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Au cœur du business ERP et CRM de plus en plus ouverts

L’ERP, colonne vertébrale, et le CRM, cœur commercial de beaucoup d’entreprises, sont de plus en plus ouverts et flexibles, pour couvrir les besoins métiers et partager les données.

 

Le roi est mort, vive le roi ! L’ERP, socle du système d’information de la majorité des entreprises, se transforme. Il reste utile pour gérer des processus très complexes des différents métiers, est très structurant dans la dématérialisation des processus, et couvre un spectre fonctionnel large. Il offre le référentiel de données de l’entreprise nécessaire à la traçabilité comptable et réglementaire. Aujourd’hui, il s’ouvre de plus en plus aux autres applications, est proposé largement en mode SaaS, voire repose sur une architecture Cloud native.

Les principales attentes des entreprises sont un ERP plus robuste et plus ouvert, facilitant la collaboration, aisément personnalisable, répondant aux exigences des workflows métiers, et utilisable en mobilité. Elles veulent aussi des projets de déploiement ou de migration plus rapides et moins coûteux. Elles souhaitent des solutions agiles et évolutives offrant un bon retour sur investissement. Les ERP préconfigurés par métier, comme le proposent par exemple les éditeurs français Cegid et Divalto, suscitent l’intérêt, pour gagner du temps. En outre, le télétravail dopé par la crise sanitaire accélère le besoin de migrer vers des solutions Cloud accessibles facilement à distance.

Consolidation du SI et migration dans le Cloud

76 % des DSI et ingénieurs informatiques investissent dans la normalisation et la consolidation des applications et 72 % d’entre eux font le choix de la modernisation et la migration des applications dans le Cloud, selon une étude de Boomi. L’éditeur de la plateforme d’intégration du même nom a interrogé 1 675 d’entre eux et a publié les résultats en mai 2021.

Les bénéfices de la modernisation par la migration des suites ERP vers le Cloud reposent selon les répondants sur :
• une amélioration de l’efficacité de l’entreprise (33 %) ;
• une augmentation de l’agilité de leurs technologies informatiques (32 %) ;
• une stimulation de la croissance de l’entreprise (30 %).

58 % des entreprises prévoient que leur système ERP ne sera plus entièrement sur site d’ici 2022. Parmi les obstacles qui freinent la modernisation figurent les contraintes budgétaires (38 %), les environnements informatiques hybrides complexes (37 %) et les blocages de processus liés aux technologies héritées (35 %).

Par ailleurs, 80 % des entreprises françaises souhaitent faire évoluer leur solution de gestion, que ce soit en terme de capacités fonctionnelles, d’accessibilité ou d’ouverture, selon l’étude d’IDC auprès de 480 entreprises françaises de toutes tailles publiée en octobre 2020. Parmi les 31 % d’entre elles qui considèrent l’ERP moteur de la transformation numérique, 81 % estiment que les ERP facilitent la centralisation des données, et 62 % qu’ils permettent des analyses de données approfondies.

 

« Un projet de mise en place du cœur de l’ERP, le module financier, prend en général 6 à 9 mois dans une ETI. »

Olivier Lemaître, Oracle France

 

Les bases installées on premise restent néanmoins importantes, même si les migrations Cloud progressent. Le constat est ainsi fait par Divalto, acteur historique du marché francophone des ERP pour les PME et ETI, qui revendique 12 000 clients actifs : s’il a obtenu en 2019 5 000 nouveaux utilisateurs de son ERP en mode SaaS, le on premise reste important dans sa base installée. Analyse similaire chez Oracle France. « Nous avons encore beaucoup de clients on premise sur nos ERP historiques, nous poursuivons le support, fait remarquer Olivier Lemaître, directeur commercial ERP et Supply Chain Management d’Oracle France. Cela peut s’avérer très difficile de changer dans de grands groupes. Des projets de transformation vers le Cloud sont en cours, s’effectuant plutôt en transition douce qu’en big bang. » Avec l’ERP Fusion Cloud, Oracle cible les ETI et les PME en croissance, qui surfent sur le Cloud pour se développer. Cette solution SaaS en Cloud public est intégrée et flexible, avec une large profondeur fonctionnelle. « Un projet de mise en place du cœur de l’ERP, le module financier, prend en général 6 à 9 mois, conduite du changement incluse dans une ETI, constate Olivier Lemaître. Certains préfèrent souvent étaler leur déploiement de modules d’ERP pour ne pas mobiliser trop leurs ressources, d’autres préfèrent travailler sur différents chantiers dont les processus convergent en même temps. »

Architecture native Cloud

Les éditeurs historiques sont également poussés par ceux qui proposent des plateformes modulaires, natives sur le Cloud, et donc fondées sur une architecture différente des ERP traditionnels. Cegid se positionne ainsi avec Cegid XRP Flex face aux plateformes Cloud comme Microsoft Dynamics 365. L’éditeur lyonnais s’inscrit ainsi dans une logique de plateforme couvrant un large ensemble de fonctionnalités, d’ERP composable conçu pour être ouvert sur l’extérieur, Son architecture repose sur des technologies Microsoft.

