Accueil Les mouvements Low-Code et No-Code gagnent le cœur des métiers

Les mouvements Low-Code et No-Code gagnent le cœur des métiers

> Conçue dans une approche purement No-Code, la création d’un formulaire devient un jeu d’enfant sur les solutions RPA

On les appelle les Citizen Developers. Pour gagner en agilité mais aussi pour faire face au manque de développeurs, les métiers prennent leur destin en main et créent eux-mêmes leurs applications. De multiples solutions se proposent de les aider à développer… sans coder.

 

Selon IDC, pas moins de 500 millions d’applications auront été développées et déployées dans le Cloud à l’horizon 2023, soit autant qu’en 40 ans d’informatique ! Dans ce nombre colossal, beaucoup d’entre elles n’auront pas été produites par des développeurs, mais par leurs utilisateurs eux-mêmes.

Si avec les approches agiles et DevOps, le développement a connu de profonds changements ces dernières années, les utilisateurs métiers auront toujours besoin de petites applications rapidement développées pour un usage précis et qui ne justifie pas le déclenchement d’un véritable projet informatique. Dès les années 90, les utilisateurs métiers ont commencé à créer des petites applications sur dBase, Filemaker, Foxpro, puis Microsoft Access et Excel. Les limites de l’approche étaient évidentes : pas ou peu d’interactions possibles avec le reste du système d’information et du code non géré par la DSI qui pouvait contenir des erreurs et des applications qui mouraient lorsque leur concepteur quittait l’entreprise.

Quand les éditeurs de BPM inventèrent le “LowCode”

Avec le Low-Code, les éditeurs ont cherché à proposer aux métiers des outils qui allaient leur permettre de créer des processus et les formulaires en quelques clics. C’était la naissance du Low-Code.

Sylvain Harault

Parmi les pionniers de cette approche, les éditeurs Appian, IBM, Software AG, Progress ou encore Pegasystems, Sylvain Harault, directeur du conseil pour l’Europe de l’Ouest et Sud qui rappelle la situation telle qu’elle était en 2010 : « Venant du monde du BPM où l’on codait beaucoup en Java, lorsque j’ai rejoint Pega j’ai été surpris de voir que le design des applications, objets et process se faisait graphiquement et que le code était généré automatiquement par la plateforme. » Avec son outil App Studio, tous les composants de l’application peuvent être créés graphiquement mais le parti-pris de l’éditeur a été d’unifier l’ensemble des objets et modules sur une plateforme unique. « Cette unification nous permet d’assurer une intégrité référentielle de l’ensemble des objets, sachant que la plateforme va pouvoir intégrer l’existant de l’entreprise. Cette intégrité et s’appuyer sur une plateforme unique permet de gagner en agilité.
Nos studios sont clairement conçus pour les Citizen Developers, que ce soit l’App Studio et Pega Express, la solution spécifiquement conçue pour les utilisateurs métiers.»

> Concevoir une application simplement en dessinant des formulaires à l’écran et en tirant des traits entre des blocs fonctionnels, c’est le pari des solutions Low-Code telles que Pega Express.

L’objectif de l’éditeur est désormais d’apporter cette agilité au niveau des applications métier elles-mêmes, qu’il s’agisse des applications de Customer Service et d’engagement Client / One to One. Parmi les arguments avancés par Pegasystems, outre le Low-Code, c’est bien les modèles d’IA et leur complexité de mise en oeuvre qui pourrait bien faire pencher la balance du côté du Low-Code. Une stratégie finalement très proche d’un autre éditeur qui se positionne dans le carré magique Gartner des solutions Low-Code, Salesforce.com. Olivier Nguyen Van Tan, VP Marketing France de l’éditeur explique le positionnement Low-Code du géant des CRM :

Olivier Nguyen Van Tan

« L’utilisateur avancé doit pouvoir agir pour paramétrer, développer et étendre son CRM sans nécessairement faire appel à un intégrateur ou son département IT. La philosophie Low-Code est bien alignée avec l’orientation utilisateur de Salesforce. » Si, à son origine, le service ne pouvait être modifié, l’éditeur a peu à peu ouvert sa plateforme afin de permettre aux utilisateurs avancés de réaliser des personnalisations de plus en plus évoluées dans des approches “Point and Click” et “Low-Code” sans devoir passer par leur DSI. La solution Flow Builder permet de construire des workflows afin de réaliser des automatisations dans le CRM, à partir de champs de données, de triggers de manière entièrement graphique. La solution fait partie intégrante de la plateforme Salesforce et elle peut être utilisée dans de multiples applications Salesforce, que ce soit dans le volet Marketing, Service client, vente, etc. Si l’entreprise souhaite développer des processus plus complexes, celle-ci peut alors s’appuyer sur la technologie d’ESB Mulesoft, acquise par Salesforce en 2018.

