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Spécial Transformation numérique – La digitalisation des entreprises soutenue par des ESN très dynamiques !

Porté par les nouvelles technologies du Cloud, de l’IA ou de la data, le marché des services numériques se montre toujours dynamique pour répondre aux besoins de transformation digitale placés au cœur de la stratégie des entreprises. Seule ombre au tableau, les tensions dans le recrutement.

 

Jusqu’ici, tout va bien. En dépit de la guerre en Ukraine, de la crise énergétique, de l’inflation galopante ou de la pénurie de composants, les entreprises de services numériques (ESN) maintiennent une croissance soutenue. En décembre, Numeum, le syndicat professionnel des acteurs du numérique, a même revu légèrement à la hausse de 0,1 point sa prévision de croissance pour 2022. Elle est attendue pour les seules ESN à 5,1 % pour l’année écoulée pour un chiffre d’affaires du marché hexagonal évalué à 31,9 milliards d’euros. Les sociétés de services ont bénéficié de la revalorisation des budgets IT. Selon l’enquête réalisée par PAC pour Numeum auprès de 100 DSI, 48 % d’entre eux ont vu leurs marges de manœuvre financières augmenter en 2022. La hausse a même été supérieure de 10 % par rapport à 2021 pour 9 % des DSI. Si Numeum note de « légers signes de ralentissement », le marché devrait rester porteur en 2023 avec un objectif de croissance de 3,7 %. Pour cette nouvelle année, 55 % des DSI prévoient une hausse de leurs budgets IT annuels contre 11 % d’entre eux un repli.

> Les cinq principaux leviers de croissance des entreprises du numérique identifiés par Numeum.

« Le positionnement d’OBS fait de nous un véritable chef d’orchestre, en réunisssant toutes les briques technologiques : le réseau, le Cloud, la cybersécurité et la data. »

Laurent Godicheau, Chief Officer de la stratégie d’Orange Business Services

Cloud, data, IoT et cybersécurité sont les moteurs de la croissance

Pour le syndicat professionnel, cinq principaux leviers de croissance devraient continuer à booster le marché. Le premier d’entre eux est le Cloud avec une croissance de 24,5 % en 2022. La crise sanitaire a convaincu les dernières entreprises récalcitrantes à monter dans le nuage pour organiser le travail à distance ou digitaliser les activités qui ne l’étaient pas encore. Cette cloudification des systèmes d’information va de pair avec ce que Numeum range sous l’appellation de transformation digitale (+ 10,2 %) avec l’e-commerce, l’optimisation de l’expérience client ou la dématérialisation des processus.  Après le Cloud, la data (+ 22,1 %) est la tendance la plus porteuse. Les organisations reconnaissent l’importance de piloter leur activité par la donnée. Une démarche « data driven » permet de faire évoluer son modèle économique, d’optimiser ses processus opérationnels, d’analyser son marché et l’état de la concurrence ou de personnaliser ses services et produits. Avec la montée en puissance des réseaux mobiles en 5G et de l’edge computing, en particulier dans le secteur industriel, l’Internet des objets (IoT) arrive juste derrière (+19,1 %). Enfin, avec la recrudescence des cyberattaques au cours des derniers mois, les investissements en cybersécurité ont augmenté l’an dernier de 11,3 % pour atteindre 3,3 milliards d’euros. 62 % des DSI interrogés par le cabinet PAC font même de la sécurité du système d’information leur priorité devant l’analyse des données (49 %) et l’amélioration de l’expérience client (43 %). Viennent ensuite le renforcement des outils dédiés au télétravail et le développement des méthodes agiles et de l’approche DevOps.

 

2023 dans la droite ligne de 2022

Frédéric Sebag, Open

Les dirigeants d’ESN interrogés dans le cadre de ce dossier font sensiblement le même constat. Pour Frédéric Sebag, président d’Open, les moteurs de croissance à l’œuvre en 2022 se prolongeront en 2023 et même dans les années à venir. S’il confirme que le Cloud devrait rester le principal levier du marché, il note un changement de dimension des technologies de la data et de l’IA. « La période des POC est loin derrière nous et des projets d’envergure sont actuellement lancés. Des outils avancés comme ChatGPT montrent que l’IA a franchi un cap et qu’elle répond à des cas d’usage » Mettant à profit sa double expertise, télécoms et numérique, Orange Business Services (OBS) entend, elle, être au croisement de toutes les tendances. « Alors que les architectures se complexifient, notre positionnement unique prend tout son sens, faisant de nous un véritable chef d’orchestre, ayant la capacité de maîtrise et la connaissance de toutes les briques technologiques : le réseau, le Cloud, la cybersécurité et la data », se réjouit Laurent Godicheau, Chief Officer de la stratégie de la filiale services du groupe Orange.

