Accueil Infra-Datacenter Energie : les augmentations de prix des hébergeurs inquiètent les clients

Energie : les augmentations de prix des hébergeurs inquiètent les clients

Après Equinix, Interxion, OVHCloud, c’est au tour d’un autre hébergeur, Telehouse, d’augmenter ses prix en raison du coût élevé de l’énergie notamment. Les possibles coupures de courant aux industriels évoquées fin août par le Gouvernement inquiètent aussi les opérateurs de datacentres et leurs clients.

Les acteurs des datacentres et de l’hébergement de serveurs, et notamment ceux en colocation neutre, multiplient les annonces cet été sur des augmentations de prix. Après Interxion au début 2022, Equinix en juillet, puis OVHCloud fin août, c’est au tour d’un autre grand hébergeur, Telehouse, d’augmenter ses prix.

Cela concerne par exemple le service Cross Connect de Telehouse, qui permet d’établir une « bête » connexion directe par câble entre deux serveurs ou baies appartenant à des clients différents. Selon nos sources, ses frais d’installation passeront de 50 à 300 euros HT par lien, avec en plus des frais mensuels, pour toute nouvelle commande au 1er janvier 2023.

« Bien évidemment, la crise actuelle est le prétexte pour lancer cette augmentation soudaine de près de 50% des tarifs sur les nouvelles prestations. Il est temps que les data centers alternatifs émergent, même à Paris, et arrivent à maintenir des coûts corrects sur les câblages passifs… qui ne consomment donc pas d’énergie », estime sur Linkedin Nicolas Guillaume, directeur général de Nasca Group.

Les hébergeurs évoquent la hausse des coûts de l’énergie pour justifier leurs hausses

Tous ces hébergeurs évoquent donc le plus souvent la hausse des coûts de l’énergie, des matériaux de construction et de la main-d’œuvre pour justifier leurs augmentations de prix. Fin août, OVHCloud annonçait une augmentation de ses tarifs de l’ordre de 10% en décembre 2022 sur de nombreuses offres cloud et d’hébergement.

L’hébergeur en imputait la responsabilité à l’inflation, qui avait atteint +8,9 % en juillet 2022 en Europe, alors que les dépenses en énergie ont augmenté elles de +39,7 %. « Nos couvertures d’achat d’énergie arrivent à leur terme et nous allons nous retrouver à acheter l’énergie au prix fort », expliquent ses co-dirigeants, Michel Paulin et Octave Klaba.

Début janvier, Interxion annonçait aussi à ses clients français une hausse de 14 % de ses tarifs alors que les prix de l’électricité s’envolent. Le prix de gros de l’électricité avait déjà quadruplé en 2021 environ 220 euros le mégawattheure (MWh). Et il a encore augmenté en 2022. Idem pour le diesel, carburant qui sert à faire tourner les gros générateurs de courant dans les datacentres en cas de panne électrique.

Mais ils bénéficient d’une réduction importante sur le prix de l’électricité…

Rappelons quand même que les hébergeurs bénéficient, depuis un amendement à la loi de finances de 2019 d’un tarif réduit concernant la Taxe intérieure de consommation finale d’électricité (TICFE). Ce tarif préférentiel a été divisé par deux. Il reste à taux plein (22,5 €) pour le premier MWh, puis passe à seulement 12 euros par mégawatt-heure (MWh) au-delà. « Concrètement, pour un data center avec une puissance installée IT disponible de 2 MW et un taux de charge de 50 %, et dont la consommation électrique annuelle est de 17,6 GWh, la réduction de la TICFE représente une économique substantielle de près de 175 000 euros » explique APL, un cabinet de conseil expert en conception de datacentres.

A condition de respecter de bonnes pratiques pour économiser l’énergie

Mais depuis la modification de la réduction de la TICFE en 2021, l’hébergeur qui souhaite encore en bénéficier a dû mettre en place de meilleures pratiques de gestion énergétique dès 2022. Cela inclut l’éco-conception du datacentre, l’optimisation de son efficacité énergétique, le suivi de la consommation énergétique, et le déploiement de technologies de refroidissement moins gourmandes en énergie, tel que le « free cooling » par exemple.

Mais plus que le coût élevé de l’énergie, qui est déjà répercuté sur la facture des clients, c’est le spectre de possible coupures de courant aux industriels évoqué fin août par le Gouvernement qui inquiète actuellement les opérateurs de datacentres…