Accueil Transformation numérique - Les ESN donnent la solution

Transformation numérique – Les ESN donnent la solution

Les ESN se portent toujours globalement bien, portées par la demande de transformation numérique des entreprises. Une demande qui s’accélère, devient plus exigeante et continue.

 

Dans son « Bilan 2019 et perspectives 2020 du secteur numérique » du mois de décembre 2019, Syntec Numérique , syndicat professionnel des ESN, des éditeurs de logiciels et des sociétés de conseil en technologie, indique une croissance 2019 de 4,2 %, et en prévoit une de 4 % cette année. Les sociétés du secteur se projettent positivement en 2020 : près de 2/3 des entreprises envisagent une croissance de leur chiffre d’affaires. De belles perspectives pour les entreprises du secteur !

La croissance est soutenue par les projets de transformation numérique, notamment les technologies nouvelles (les SMACS, dit-on encore pour Social, Mobilité, Analytics, Cloud et sécurité) qui progressent de 15,7 % en 2019. En 2020, les SMACS atteindront 16,5 milliards d’euros et une croissance de 14,7 %.

Le conseil et service a progressé de 3,1 % en 2019, et une augmentation similaire (2,9 %) est attendue en 2020. 74 % des ESN envisagent une croissance de leur chiffre d’affaires en 2020. Le développement des nouvelles offres de services à forte valeur ajoutée alimentent le marché des ESN : cybersécurité et Intelligence artificielle / les Systèmes cognitifs, notamment. Le développement des offres Cloud s’intensifie, atteignant 19,9 % du marché, soit une croissance de 19,4% en 2019.

La transformation continue

Godefroy de Bentzmann

Le conseil en technologies a augmenté de 5 % en 2019 et 4,4 % sont prévus pour cette année. 60 % des sociétés du conseil en technologies prévoient une augmentation de leur chiffre d’affaires en 2020. Les moteurs de croissance pour ces entreprises sont l’accélération des prestations dans le domaine de l’ingénierie de process, l’accompagnement de la transformation des business models des clients industriels vers la vente de solutions, le développement de prestations dans le domaine des objets connectés (développement, sécurisation, gestion des objets, gestion des données…). « Quelle que soit la conjoncture économique – à moins d’une crise mondiale -, la transformation continue », indique Godefroy de Bentzmann, président de Syntec, et par ailleurs CEO de Devoteam. Mais toutes les ESN – certaines font du conseil, d’autres de l’intégration, des services managés… – ne sont pas nécessairement sur un pied d’égalité. L’arrivée de technologies maintenant efficaces et maîtrisées amène les clients à basculer vers le Cloud, ce qui remet en cause bien des offres de services des ESN en particulier l’outsourcing, explique le dirigeant. Le marché des offres d’infogérances d’infrastructure « décroît très sérieusement ». Et les ESN qui développent des applications traditionnelles sans s’appuyer sur des plateformes agiles vont se retrouver avec des outillages et des méthodes déphasés.

Guy Manou-Mani, co-président du Groupe Open, constate : « Nous ne sommes qu’au début de la révolution numérique de la société, de notre Etat comme des entreprises. Les fabricants de pelles et de pioches de cette ruée vers l’or, ce sont les ESN. » Il note une évolution « à deux vitesses » : d’un côté, la volonté pour les entreprises d’entrer dans cette transformation et de l’autre, la nécessité de gérer son historique. « Le temps n’étant pas extensible, nos clients cherchent à faire des économies sur la partie informatique historique, pour investir massivement dans leur transformation. »

Intégrateur, conseil, opérateur, infogérant…. Vers des solutions pour les entreprises

« Force de conseil et de proposition », « de l’intégration aux services managés », Xavier Raymond décrit ainsi la société Ai3 (partenaire certifié de Microsoft) qu’il dirige. Dès la création de Ai3, il y a 12 ans, il a compris que chez ses clients l’utilisateur final serait le point le plus important dans l’organisation et que l’IT serait à son service. La société a donc développé « une approche centrée usage », dont tout le monde parle aujourd’hui, mais peu fréquente à l’époque. « On n’intègre plus une solution sans prendre en compte les problématiques et les besoins des utilisateurs ».