Astek joue, pour sa part, sur la convergence du conseil en technologie et de l’ingénierie en intervenant sur les métiers de la R&D externalisée (ingénierie) et des systèmes d’information (numérique). Un positionnement original qui lui permet de réaliser une croissance organique moyenne de 20 % par an.

Julien Gavaldon, Astek

Julien Gavaldon, président du directoire du groupe, envisage 2023 dans la droite ligne de 2022, tout en notant des disparités selon les géographies. Si les entreprises européennes continueront à investir massivement la data, l’IA, la cybersécurité, le digital ou l’IoT, il observe un ralentissement de l’investissement en Amérique du Nord « L’Asie va rester, elle aussi, une région difficile en raison de la situation en Chine ». La croissance au Moyen-Orient demeurera, en revanche, très bonne.

Un secteur particulièrement résilient

Autre acteur bénéficiant d’un vent porteur, SCC France s’est hissé à la deuxième place du dernier classement des ESN et des ICT (Ingénierie et conseil en -technologies) établi par Numeum et KPMG avec 2,1 milliards de chiffre d’affaires et une croissance de 11%. Alors que l’exercice fiscal en cours ne sera clos que fin mars, Didier Lejeune, son PDG, indique avoir dépassé en dix mois le chiffre d’affaires de l’an dernier. Originale dans son positionnement, SCC France ne propose pas de prestations de développement ou de TMA comme les ESN traditionnelles. La principale filiale du groupe britannique SCC associe, en revanche, des activités de conseil, de distribution, de financement ou de recyclage. La gestion du poste de travail et les services associés (support, infogérance) représentent la moitié de son activité.

« Le secteur du numérique est le plus résilient de l’économie. Malgré une conjoncture mondiale incertaine en ce début d’année 2023, il apparaît comme peu impacté par les crises. »

Arnaud Gauthier, président de mc2i

Arnaud Gauthier, président de mc2i

Positionné sur les mêmes tendances porteuses de la cybersécurité, de l’expérience client ou collaborateur, de la data, de l’IA et du Cloud, mc2i prévoit, lui aussi, une croissance à deux chiffres de son chiffre d’affaires (14 % environ) en 2023. L’an dernier, l’ESN avait déjà “superformé” avec une croissance organique de plus de 20 % pour atteindre un chiffre d’affaires de 136 millions d’euros.
Pour son président, Arnaud Gauthier, le secteur du numérique est le plus résilient de l’économie. « Malgré une conjoncture mondiale incertaine en ce début d’année 2023 – inflation, conflit en Ukraine, crise énergétique –, il apparaît comme peu impacté par les crises. » Charles Mauclair, membre de l’équipe du directoire du groupe SII et directeur de la région Grand-Ouest en France, abonde dans son sens. « Malgré le ralentissement attendu de l’économie en 2023, le numérique va continuer à bénéficier d’une croissance plus forte que les autres secteurs. En effet, les besoins en transformation digitale ne sont désormais plus une variable d’ajustement, mais bien au cœur de la stratégie des entreprises. »

Concilier transitions environnementale et digitale

Le numérique peut même aider à surmonter les fractures qui traversent notre époque. « Alors que la révolution numérique bouleverse les modèles économiques, la question se pose aujourd’hui de construire un numérique plus éthique, plus sûr et plus durable au service de l’humain », poursuit Arnaud Gauthier. Cet enjeu du numérique responsable est aussi porté par Numeum qui y voit un levier de choix pour concilier transitions environnementale et digitale.

Il s’agit aussi pour les ESN de répondre aux engagements de RSE de leurs clients. Selon l’enquête réalisée par PAC, 93 % des DSI exigent dans leurs appels d’offres des actions responsables de leurs fournisseurs contre 66 % en 2020. De leur côté, 76 % des entreprises du numérique disent répondre à au moins un appel d’offres ayant des critères RSE. Pour répondre à cette attente, l’ESN HN Services se lancera cette année dans la certification “numérique responsable”.

Non seulement les DSI sont invités à réduire l’empreinte carbone du système d’information mais aussi à contribuer par l’innovation numérique à l’effort général. 28 % d’entre eux ont des projets IT qui viennent soutenir les enjeux de RSE “métier” de leur entreprise et 57 % prévoient de le faire en 2023.

