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La Téléphonie bascule dans le Cloud

Le Web a marqué des points lors de la crise du coronavirus en s’imposant dans le domaine de la visio. Un succès qui pourrait bien voir la téléphonie tout entière basculer dans le Cloud de manière irrémédiable.

 

En passant de 10 millions d’utilisateurs journaliers en décembre 2019 à 300 millions en avril 2020, Zoom a frappé un grand coup. Le succès du service de visio-conferencing américain a montré un engouement des entreprises et du secteur public pour ce type de solution, succès qui a profité à l’ensemble des acteurs proposant des services de webinar et de visioconférence. « Nous avons vu arriver à l’occasion de cette crise un grand nombre d’universités et d’écoles partout dans le monde, et bien sûr des entreprises » explique Loïc Rousseau, responsable de Zoom Video Communications pour la France. « Nous discutons avec beaucoup d’entreprises du CAC 40 et pas uniquement pour leur fournir Zoom Meeting, mais aussi la solution Zoom Phone, notre offre de Cloud PBX. Celle-ci est disponible depuis le 2 mars 2020 sur 11 pays européens dont la France. » Zoom a cartonné pour son service de salle de réunion Zoom Rooms, mais l’éditeur de service mise sur l’intégration avec Zoom Meeting et son Cloud BPX pour se faire une place de choix sur le marché de l’UCaaS (Unified Communication as a Service).

Zoom et Teams font figure de grands gagnants du confinement mais une hausse significative de la consommation a été constatée chez tous les acteurs proposant des solutions de collaboration.

L’UCaaS veut déboulonner le PABX traditionnel

Si Zoom a rencontré un succès mondial, l’ambition de l’américain est bien de devenir la plateforme de communication unifiée de l’entreprise. « La plateforme Zoom a été initialement créée pour les entreprises, les professionnels » rappelle Loïc Rousseau. En ce sens cette stratégie rejoint celles de Fuze, 8×8 ou RingCentral qui bousculent les acteurs “traditionnels” des télécommunications. Les équipementiers, à commencer par Avaya, Mitel ou Alcatel Lucent, proposent des offres UCaaS à leurs catalogues. Ainsi, l’offre Rainbow d’Alcatel Lucent, proposée en accès gratuit dans le cadre de l’opération Open Solidarity, a enregistré 200 000 utilisateurs supplémentaires à l’occasion de cette crise.

A cette stratégie de plateforme globale, de nombreux acteurs préfèrent un positionnement spécifique, notamment sur le webinar, comme le Français Livestorm qui a triplé sa base client lors du confinement ou encore MyVisio, un service de visioconférence créé par le nantais Dailycom. Maher Wannes, fondateur de la start-up souligne : « Notre activité a été multipliée par 4 depuis le confinement, et la plateforme MyVisio.fr accueille aujourd’hui une moyenne de 15 000 personnes par seconde. Beaucoup d’universités, d’écoles et d’entreprises de toutes tailles utilisent notre service, de même que des ministères et des grandes entreprises françaises qui ont choisi notre offre en marque blanche. » L’éditeur propose des forfaits Pro pour les entreprises mais mise aussi sur cette approche “marque blanche”. « Avec cette offre, l’entreprise dispose de serveurs spécifiques et le service est mis à leurs couleurs, avec leur logo et leur nom de domaine. Les serveurs peuvent éventuellement être déployés physiquement chez le client s’il nous en fait la demande. » Enfin, MyVisio cultive un positionnement “Made in France” avec la particularité de ne recueillir absolument aucune donnée personnelle, par opposition aux GAFAM.

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Plutôt que de se heurter à ces géants du numérique, l’éditeur BlueJeans joue la complémentarité. « Nous n’avons pas vocation à être un acteur de communications unifiées global » reconnaît Olivier Guitteny, Enterprise Account Executive chez BlueJeans Network. « Nous sommes des spécialistes de la visioconférence, de la webconférence et de l’audioconférence. C’est notre domaine clé et nous sommes un acteur B2B qui reste notre cœur de métier. »

Pendant la crise, 3CX offre des licences gratuites standard pendant 3 ans pour tout nouveau client, et des licences Pro pendant un an pour les écoles et établissements éducatifs.

Microsoft, Google, rouleaux compresseurs

La récente acquisition de cet éditeur par Verizon a conforté ce positionnement, l’idée étant de se positionner en tant qu’extension naturelle de Microsoft 365 pour organiser des conférences à la fois avec une interface plus simple pour les utilisateurs mais aussi le support des normes de visioconférence du marché. « Nous avons un accord de partenariat avec Microsoft afin de compléter leur offre notamment auprès des entreprises qui ont investi des millions d’euros dans des salles de visioconférence. Celles-ci ne peuvent être utilisées directement dans Teams qui ne supporte pas les protocoles H323 et SIP implémentés dans ces équipements de salle. » Concurrencer ou cohabiter avec Microsoft 365 et Google Suite, tel est le dilemme de tous les acteurs de l’UCaaS car les services Cloud de Microsoft et de Google ont cartonné pendant le confinement. L’utilisation de Google Meet a été multipliée par 30 au niveau mondial. Le service a gagné 3 millions d’utilisateurs en avril 2020 et sa consommation atteint maintenant 3 milliards de minutes de visioconférence par jour. De son côté, Microsoft Teams comptait 20 millions d’utilisateurs par jour au niveau mondial avant le confinement. Ce chiffre est passé à 75 millions par jour. « Beaucoup d’entreprises qui utilisaient déjà la suite Microsoft 365 pour des fonctions collaboratives exploitaient Teams principalement pour du tchat » explique Nadine Yahchouchi, directrice de l’entité Microsoft 365. « A l’occasion de cette crise, celles-ci ont alors exploité la visio. Cette période de confinement a été un vrai accélérateur sur beaucoup de nouveaux usages que les entreprises tardaient à mettre en place. » Outre ces entreprises déjà abonnées à Microsoft 365, beaucoup de PME qui ont profité des offres d’essai gratuit pour franchir le pas. La responsable ajoute : « Nous avons aussi vu arriver des entreprises qui n’avaient pas fait le choix de Teams en début de confinement et qui sont venues à nous suite au manque de robustesse et de sécurité des solutions qu’ils avaient mis en place en début de confinement. Au bout de 3 à 4 semaines, ces utilisateurs se sont tournés vers nous pour disposer d’un outil plus orienté entreprise. »