L’intégration seule, affirme-t-il, est de plus en plus compliquée. « Nos clients attendent qu’on les conseille » : que signifie la transformation digitale pour lui ? Pas un client ne se ressemble, par son historique, son positionnement sur un marché… « Les DSI sont perdus et ils attendent de sociétés comme nous du conseil sur la bonne façon d’utiliser les solutions et de mettre en place la roadmap de leur implémentation. C’est vrai sur la digital workplace, les applications métiers, dans les domaines de la data, de l’IA… ».

Christophe Bonnet

Perdus, les clients attendent une forte expertise, et c’est bien le créneau de de la Home Sweet Company (HSC) qui se désigne comme une « communauté d’experts », forte de 330 collaborateurs. Elle regroupe notamment les sociétés Adelius (opération et production), Peritis (développement et big data) et Wancore (cybersécurité). « On fait du sur-mesure », explique Christophe Bonnet, président, co-fondateur de la HSC-Adelius. « On n’a pas d’offre standard, sur catalogue ». Les trois sociétés proposent des compétences pointues sur les ops, la sécu et la data.

« Avant notre métier était d’installer des serveurs, des ordinateurs et de nous assurer que tout fonctionnait », explique Laurent Cayatte, président de Metsys. L’IaaS, le PaaS, etc. ont ôté toute valeur de ce côté. « Notre valeur est dans l’accompagnement des métiers, du changement ». Les entreprises ont aujourd’hui besoin de transformation de leurs usages, mais plus d’un accompagnement d’implémentation, relève le dirigeant. Il évoque un projet « FarmBeats » de Microsoft, qu’il a gagné, pour un géant de l’agroalimentaire qui souhaite automatiser ses processus métiers au travers des drones, des IOT et de l’IA pour optimiser ses rendements. « Nous n’aurions jamais eu à traiter des sujets aussi proches des métiers il y a quelques années »

Les ESN se concentrent aujourd’hui sur les besoins avant les outils, comme le suggère le nouveau logo de mc2i.

Le cabinet indépendant mc2i, une ESN qui ne fait que du conseil, stratégique et opérationnel, a fêté ses 30 ans, mais a su s’adapter. Il est né sur l’idée qu’il fallait « placer l’humain au cœur de la transformation numérique », « mettre l’utilisateur au centre du projet informatique », se préoccuper du besoin avant de déterminer la solution, indique Arnaud Gauthier, président de mc2i depuis 2000. De 45 consultants à cette date, le groupe en compte aujourd’hui 850, avec une croissance continue de 15 % par an.

Mohammed Sijelmassi, Chief Technology Officer chez Sopra-Steria, est pragmatique : « L’important pour une entreprise, au-delà de créer de nouveaux business models, est de modifier et de faire évoluer des systèmes pour les optimiser, d’exploiter et diversifier ce qu’elles font, pour tendre davantage vers le service. » Il rappelle que lorsqu’une entreprise a investi des centaines de millions d’euros dans ses systèmes depuis des années et que ces systèmes abritent des tonnes de données et de process, elle n’a pas envie de tout détruire, mais de moderniser et d’optimiser, via l’automatisation par exemple. Une réduction des coûts à la clé, et une vue différente des processus existants. « C’est le service qui se repense, et toutes les technologies mènent vers cela ».

Dans peu d’années, le S, pour Service, de ESN, voudra dire Solution, est convaincu Mohammed Sijelmassi, car « les clients veulent des solutions ». Ils attendent de l’ESN de savoir où il faut aller, comment le faire, et veulent qu’elle s’engage sur l’ensemble de la solution qu’elle a élaborée pour eux. Si les clients connaissent leur métier, mieux évidemment que l’ESN qui les conseille, celle-ci peut leur expliquer comment d’autres secteurs ont fait pour régler des problématiques similaires. Les « DigiLabs » de Sopra-Steria répartis dans le monde ou son très vaste espace Next de 1000 mètres carré de Paris sont là pour organiser des sessions de co-innovation et justement répondre aux problématiques des entreprises, mêlant gens du métier et de la technologie.

Chacun s’accorde à dire que si la transformation numérique n’est pas nouvelle, elle s’accélère et devient continue, comme l’explique François Binder, directeur Consulting et Partenariats Stratégiques d’Umanis: « Aujourd’hui, beaucoup de nos clients ont créé des divisions transverses, qui sont des départements ou des directions du digital, souvent pilotés par un CDO qui va conduire la transformation continue au sein des entreprises. » Xavier Raymond explique : « Le changement est devenu la norme. Les clients attendent beaucoup de réactivité, que leur ESN fasse de l’évolution continue, les accompagne dans toutes les nouveautés, notamment à cause du Cloud, qui peut être une machine complexe ».