Cegid XRP Flex adresse les PME de 20 à 500 collaborateurs. « C’est un outil de conquête des PME en dynamique de croissance, met en avant Norbert Jamet, responsable marketing produit ERP de Cegid. Il nous a permis de capter plus de 100 clients. L’outil offre une capacité en termes de GED et des tableaux de bord préconfigurés par type d’utilisateur pour gagner du temps. L’abonnement mensuel varie de 150 à 4 000 euros, essentiellement en fonction du volume de factures annuelles et avec un nombre d’utilisateurs illimités (sauf au tarif le plus bas). »

« Le déploiement de Zoho One est rapide, il se compte en semaines, et le développement de nouvelles fonctionnalités est accéléré. »

Sridhar Iyengar, Zoho

 

Parmi les concurrents proposant des solutions de gestion intégrées natives Cloud, l’éditeur américano-indien Zoho est un challenger. Il qualifie Zoho One, sa suite intégrée de 45 applications d’ “operating system for business”, similaire à un ERP en termes fonctionnels. Pour Sridhar Iyengar, directeur Europe de Zoho, « un ERP traditionnel coûte très cher (licence, coûts d’implémentation, maintenance, formation). L’avenir de l’ERP est une solution facile à déployer, à utiliser, avec une formation simple des utilisateurs, sans beaucoup de personnalisation. Les acteurs des plateformes Cloud CRM, dont nous faisons partie, offrent des solutions aisément déployables et personnalisables. Le temps, c’est de l’argent ! Notre approche est la même pour Zoho One. Les applications qui la composent sont intuitives, faciles à comprendre et à utiliser. La plupart des processus peuvent être gérés avec nos modules standards et un peu de personnalisation. De plus, nous proposons une plateforme low code au sein de Zoho One pour concevoir des processus métiers, construire des applications spécifiques. L’ouverture d’un ERP à des solutions best-of-breed devient assez compliquée à gérer si l’on a de nombreuses applications qui doivent communiquer entre elles. Nos applications partagent des composants, comme des briques d’intelligence artificielle, des modèles de données. Aussi le déploiement de Zoho One est rapide, il se compte en semaines, et le développement de nouvelles fonctionnalités est accéléré. » Le modèle principal de facturation de Zoho One est un modèle de 37 euros par mois et par employé d’une entreprise, avec un accès possible à toute les applications.

Les solutions de relation client, ou CRM, sont le socle de la dématérialisation des processus cruciaux des fonctions commerciales et marketing et traitent les données en or que sont les données clients.

Mieux exploiter les données clients

Proposées en SaaS depuis plus longtemps que les ERP, elles ont permis de démocratiser les usages Cloud au sein des entreprises. Leur dialogue avec l’ERP est nécessaire. David Pastural, leader France expérience client chez Oracle, explique : « La crise sanitaire a accru le besoin de dialogue rapide entre les modules de l’ERP et le CRM. Les cas d’usage sont nombreux : disponibilité produits, planification des rendez-vous de livraison, demandes de remboursement. Il faut tendre vers la gestion des processus de service client de bout en bout. » L’Oracle Unity Customer Data Platform (CDP) permet d’associer les données clients de sources en ligne, hors ligne et tierces pour créer une vue unique, dynamique et en temps réel par client. Son moteur de machine learning prescrit la meilleure action à réaliser aux services concernés. « Les réseaux sociaux, en appliquant le RGPD, ont limité les nombres de données à exploiter, tempère David Pastural. Avec CDP, chef d’orchestre de l’exploitation des données clients, nous ciblons les grandes entreprises avec un très gros volume de données. Il faut compter six à douze semaines pour exploiter les premiers cas d’usage, car notre solution est totalement ouverte et dispose de modèles métiers prédéfinis facilitant son intégration. Via nous ou nos partenaires, elle dispose de connecteurs avec les solutions des grands acteurs du marché. »

L’ouverture de l’ERP et du CRM aux autres solutions est une attente réelle des entreprises, qui souhaitent partager des données de façon automatisée, et un vrai enjeu pour les éditeurs.

