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Migrer vers une infrastructure HCI-SDI

> L’infrastructure HCI suit les besoins croissants de stockage de données et la migration des applications d’entreprise (source Nutanix)
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Exploitation à moindre coût, automatisations et migrations simples motivent le choix d’une infrastructure hyperconvergée (HCI) enrichie d’une surcouche de logiciels SDI (software-defined infrastructure).

 

Contrôler l’infrastructure IT à l’aide de logiciels a d’abord été la motivation des hyperscalers, ces géants du Web et des réseaux sociaux, gloutons planétaires prêts à stocker – et traiter – des volumes de données numériques toujours plus colossaux. Pas question de s’appuyer sur des serveurs propriétaires et de coûteuses baies de stockage SAN. Ils ont développé leurs propres architectures évolutives en optant pour des matériels standards à bas coût. Depuis une petite décennie, l’adoption de systèmes hyperconvergés gagne les entreprises en quête d’automatisation, de migrations et d’exploitation simplifiées.

> Sebastian Lagana

« C’est parce que les solutions HCI gèrent maintenant des charges de travail plus critiques tout en réduisant la complexité des datacenters que ce segment de marché ne cesse de croître. La demande d’infrastructure hyperconvergée reste le principal moteur de la croissance du marché des systèmes convergés », observe Sebastian Lagana, directeur de recherches au cabinet d’études IDC. En tête du marché mondial, IDC distingue Dell EMC, VMware, Nutanix et HPE ; leurs rivaux se partageant près de 27% de parts de marché.

Les systèmes hyperconvergés gagnent du terrain au détriment des plateformes intégrées et des systèmes de référence certifiés. Ils ont progressé de 57% en un an générant des revenus de 1,93 milliard de dollars (47% du marché total des systèmes convergés) au dernier trimestre 2018.

Nutanix étend sa gamme de logiciels

En dix ans seulement, Nutanix s’est forgée une solide réputation sur l’infrastructure HCI, d’abord en vendant une appliance – un boîtier tout-en-un assemblé autour de serveurs SuperMicro – combinant le calcul et le stockage. Son évolution s’effectue par simple adjonction de nœuds suivant une architecture scale-out typique. La firme, fondée et dirigée par Dheeraj Pandey, veut désormais conquérir les nouveaux modes de consommation informatiques, en particulier le Cloud hybride. Elle permet ainsi aux organisations d’étendre leur propre datacenter vers plusieurs Clouds, de façon rapide et imperceptible pour les utilisateurs. Dans une majorité d’entreprises, les services IT préfèrent louer des logiciels plutôt qu’investir dans de nouvelles unités matérielles : « Notre système d’exploitation Acropolis devient une plateforme sur laquelle nous pouvons délivrer plus de services. Grâce à lui, même un administrateur d’applications peut configurer toutes les machines des IT. C’est bien l’objectif », précise Dheeraj Pandey, le CEO de Nutanix.

HPE, acquéreur du rival Simplivity, a noué un partenariat avec Nutanix en avril dernier, une reconnaissance de sa maîtrise du sujet. Du coup, une solution Cloud hybride HPE GreenLake, délivrée sous forme de services, intègre le système Acropolis et son hyperviseur AHV. Parallèlement, une nouvelle appliance intégrée combinant des serveurs ProLiant ou Apollo d’HPE apparaît au catalogue des partenaires Nutanix.

« L’approche HCI est une technologie adaptée à l’entreprise renouvelant son infrastructure tous les cinq à dix ans, mais lorsqu’elle doit évoluer tous les 18 mois, comme dans l’univers multi-client d’un hébergeur confronté à de nombreuses workloads distinctes, elle n’est pas assez souple », nuance Jules-Henri Gavetti, le CEO d’Ikoula.