Une guerre des talents qui s’est encore intensifiée

Alors que le carnet de commandes des ESN semble bien rempli, la question qui se pose à elles est davantage la façon de trouver les cerveaux pour honorer les contrats existants que d’aller en chercher de nouveaux. Frédéric Sebag du groupe Open confirme : « La seule ombre au tableau, c’est la rareté des ressources. Comme les autres acteurs du numérique, nous sommes confrontés à une tension forte sur les compétences entraînant un turnover plus élevé qu’à l’habitude, nos talents étant régulièrement chassés. »

Cette pénurie de compétences frappe tous les acteurs selon Numeum. « La problématique n’est pas nouvelle mais s’intensifie, devenant ainsi un frein à la croissance », estime l’organisation professionnelle. L’Apec confirme l’existence de cette guerre des talents. Après le trou d’air de la crise sanitaire qui s’est traduit par une chute de 19 % des recrutements de cadres en 2020, le marché de l’emploi a retrouvé toute sa vigueur dès l’année suivante. 59 000 cadres informaticiens ont été recrutés en 2021, soit une hausse de 34 %. « Un niveau supérieur au niveau d’avant crise et jamais atteint par le passé », précise l’Apec. Ainsi, pour la douzième année consécutive, le secteur du numérique a été créateur d’emplois peut se réjouir Numeum. Les effectifs salariés du numérique représentaient un total de 572 126 personnes en 2021 soit un solde de 34 000 créations nettes d’emplois salariés. Un dynamisme qui s’est maintenu en 2022 et se poursuivra cette année au regard des prévisionnels de recrutement communiqués par les ESN interrogées.

Des prévisionnels de recrutement records

Sopra Steria parle d’un objectif de 4 400 recrutements en 2023, dont 3 100 CDI et 600 contrats en alternance. Après une année record en 2022 avec plus de 1800 recrutements en France, SII prévoit de faire encore mieux cette année en tablant sur le recrutement de 2 000 postes. Open prévoit, pour sa part, d’intégrer 1 500 ingénieurs et consultants dans tous les niveaux de séniorité. Ausy se donne un objectif de 1 200 recrutements en CDI sur 2023. Enfin, mc2i prévoit d’embaucher 400 consultants en transformation numérique dont 80 % de jeunes diplômés issus d’écoles d’ingénieurs, de commerce ou d’universités et 20 % de profils expérimentés et managers. On retrouve sensiblement cette proportion entre juniors et seniors dans les autres prévisionnels. « Si, bien entendu, l’accent est mis sur les profils juniors afin de nous adapter à l’évolution rapide des nouvelles technologies, nous recrutons également des profils expérimentés », tempère Frédéric Sebag.

John Modeste, Directeur Marketing et Solutions, de l’ESN HN Services

Sans dresser une liste à la Prévert, les domaines d’expertise recherchés tournent, sans surprise, autour des grandes tendances technologiques citées plus tôt : le Cloud et ses variantes (multicloud, edge computing), le big data et I’IA, l’IoT, la 5G, la cybersécurité, l’agilité et DevOps, le Green IT ou le concept de digital workplace avec la mise du travail en mode hybride. « Notre business se développe mais nous peinons à trouver les compétences en qualité et en nombre suffisant » déclare John Modeste, Directeur Marketing et Solutions, de l’ESN HN Services, 1 650 employés.
Le groupe a fondé HN Institut en 1989. Le centre de formation internalisé offre des reconversions professionnelles mais forme également sur-mesure, en continu, l’ensemble de ses collaborateurs.

Le numérique responsable plébiscité par les clients et les collaborateurs

Alors que la question de la rémunération est la première cause de départ des collaborateurs, les ESN tentent d’éviter la surenchère salariale. Pour fidéliser leurs talents et en attirer de nouveaux, elles s’appuient sur des leviers traditionnels comme l’intérêt des missions, les efforts de formation et les perspectives d’évolutions de carrière.

Pour élargir leur vivier de compétences, les sociétés de services ont aussi mis en place des stratégies en faveur de l’inclusion et de la diversité avec, comme OBS, des engagements en termes d’égalité femmes-hommes ou d’insertion des personnes en situation de handicap. Il s’agit, par ailleurs, de proposer un meilleur équilibre vie personnelle – vie professionnelle avec la mise en place du travail en mode hybride et de répondre aux attentes des générations Y et Z en termes de contribution aux enjeux sociétaux et environnementaux.« Les jeunes ingénieurs sont extrêmement sensibles à ces sujets, et souhaitent mettre en adéquation leurs valeurs avec celles portées par l’entreprise qu’ils rejoignent », observe Frédéric Sebag. Décidément omniprésent, le numérique responsable permet de concilier business et attractivité en répondant aux souhaits à la fois des clients et des collaborateurs.