau 5 (équivalent bac+2). Le dernier mois de ces formations est réalisé en mode projet, chaque apprenant ayant un rôle dédié (chef de projet, lead développeur…). D’autres formations au développement sont aussi offertes. Une formation en alternance (2 jours de cours/3 jours en entreprise) permet après 16 mois d’obtenir le titre professionnel de concepteur-développeur d’applications niveau 6 (équivalent Bac+3/4), en partenariat avec le centre de formation des apprentis (CFA) Afia, spécialisé dans le numérique.
En cours et en chaussons
Les cours se déroulent sur l’outil maison, la solution de classe virtuelle Slippers (chaussons en français). Pour M. Spagnolo, « l’ergonomie est faite pour prolonger l’attention et l’engagement, et limiter la charge cognitive, en misant sur les échanges écrits : à l’écran, on voit le formateur et le chat, pas les apprenants. » O’Clock souhaite commercialiser cet outil SaaS auprès d’autres organismes de formation à partir de 2022.
Levée de fonds de 4 millions d’euros
O’Clock a levé récemment 4 millions d’euros auprès de 5 investisseurs : les fonds à impacts Educapital dédié au futur de l’éducation et de la formation, et Ring Mission, qui investit dans les start-up à enjeu social ou environnemental, BpiFrance, BNP Paribas et Caisse d’Epargne. « Nous sommes rentables depuis 2019, avec un chiffre d’affaires 2020 de 5 ME et 2021 estimé à 7 ME, indique le Pdg de la jeune pousse. L’objectif est une croissance de chiffre d’affaires de 40% à 50% par an dans les prochaines années. Notre but est aussi de diversifier les formations à d’autres métiers du numériques, en data science et en cybersécurité, et d’augmenter le nombre de places disponibles dans nos formations. Nous allons recruter plus de 100 personnes en un an, dont une majorité de formateurs. Nous employons aujourd’hui 140 salariés, dont la moitié sont des formateurs. Avoir des formateurs salariés participe à l’unité pédagogique. »
Christine Calais
Cockpit_slippers.jpg/O’Clock : la classe virtuelle dans Slippers