L’offre Nutanix s’enrichit avec 19 produits au catalogue à présent, couvrant toute la pile de services d’un prestataire Cloud, du stockage objet aux services de fichiers scale-out en passant par l’offre Kubernetes managée, rétorque Christophe Bardy, Solution Strategist de Nutanix : « L’infrastructure d’ASP Server évolue régulièrement avec les nouveaux produits que l’on lance. Claranet ou Hardis agissent de même, Hardis adoptant Flow pour assurer la sécurité applicative. Les prestataires de services apprécient l’architecture scale-out et le nouveau mode d’achat par crédits consommés et à mesure de l’activation des ressources. »

Avec ses logiciels Frame et Move, Nutanix répond aux besoins de l’informatique hybride multi-Cloud et facilite les migrations de VM depuis AWS vers les datacenters de l’entreprise.

Des cas d’usage au TCO allégé

Les infrastructures hyperconvergées ont d’abord conquis le segment des entreprises de taille intermédiaire et certains grands comptes souhaitant consolider les environnements de bureaux, au siège et dans les succursales. Après le cas d’utilisation VDI (virtual desktop infrastructure), les gestionnaires de bases de données et quelques applications critiques ont aussi retenu l’infrastructure HCI. Familiarisés à l’administration unifiée des grappes de serveurs, les services informatiques ont migré davantage d’applications vers ces clusters : « C’est à l’occasion du renouvellement de leurs serveurs ou de leurs baies de stockage surtout que l’on note une bascule vers l’offre HCI et l’infrastructure software-defined. Il ne se passe pas une semaine sans que ces sujets ne soient évoqués au moins par deux de nos clients. Les gains escomptés et souvent constatés se situent au niveau du TCO (coût d’appropriation total), de la facilité de déploiement d’applications, de la souplesse et de la rapidité », précise Patrick Szafir, le responsable de la transformation digitale, de la sécurité et de l’essor international de l’intégrateur NXO, un partenaire de Nutanix, Microsoft, VMware et Cisco.

> Patrick Szafir

Davantage de décideurs IT voient dorénavant dans l’infrastructure HCI une solution adaptée aux environnements et aux applications critiques. C’est ce que confirme une étude réalisée par Evaluator Group, menée sur trois ans auprès de 150 managers informatiques.

Un levier vers le Cloud hybride

« Nous rencontrons de plus en plus de projets d’architecture multi-Cloud où la sécurité est révisée en parallèle, observe Patrick Szafir. Les prestataires Cloud sont tous à la fois amis et ennemis ; ils proposent de nombreuses passerelles. En réalité, chacun pointe les clients en priorité vers son propre nuage. Le besoin d’administration multi-Cloud peut provenir de l’équipe système auquel cas VMware est l’éditeur le plus souvent retenu ; lorsqu’il provient de l’équipe réseau, ce sont les équipements de Cisco, Juniper ou Arista qui sont choisis. Quant au SD/WAN, il est motivé par l’explosion du trafic sur le réseau étendu, pour reprendre une maîtrise du réseau global et gagner en autonomie par rapport à l’opérateur. »

L’infrastructure HCI simplifie la chaîne d’outils d’administration des machines virtuelles, des ressources de calcul, stockage et réseaux. L’infrastructure Software-Defined présente ces éléments d’infrastructure aux outils d’automatisation et d’administration du Cloud hybride, dans un format immédiatement utile. Sans cette abstraction, il faudrait traiter chaque composant d’infrastructure séparément, ce qui introduirait une complexité et des délais supplémentaires pour les administrateurs.

« L’infrastructure HCI fait converger un certain nombre de services dans les centres de données. Elle s’est développée tandis que le sujet SDN, peut-être trop ambitieux à ses débuts, avait des velléités d’intégrer à la fois le datacenter, les réseaux locaux et étendus », retrace Pierre Langlois, Country Manager de Silver Peak France. Selon lui, le SD-WAN poursuit sa percée depuis cinq ans, grâce à la volonté des directions d’entreprise de reprendre le contrôle de leur réseau (lire l’encadré : Silver Peak fournit des garanties
de services applicatifs).

