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Les enjeux de fluidité et de sécurité portent la signature électronique

Le marché mature et concurrentiel de la signature électronique est en forte croissance. L’innovation est portée par l’expérience utilisateur tout autant que par la sécurité.

 

La signature électronique permet aux entreprises de signer à distance des documents, contrats, factures et appels d’offres et servent pour des téléprocédures de l’Etat. Le marché européen de la signature électronique est en croissance, tiré par la dématérialisation des échanges et l’essor du télétravail. Si les principaux usages peuvent différer selon les pays et leur niveau de maturité, ils sont réglementés via eIdas (lire  encadré p.15). Cette réglementation européenne a instauré 3 niveaux de signature, aux exigences croissantes (signatures simple, avancée, qualifiée). Le niveau est à choisir en fonction du niveau de criticité du document à signer et de sa valeur. C’est un arbitrage entre la fluidité du parcours des signataires et le niveau de sécurité, et donc de risque sous-jacent, souhaité.

© Groupe La Poste.
François Chassery

François Chassery, directeur général de Certinomis, marque de Docaposte, analyse : « Le marché de la signature électronique est mature en termes d’offres. Il a longtemps été tiré par les contraintes réglementaires et les téléprocédures de l’Etat. Aujourd’hui, les besoins en termes de cybersécurité, de lutte contre la fraude et l’usurpation d’identité tirent le marché. »

Sur un marché dynamique et très concurrentiel, les acteurs ont des stratégies différentes pour gagner des parts de marché. La très grande majorité des prestataires ont déposé un dossier pour être certifié par rapport au référentiel sur les prestataires de vérification à distance (PVID), et sont en attente, à l’heure où nous écrivons ces lignes, d’une réponse de la part de l’ANSSI. En 2023, Certinomis et le groupe Docaposte souhaitent développer la signature électronique pour les virements bancaires interbancaires ou interentreprises en utilisant l’identité numérique La Poste (Certinomis utilise la solution EJBCA de Keyfactor pour fabriquer les certificats numériques qu’elle rattache à l’identité numérique). La société luxembourgeoise RCDevs s’est lancée sur le marché de la signature électronique avec Yumisign en 2022, plateforme qui permet de signer un document depuis son smartphone selon les modes de signatures qualifiée et avancée reconnus eIDAS. Elle offre la signature avec carte NFC. Philippe Bihel, directeur général France et directeur marketing chez RCDevs, indique « offrir une plateforme très pratique à utiliser. nous sommes un challenger avec une politique tarifaire agressive, qui démarre avec une offre gratuite pour un besoin individuel de signature électronique, et à 12 euros HT par mois et par utilisateur pour les PME (signature standard et avancée), 20 euros pour bénéficier de la signature qualifiée. »

Automatiser les tâches chronophages

L’entreprise française Yousign, spécialisée dans la signature électronique pour les TPE et PME, a levé 30 M€ mi-2021. Ses 12 000 clients utilisent pour moitié l’application, pour moitié une intégration API pour intégrer à leurs processus métiers la signature électronique, souvent en marque blanche. Yousign a développé des connecteurs pour intégrer l’e-signature dans Salesforce et Zapier. Des éditeurs de logiciels métier, comme l’éditeur RH Skello ont choisi d’intégrer la signature Yousign. La majorité des transactions se fait par signature simple, une part par signature avancée. L’entreprise s’étant développée en Allemagne et en Italie, elle propose de la signature qualifiée en Allemagne en partenariat avec Swisscom.

© Yousign
Nicolas Baron

Elle est en cours de certification pour ce 3e niveau eIDAS en France, également via un partenariat. Nicolas Baron, directeur technologique de Yousign, met en avant l’élargissement de l’offre: « Avec l’acquisition début 2022 de l’éditeur belge Canyon, spécialisé dans l’automatisation de la digitalisation des contrats, nous voulons proposer la gestion de cycle de vie complet du document, depuis sa préparation, sa signature jusqu’à son archivage documentaire. L’idée est d’automatiser des tâches chronophages. Par exemple, la collecte de données pour l’intégration de nouveaux salariés est fastidieuse. Nous l’automatisons avec un template de document réutilisable. » Yousign souhaite aussi se développer sur le marché européen.

© Signaturit
Pierre d’Estais

Signaturit, détenu par le fonds d’investissement américain PSG, est issu de la fusion entre trois prestataires de services de confiance, le français Universign, et les espagnols Signaturit et Ivnosys. Il compte ainsi 15 000 entreprises clientes pour 240 000 utilisateurs. Pierre d’Estais, vice-président partenaires et alliances de Signaturit, explique la stratégie du groupe : « En 2023, nous allons renforcer la partie conseil et compléter notre portefeuille d’offres avec des verticaux, pour proposer des fonctionnalités adaptées à différents secteurs. Nous souhaitons également nous étendre dans différents pays européens, comme l’Allemagne et l’Italie, à travers des acquisitions externes. Enfin, nous allons renforcer notre coopération avec notre écosystème de 200 éditeurs partenaires qui intègrent nos fonctionnalités dans leurs applicatifs, y compris métier (comme les éditeurs français RH Lucca et Eurecia). »

Gestion sécurisée de bout en bout

Oodrive, éditeur français qui proposer une gamme de solutions spécialisées dans la collaboration et la sécurisation des données, propose Oodrive Sign, suite à l’acquisition en 2021 du spécialiste français Sell&Sign. « Notre cœur de cible, ce sont les cas d’usage de la signature de contrats commerciaux juridiques et administratifs, souligne Alexandre Mermod, lead product manager Sign chez Oodrive. Et grâce à la profondeur d’offre d’Oodrive et ses partenariats, nous pouvons proposer une gestion sécurisée des documents de bout en bout. » Oodrive s’appuie sur les certificats de confiance en matière de signature électronique de CertEurope. L’éditeur fournit les connecteurs pour intégrer l’e-signature dans Salesforce ou Microsoft. Son produit est également intégré dans des solutions métiers, comme celles d’Ymag, spécialiste de la gestion des processus de la formation professionnelle. « L’objectif est de faire gagner du temps à nos clients », indique Arnaud Guillaume, directeur général d’Ymag. L’option de signature électronique via SMS est un plus pour Ymag, en particulier pour les plus jeunes signataires. Oodrive vise à développer ce type d’intégration, et ce avec des éditeurs dans toute l’Europe.

e-SignProof a pour particularité d’être un service d’e-signature utilisant la technologie blockchain pour l’authentification des documents et l’horodatage.