AVIS D’EXPERT – Le monde du travail est en pleine mutation et la fréquence à laquelle les collaborateurs sont attendus au bureau évolue en fonction des souhaits des dirigeants d’entreprise. Pour Gérard Lavin, directeur de la technologie pour la région EMEA chez Citrix, unité commerciale du Cloud Software Group, il incombe aux DSI de montrer la voie en anticipant la prochaine vague de changements,
Le rejet moderne du modèle de travail traditionnel, d’une semaine de cinq jours, sur site, de 9h à 17h, a des répercussions profondes et induit une revalorisation des immeubles de bureaux, fortement revue à la baisse. Le quartier d’affaires de la Défense en est le parfait exemple. Selon la directrice générale déléguée en charge de la recherche et des études à l’IEIF[1] Stéphanie Galiègue, l’indicateur du taux de vacance, mesurant le pourcentage de bureaux vides à louer, a bondi de 20,5 %. Contre cette désertion, des projets voient le jour, notamment grâce à l’installation de divers services et écoles, afin de redynamiser la zone.
Des situations équivalentes peuvent être identifiées dans le monde entier, même sur des lieux emblématiques tels que l’Empire State Building de New York ou le quartier d’affaires Canary Wharf à Londres. Selon McKinsey, 800 milliards de dollars pourraient être perdus, soit environ un quart de la valeur totale des immeubles de bureaux. Une situation qui pourrait potentiellement s’aggraver si les taux d’intérêt élevés persistent. Pourtant, en parallèle, les espaces de coworking bénéficient d’un rebond.
Des espaces de travail repensés pour des bureaux intelligents
L’attrait du travail hybride et la menace que représentent les espaces de coworking incitent les propriétaires d’immeubles à concevoir des bâtiments flexibles. Il est possible d’agrandir des espaces de réunion, au détriment d’espaces de travail fixes et des cabines individuelles, de moins en moins nécessaires. Ces bureaux intelligents, développés par des entreprises visionnaires, visent à améliorer l’environnement de travail des collaborateurs. Ils sont notamment accompagnés de services de réservation et de systèmes d’agenda simplifiant l’organisation de réunions sur site.
Aujourd’hui, les DSI ont l’habitude d’envisager des options de mobilité sur plusieurs sites, mais il est également de leur responsabilité de réfléchir à la mobilité à l’intérieur des bureaux, en fournissant des réseaux et des espaces de travail adaptés au nouveau monde du travail. La gestion des flottes d’appareils d’utilisateurs, la configuration des réseaux et l’analyse du trafic doivent évoluer pour préparer un avenir où la performance, la sécurité, la disponibilité et la capacité des réseaux seront uniformes pour tous les collaborateurs, où qu’ils se trouvent.
Les DSI face à l’organisation mouvante du travail
Les RH, les DSI et d’autres départements devront travailler en bonne intelligence pour répondre aux besoins des collaborateurs en matière de systèmes et d’outils favorisant leur efficacité au travail, tout en veillant à leur bien être professionnel.
Un point est certain : le futur du travail repose sur la création d’organisations où les collaborateurs disposent de tous les outils essentiels pour exceller dans leurs missions et sont encouragés à une collaboration significative avec leurs collègues, leurs partenaires et leurs clients, dans le monde entier. La création d’une telle structure organisationnelle et de politiques internes pour la soutenir est cruciale pour attirer, motiver et retenir les meilleurs talents tout en favorisant une dynamique collective vertueuse.
Les DSI ont définitivement un rôle clé à jouer dans cette démarche. Durant l’ère du Covid, ils ont contribué à accroître la productivité des collaborateurs à distance en développant divers outils de conférence. Aujourd’hui, il est impératif que ces évolutions perdurent afin de soutenir les collaborateurs qui ont adopté le modèle de travail hybride.
Pour tirer le meilleur parti du nouveau monde du travail, il est essentiel d’établir un véritable dialogue basé sur un échange de points de vue pragmatique. Par exemple, de nombreux collaborateurs soulignent le fait que la réduction des déplacements fait économiser non seulement du temps, mais également de l’argent.
Les entreprises doivent à présent justifier de la nécessité de réunir les collaborateurs au bureau. En effet, même Zoom demande à certains de ses collaborateurs de revenir au bureau dans le cadre de ce qu’elle appelle une « approche hybride structurée ». Les départements SI doivent anticiper ce changement et accepter la sagesse selon laquelle, si le changement est difficile, l’absence de changement le sera encore plus.
Gérard Lavin
[1] IEIF : Institut de l’épargne immobilière et foncière