Multiplier les connecteurs

Ainsi, Divalto a ouvert son CRM et son ERP en 2019 via des API, alors qu’il passait auparavant par des web services. Au sein de l’ERP native Cloud Cegid XRP Flex lancé mi-2019, la connexion avec d’autres logiciels s’effectue par API, de façon moins complexe et coûteuse qu’avec l’architecture de la génération précédente d’ERP en mode SaaS. Cegid propose d’ailleurs différents connecteurs natifs, pour être “plug and play”, avec une trentaine d’applications disponibles sur le marché français. L’éditeur peut, lui-même ou via un distributeur, créer les connecteurs nécessaires en fonction des besoins de son client.

> Julia Cames

« Aujourd’hui, une entreprise a en moyenne 50 à 70 outils différents dans son SI, souligne Julia Cames, directrice marketing chez Hubspot, éditeur américain de la plateforme CRM du même nom. Il faut donc proposer des solutions flexibles, et faciles à mettre en œuvre et à interconnecter. Les données clients de l’ERP peuvent ainsi enrichir le tableau de bord du CRM. L’ouverture de notre plateforme CRM évolue rapidement : nous sommes passés de 650 connecteurs en deux mois à 750 connecteurs, mi-2021. Nous avons déjà des connecteurs pour une vingtaine d’ERP. L’enjeu face à des données disparates, est de pouvoir synchroniser les données issues de dizaines d’applications, aussi avons-nous lancé en mars dernier un outil dédié à cette tâche, l’Operations Hub. »

Connecter l’ERP et le CRM aux principaux outils collaboratifs du marché pour faciliter le partage de données est une attente de plus en plus forte des entreprises. « Avec la crise sanitaire, nous développons de nouveaux connecteurs pour se connecter aux outils collaboratifs comme Microsoft Teams ou Sharepoint, qui seront proposés en novembre 2021, indique Christian Dhinaut, directeur marketing produit chez Divalto. Nous sommes en train également d’intégrer des fonctionnalités collaboratives pour 2022, par exemple un bouton de partage de données sur tous les écrans de l’ERP. » Le connecteur de Cegid XRP Flex avec Microsoft Teams est prévu d’ici la fin de cette année.

Relier solutions métiers et collaboratives

La connexion des ERP et CRM aux réseaux sociaux et aux réseaux sociaux d’entreprise est, selon la plupart de nos interlocuteurs, moins une attente forte des entreprises. L’alimentation de l’ERP par des données non structurées issues de réseaux sociaux nécessite de créer des ponts, de sélectionner et préparer les données. Alors que les SI sont de plus en plus complexes, fragmentés et hybrides, les plateformes d’intégration as a service (iPaaS) sont en forte croissance.

L’essor de l’iPaaS

Selon Gartner, le marché est estimé à 2,5 milliards de dollars en 2019 (+48% en un an), et pourrait atteindre 5,6 milliards de dollars d’ici 2024. L’objectif est d’intégrer les données et les processus des différentes applications, dont l’ERP, qui ont leur propre modèle de données, afin d’obtenir une vision consolidée.

L’éditeur américain Boomi spécialiste de l’iPaaS. est très présent sur le marché de la distribution, de la santé, comptant Moderna parmi ses clients. Il souhaite se développer sur le secteur bancaire et compte 580 partenaires intégrateurs. « Notre solution est hybride et peut traiter les données d’ERP sur site, mais aussi des solutions legacy, au besoin via des partenaires, explique Bruno Labidoire, responsable avant-vente chez Boomi. A chaque évolution, ajout de module, il faut s’assurer d’une bonne intégration des données. Nous offrons aussi une plateforme low code pour que les entreprises puissent être rapides et agiles lors de l’ajout d’une nouvelle application dans leur SI et élaborer et automatiser des workflows simplement. »

Si le partage de données synchronisées au sein du SI de l’entreprise est un enjeu majeur, l’ouverture des données vers les partenaires passe encore assez souvent par de l’échange EDI. La mise à disposition des informations que l’on souhaite partager à des tiers via des API progresse néanmoins. Et des éditeurs proposent, tel Cegid pour Cegid ERP Flex, la possibilité d’ouvrir des accès à des clients ou fournisseurs sur certaines fonctionnalités et périmètres de leur solution.

Ainsi, la crise a limité les budgets et donc les projets d’ampleur, au profit des solutions Cloud as a service et des ERP composables. Aujourd’hui les départements des entreprises ont le choix, pour chaque grande fonctionnalité, entre le module intégré de l’ERP, la solution best-of-breed à connecter à l’ERP, voire, pour des besoins pointus, développer une application soi-même ou accompagné par un intégrateur par les plateformes PaaS low code.