Accenture annonce le 11 mai l’acquisition de Linkbynet, un important prestataire IT français spécialisé dans l’infogérance, les services IT managés et le cloud. Ce nouveau rachat, le 3e en France de la société de conseil et d’intégration IT américaine, doit renforcer sa nouvelle stratégie « Cloud First ». Pourquoi Linkbynet n’a-t-il pas choisi un acquéreur français ou européen ?
C’est finalement Accenture, une très grande société de conseil et d’intégration américaine, qui rachète le très convoité Linkbynet, un important prestataire IT français spécialisé dans l’infogérance, les services IT managés et le cloud.
Fondé en 2000 et basé à Saint-Denis (93), Linkbynet a réalisé un chiffre d’affaires proche de 63 M€ en 2019 et de 100 M€ en 2020. C’est une très belle acquisition pour Accenture de part ses compétences reconnues et l’implantation de ses 900 collaborateurs en France et à l’international (Belgique, Canada, Chine, France, Luxembourg, Ile Maurice, Singapour et Vietnam). L’ESN revendique quelques 400 certifications décrochées auprès des principaux fournisseurs de services cloud tels qu’Alibaba, Amazon, Google et Microsoft, etc.
Renforcer les capacités mondiales d’Accenture Cloud First
Le rachat de Linkbynet renforce, à nouveau, la stratégie « Cloud First » annoncée il y a quelques mois par la société de conseil américaine. Soutenu par un investissement de 3 milliards de dollars sur trois ans, l’entité Accenture Cloud First se positionne comme une ESN de 70 000 professionnels plus focalisés sur le cloud et ses différents modèles d’abonnement. Rappelons qu’Accenture emploie 537 000 collaborateurs dans le monde
« L’acquisition de Linkbynet sera une nouvelle étape stratégique dans le renforcement des capacités d’Accenture Cloud First » a déclaré Karthik Narain, responsable d’Accenture Cloud First au niveau mondial. « L’équipe de Linkbynet apporterait une expertise approfondie en matière de cloud et d’ingénierie, de services managés, d’outils technologiques sophistiqués ainsi que des compétences dans la cybersécurité liée au cloud. ».
Accenture a multiplié les acquisitions pour construire sa nouvelle stratégie Cloud First
A l’instar de plusieurs autres grandes SSII mondiales, Accenture a réalisé beaucoup d’acquisitions au cours des 24 derniers mois afin de développer élargir ses capacités en matière de services cloud. Il s’agit notamment en France de l’acquisition de Gekko en juin 2020 et Cirruseo en juin 2019 et plus récemment en Europe de l’acquisition d’Edenhouse (Royaume-Uni), Infinity Works (Royaume-Uni) et Cygni (Suède).
Au cours de son exercice fiscal 2020, Accenture a investi près de 1,5 milliards de dollars US au niveau mondial dans le cadre de 34 acquisitions afin d’acquérir des compétences et des capacités essentielles dans les domaines stratégiques et à forte croissance du marché (Cloud, sécurité, IOT, etc.). Et ce n’est sans doute pas terminé, car Accenture veut intensifier sa position dans de nombreux autres pays où le cloud décolle.
Pourquoi Linkbynet n’a-t-il pas choisi un acquéreur français ou européen ?
C’est effectivement la question que l’on peut se poser. Car Patrick et Stéphane Aisenberg, les deux cofondateurs de Linkbynet, reçoivent plusieurs « manifestations d’intérêts » par mois depuis des années. Alors pourquoi avoir retenu finalement l’offre de l’ESN américaine Accenture en 2021, certainement fort généreuse, et pas celle de l’une de ses concurrentes françaises ou européennes ? Ce n’est pas les très grandes SSII qui manquent dans ce pays (Atos, Capgemini, etc.).
Stéphane Aisenberg nous a fourni la réponse : « Nous avons trouvé un sincère alignement entre les enjeux d’Accenture et notre propre ADN. A aucun moment depuis des années nous avons ressenti un tel matching avec un industriel de notre secteur« . Si le projet devait aller à son terme, les deux cofondateurs de Linkbynet resteraient dans le groupe, au moins 3 ans, pour accompagner cette intégration.
Rappelons que Patrick et Stéphane Aisenberg ont toujours porté et incarné une vision forte de l’expertise française dans l’IT. Ils ont d’ailleurs déclaré lors de l’annonce : « Nous sommes fiers d’être l’un des premiers acteurs français du cloud et un pionnier des modèles qui combinent la transformation technologique (adoption du cloud), la sécurité et les services managés du cloud ».
Quand on voit l’acquisition, à nouveau, d’un grand acteur français des services IT et du Cloud par l’un des leaders américains du secteur, on peut se demander si la partie n’est pas pliée dans le cloud. Les ESN américaines et les Gafam seraient-ils devenus imbattables désormais ?