« Les techniciens ont besoin de solutions d’infrastructure qui étendent le stockage hyperconvergé à une gestion par logiciels (software-defined) des réseaux et des calculs informatiques. Mais, il est préférable de tester ses propres charges de travail sur un PoC si possible. Les plateformes de stockage SDS (stockage défini par logiciel) présentent des architectures aux différences fondamentales. Le choix d’une architecture de stockage doit être adapté à la combinaison des charges applicatives prévue, et cette étape exige des tests en conditions réelles », recommandent Paul Delory et Simon Richard, deux analystes du Gartner, co-auteurs de l’étude comparative « Solution Comparison for Four Hyperconverged and Software Infrastructure Solutions » (Janvier 2019).

Syneto, le challenger Européen

Le marché des PME Européennes se tourne cependant vers des configurations plus modestes évolutives de 8 To jusqu’à 1 Po : « Les équipements informatiques sont souvent surdimensionnés en regard de ce que les clients consomment, comme l’automobile pouvant rouler à plus 200 km/h, mais qui n’est jamais censée franchir la limite de 130 km/h sur autoroute.

> Vadim Comanescu

Nous bâtissons ce que les clients peuvent consommer. Les solutions software-defined et les logiciels open source sont en train de transformer les infrastructures IT. Notre système d’exploitation a été conçu, en 2008, pour virtualiser complètement le stockage », explique Vadim Comanescu, le CEO de Syneto, un challenger Européen de Nutanix dont le siège est proche de Milan, la R&D basée en Roumanie et l’intégration réalisée en Belgique sur des serveurs standards SuperMicro avec deux à trois niveaux de cache (RAM, disques SSD et NVMe).

Son constat est simple : les PME cherchent à simplifier l’administration des ressources informatiques et, depuis une décennie, elles doivent exécuter et protéger leurs charges de travail sur des machines virtuelles au moment où le stockage devient une commodité. Dès lors, l’Hyper Series 3000 cherche à automatiser l’approvisionnement des machines virtuelles, réunit les services de stockage par blocs et par fichiers et une protection globale et continue des données, par captures instantanées (snapshots) et/ou réplications. « On peut faire converger les charges applicatives primaires et secondaires dans une seule et unique plateforme », assure le co-fondateur de Syneto qui cible les structures disposant d’un budget IT de 15 à 80 k€ pour renouveler leur infrastructure de serveurs et de stockage. Parmi ses clients, on compte des cliniques, Ehpad, casernes de pompiers et centres de recherches tel que l’INGM (Institut de génétique moléculaire d’Italie) qui gère plusieurs centaines de To dans un seul nœud. Le designer Européen fournit une appliance intégrée respectant les grands standards où les technologies de virtualisation, de sauvegarde et de reprise d’activités en cas de sinistre sont unifiées ; du coup, la courbe d’apprentissage des équipes est raccourcie.

Simplifier l’exploitation du S.I.

Comparer des clusters HCI aux stacks SDI et fonctions avancées n’est pas une simple question de caractéristiques techniques. Chaque environnement en place dans l’entreprise doit être pris en considération, clients et serveurs virtualisés inclus : « Nos clients trouvent les offres Cloud très complexes et nous demandent de leur montrer concrètement à quoi ressemblera l’architecture répartie après la migration envisagée, et quelles seront leurs facultés de reporting. C’est l’exploitation au jour le jour qui les intéresse », souligne Patrick Szafir.

L’intégrateur préconise volontiers des « services managés » en mode Cloud privé interne ou externe ; ce modèle semble plus volontiers retenu, en cas de réduction des effectifs IT, particulièrement par les entreprises de taille intermédiaire.

