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Freelance.com : « Les indépendants sont motivés par l’intérêt de la mission et la création de valeur »

Claude Tempe, vice-président de la plateforme freelance.com, dont 60 % des 370 000 consultants travaillent dans le numérique, voit le phénomène du freelancing prendre de l’ampleur, avec notamment la modification du rapport au travail des jeunes.

Comment analysez-vous le marché des freelances et plus particulièrement dans l’IT?

Claude Tempe, dirigeant de Freelance.com: Le statut de freelance est mieux connu aujourd’hui. Si pendant longtemps, beaucoup devenaient indépendants suite à un licenciement, certains ont trouvé des avantages au statut qui les incitent à le conserver: indépendance, liberté, choix du lieu de travail, moins de pression.

Le freelancing dans l’IT est ancien, par rapport à des métiers plus nouveaux avec ce statut, dans les RH et la finance. 

Un nouveau phénomène vient de jeunes qui ont un rapport au travail différent de leurs aînés et qui privilégient l’intérêt des projets au statut et au nom de l’entreprise. Ils construisent leur projet professionnel en étant indépendant. Dans l’IT, cela se traduit par réaliser des missions dans une startup ou une entreprise peu connue pour faire du deep learning, de la data science, de la business intelligence… au sein de projets où la personne crée de la valeur grâce à son expérience et ses compétences. Ils sont aussi moins ambitieux, moins attachés à la notion d’argent et de réussite. Ils souhaitent un meilleur compromis entre leur quantité de travail hebdomadaire et le temps personnel.

« Dans le secteur dynamique du numérique, des freelances créent des collectifs »

Un second phénomène se développe, surtout dans le digital, car c’est un secteur dynamique: la création de collectifs de freelances, qui s’entraident pour trouver des missions où travailler à plusieurs sur une mission qui nécessitent des compétences distinctes, recréer du lien social, travailler ensemble dans des espaces de coworking.

Par ailleur, le sentiment de risque est moins fort pour les indépendants du numérique que dans d’autres activités, car la demande est bien présente.

De leur côté, les seniors apprécient le freelancing car ils peuvent travailler de façon moins intense.

Nous remarquons enfin qu’il y a de plus en plus d’indépendants qui sont en reconversion dans un autre domaine que leur activité d’origine.

Comment appréhendez-vous les relations entre prestataires de services et indépendants?

Les ESN sont vus comme une prolongation de l’école où les jeunes ont été formés. Elles permettent de conforter ses compétences, développer son réseau. Ensuite, certaines jeunes passent indépendants. Ainsi, le principal problème des ESN n’est pas de recruter mais de fidéliser les jeunes. 

En outre, les cabinets de conseil en informatique renforcent leur expertise en faisant appel à des indépendants, quand le client leur demande des personnes expérimentées sur tel ou tel sujet. Certains clients ne signent de contrat qu’une fois le consultant connu.

Il y a également une certaine concurrence entre les ESN, qui offrent leurs garanties et leurs méthodes, et les freelances. Ceux-ci doivent ajuster leurs tarifs pour rester compétitif face aux ESN.

Comment se positionne la plateforme freelance.com aujourd’hui?

Notre mission est de simplifier la relation entre l’indépendant et l’entreprise cliente, de faciliter la négociation. Nous avons 370 000 freelances inscrits. Nous réalisons 800 ME de chiffre d’affaires. 15 000 freelances inscrits travaillent chaque jour, soit 15 000 équivalents temps plein par an. Les missions sont de 5 mois en moyenne. Certains consultants peuvent travailler sur deux missions en parallèle.

Nous proposons une offre de services assez large, avec notamment du portage salarial, pour avoir le meilleur des deux mondes, celui du salarié et de l’indépendant.

Nous prenons une commission d’intermédiation de 12 à 17%, un taux variable selon différents critères, dont la longueur de la mission. Les ESN prennent 20 à 25% de marge quand elles font appel à des indépendants.

Quelle part représente le numérique dans votre activité?

En 2020, nous avons acquis Inops, spécialisé dans le digital, ce qui a fait croître notre part dans ce domaine. Aujourd’hui, plus de 60% de nos consultants travaillent dans le digital, notamment dans le développement informatique, le marketing et l’expérience utilisateur (UX). Les missions sont plus longues dans le numérique, en moyenne elles durent 8 mois. Le taux de facturation démarre à 600 euros par jour, à 850 euros par jour pour un data scientist. Le taux journalier varie notamment selon le niveau d’expérience.

Votre mot de la fin?

Les freelances du digital construisent le monde du travail de demain, plus libre et moins ambitieux, où l’essentiel est de créer de la valeur grâce à ses compétences.