Les ESN épaulent une majorité d‘entreprises en transformation 4.0. Selon le 1er « Baromètre Gfi-Opinionway-BFM Business sur l’Industrie 4 », 2 industriels sur 3 sont accompagnés par des ESN dans leur transition vers le 4.0. L’accompagnement dans cette transformation n’est pas le même en fonction des différents stades de maturité des entreprises industrielles.

La data

La transformation n’en est donc qu’à ses débuts. Le plus simple a été fait, avec le traitement des « commodités » (messageries, outil collaboratifs…). La data ouvre maintenant un champ d’innovations. « Tous nos clients ont pris conscience qu’ils généraient énormément de données. Notre rôle aujourd’hui est de les aider à les structurer pour pouvoir ensuite bien les utiliser. C’est la nouvelle monnaie qu’il faut pouvoir valoriser à la fois en interne et en externe », indique Xavier Raymond.

Pierre-Louis Biaggi

La data semble si importante aujourd’hui que le mot lui-même a été intégré dans la « Digital & Data Business Unit » d’OBS. Son Senior Vice President rattaché au CEO Helmut Reisinger et membre du comité de Direction d’Orange Business Services, Pierre-Louis Biaggi, explique comment l’ESN gère l’ensemble de la donnée. D’abord sa collecte, ensuite son transport, OBS étant opérateur, son stockage, avec des offres de Cloud, son analyse, enfin le partage (clients finaux ou au sein de l’entreprise). L’ensemble du parcours est sécurisé avec les offres de cybersécurité dédiées via Orange Cyberdéfense.

Il s’agit donc là d’une offre globale autour de la création de valeur liée à cette donnée. « Nos clients nous demandent de plus en plus ce type de solution », révèle le dirigeant. Prenant l’exemple du domaine de l’IOT, il explique la collecte des données à travers des solutions Lora, 4 ou 5G, le stockage via des datalakes, et d’analyse avec des solutions de data intelligence, de data visualisation et d’IA. Une transformation « IT OT » où OBS accompagne de bout-en-bout, car on lui demande justement cette double compétence entre solutions traditionnelles IT et le parcours de la donnée.

La « Digital & Data Business Unit » dirigée par Pierre-Louis Biaggi regroupe 4 000 collaborateurs et gère les offres de transformation digitale pour les entreprises avec « la puissance de la donnée », une activité en partie issue de l’acquisition de Business & Decision. « OBS affiche sur le segment ESN une croissance de 6,5 % ce qui est aujourd’hui nettement au-dessus du marché », se réjouit le dirigeant, le Syntec annonçant, il est vrai, un marché de quelque 4 % de croissance.

 

Que fait-on avec la donnée ? Les demandes des clients sont toujours soutenues sur la relation client au sens large, selon Pierre-Louis Biaggi, citant applications mobiles et e-commerce, auxquels il ajoute le « customer engagement », c’est-à-dire « l’utilisation de la donnée pour davantage de performance vis-à-vis des clients de nos clients, avec une relation customisée ».

L’industrie qui a assez peu transformé ses processus opérationnels est un axe de développement pour l’ESN. Et bien entendu, la migration vers le Cloud continue, les sociétés s’y rendant mais voulant aussi transformer leurs applications.

Pierre-Louis Biaggi remarque également des tendances plus particulières, de niche, mais appelées à se développer, comme la blockchain, pour la digitalisation contractualisée par exemple.

Hubert de Charnacé, qui vient de monter sa nouvelle société, Kwanzeo, après avoir quitté Infeeny (groupe Econocom), se positionne aussi sur la data et son pilotage. Kwanzeo, qui officie à la fois dans le conseil et l’intégration, se veut « multi-éditeurs autour des enjeux de la data », pour aider les entreprises « à faire le bon choix en fonction de leurs attentes, de leur passé et de leur futur », alors que le marché est très dynamique avec une profusion d’outils. Une équipe de spécialistes, dont les compétences technologiques sont réparties en pôles d’expertise, et qui répondent à cette idée-force aujourd’hui que « la connaissance est majeure. »