En pratique, les migrations d’infrastructure s’effectuent graduellement, démarrant souvent par l’HCI puis par adjonction de briques supplémentaires pour la gestion des fichiers, des bases de données ou des réseaux. L’intégration du SD/WAN pourrait bien suivre.

« Le rêve de tout administrer depuis une console unique devient problématique lorsqu’on doit gérer un réseau étendu planétaire et un cluster de VM sur quelques sites. Les objets à gérer sont radicalement différents, nuance Christophe Bardy. D’ailleurs la console Prism ne gère pas l’IoT ; les objets connectés sont confiés à la console Xi IoT dans le Cloud. »

Nutanix et les autres

Les clients acquièrent une appliance avec la stack Nutanix pré-installée, mais d’autres cas de figure sont possibles. « En pratique, nous fournissons le logiciel, notre grossiste fait l’intégration, et à la livraison chez le client, les paramétrages nécessaires au démarrage sont réalisés. HPE, Dell, Fujitsu, Lenovo, Huawei et Inspur pré-intègrent nos logiciels sur leurs propres serveurs. Si le client dispose déjà de machines supportées par Nutanix, nous fournissons la stack à l’intégrateur, et en une demi-heure de préparation, le nouveau cluster est prêt à l’emploi. La clé d’une infrastructure software-defined qui marche, c’est la bonne intégration du logiciel et du matériel. Il faut un matériel certifié, des CPU, mémoires et disques adaptés aux logiciels qui vont s’exécuter », conclut-il.

 


Un SD-WAN managé par GTT Communications

Deux éditeurs distincts, Silver Peak et VeloCloud – à présent filiale de VMware – participent aux offres SD-WAN de GTT Communications. L’opérateur réseau de Tier 1 met à disposition de clients tels Carglass, la chaîne Courir ou ViaMichelin la console adéquate via son portail EtherVision. En amont, les passerelles installées sur le backbone GTT facilitent la coexistence entre l’infrastructure SD-WAN et les réseaux en place tandis qu’un routeur d’extrémité est installé chez le client. La console SD-WAN est un orchestrateur multi-clients qui réduit les coûts du réseau étendu en créant pour chaque client un réseau évolutif avec sa propre hiérarchie. « Cela évite d’avoir à monter un tunnel full mesh entre chacun des sites. Nos clients nous attendent sur les solutions managées. Ils expriment un fort besoin d’agilité, dans un contexte d’acquisitions et de réduction des coûts. Nous leur offrons une calculette démontrant le retour sur investissement du passage en SD-WAN pour justifier la migration. Dans une dynamique Cloud public, ils se rapprochent aussi de nous pour inscrire leur réseau au plus près de celui des éditeurs SaaS et des hyperscalers clients de GTT », explique Bruno Boucq, Senior VP Europe du Sud de GTT Communications.

 


Pierre Langlois

Silver Peak fournit
des garanties de services applicatifs

Réactivité, automatismes et économies forment trois atouts de l’infrastructure SD/WAN appréciés par l’entreprise, résume Pierre Langlois, le directeur général de Silver Peak France : « Les DSI agissent sous la pression des directions générales ; après une acquisition d’entreprise par exemple, la bonne intégration du S.I. impacte l’accueil des employés, la réduction des coûts et les synergies. Le réseau SD/WAN, autonome, est capable de s’adapter aux nouveaux besoins de façon dynamique, sur du matériel standard et avec une intervention manuelle très réduite. Agile, il fournit des garanties de services par application et non seulement des SLA réseaux ; les outils de travail collaboratif et les visioconférences disposent des priorités nécessaires. Les routeurs SD/WAN d’extrémité intègrent davantage de fonctions pour gérer la QoS, optimiser et accélérer les applications. Les services SaaS encouragent la migration vers le SD/WAN car ils ne préviennent pas en cas de changement d’adresse IP : il faut s’adapter. L’avènement des services de sécurité dans le Cloud motive également cette transition, face à un réseau MPLS devenu obsolète. »