Dans le même ordre d’idée, l’outil Journey Builder permet de créer des parcours clients par simple “drag & drop” d’actions et notamment mettre en oeuvre les modèles d’intelligence Salesforce Einstein AI en quelques clics. « Lorsque nous avons dévoilé Einstein, nous ne voulions pas que cette plateforme d’IA ne soit réservée qu’à quelques “happy few” et aux seuls Data Scientists. Nous avons démocratisé l’usage de l’IA sur notre plateforme dans 2 process, notamment avec Einstein Prediction Builder. » Des utilisateurs métiers qui ont accès à des modèles d’IA en quelques clics, c’est la magie de l’approche Low-Code.

Microsoft fait le plein auprès de son écosystème

Autre éditeur à miser sur le low-code, Microsoft dont la Power Platform regroupe les outils Power Apps, Power Automate (Ex-Microsoft Flow) et un volet dédié à la visualisation de données, Microsoft PowerBI. Sophie Pietremont, directrice de l’entité Business Application de Microsoft France souligne le succès-éclair du Low-Code Made in Microsoft : « Nous avons connu un véritable engouement pour la Power Platform ces dernières années, avec 97 % des grandes entreprises qui font partie du Fortune 500 qui non seulement ont les licences mais utilisent aujourd’hui la Power Platform. Nous avons plus de 4 millions d’utilisateurs sur le volet Power Apps uniquement et nous avons mesuré une énorme accélération du nombre d’applications construites par ces utilisateurs avec une croissance multipliée par 7 de ce nombre d’applications créées entre 2019 et 2020 ! »

Microsoft positionne Power Apps auprès des DSI comme une plateforme visant à centraliser les données dans les grandes organisations et assurer leur redistribution auprès des équipes métiers pour régler les problèmes au plus vite. Il y a énormément de cas d’usage calqués sur ce modèle. L’approche est aussi très pertinente pour les PME car ne pas avoir besoin d’expertise IT va permettre au gérant de la TPE de créer, par exemple, une petite application pour gérer les congés de ses employés.

Lors de son événement Ignite 2020, Microsoft a notamment annoncé aller plus loin avec l’intégration avec Azure et GitHub afin de proposer des catalogues d’applications Power Platform et permettre aux entreprises de réutiliser des développements déjà menés par d’autres. Cette intégration avec GitHub va permettre aux développeurs de créer aussi des applications plus complexes pour gérer des processus métiers avancés et les publier sur le catalogue GitHub.

Du Low-Code au No-Code il n’y a qu’un pas, mais un pas de géant !

Si les outils Low-Code existent au catalogue des éditeurs de solutions de BPM depuis une dizaine d’années une nouvelle tendance est en train d’émerger, le No-Code. Le mouvement n’est plus issu des éditeurs du monde de l’entreprise, mais du monde des start-up afin de répondre aux besoins de ses petites structures qui cherchent des outils pour créer rapidement un prototype de leur service, et une plateforme pour monter des poc.

Cédric Ravalec

« De multiples petits outils sont ainsi apparus sur le web pour répondre à ce type de besoins, Bubble.io est un très bon exemple de ce type de solutions, Webflow en est un autre » explique Cédric Ravalec, Business Line Manager chez Smile et animateur du groupe Meetup Low/No Code Paris. L’acquisition d’AppSheet par Google en janvier 2020 est l’illustration de la montée en puissance de cette nouvelle classe de solution de génération d’applications.

Les managers et les power users ont été les premiers à exploser ces outils No-Code dans les entreprises, qui permettent bien souvent de pallier les manques des applications en place, bien trop coûteuses à faire évoluer. Ces initiatives s’inscrivent essentiellement dans une approche de Shadow IT peu appréciée des DSI, ce qui fait le jeu de Microsoft qui offre à ces derniers avec sa Power Platform un moyen de cadrer ces usages. Avec son offre, Microsoft permet aux DSI de rester dans la boucle.

Actuellement la principale problématique des utilisateurs de No-Code est de choisir la bonne plateforme parmi une offre pléthorique. Bubble, Webflow, Google AppSheet, Airtable, le choix d’une solution est très structurant car ensuite l’entreprise va être très liée à la plateforme et il sera difficile d’en changer. « La dépendance est forte et c’est une dimension qu’il faut intégrer quand on fait ce choix du No-Code. Nous n’en sommes encore qu’aux balbutiements de ce marché ! » conclut Cédric Ravalec.