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Cloud du Pentagone: c’est Azure qui remporte le contrat de 10 milliards de dollars

C’est la fin du feuilleton techno-économico-juridico-politique du contrat Jedi. Microsoft, avec Azure,  se voit attribuer le contrat du siècle, le Cloud du Pentagone, pour un montant potentiel de 10 milliards de dollars.

Le Département américain de la Défense a annoncé vendredi avoir attribué à Microsoft le contrat géant de stockage de données dans le Cloud, dont l’appel d’offre avait été rendu public il y a 15 mois, en juillet 2018. Le contrat JEDI (Joint Enterprise Defense Infrastructure), d’une durée maxima de dix ans, concerne le déploiement d’une nouvelle architecture de stockage.

La décision stratégique est de remplacer de nombreux datacenters dispersés par une sous-traitance avec un unique prestataire, dans le Cloud.Le Pentagone a choisi de l’ attribuer à un seul prestataire , plutôt que de le scinder en plusieurs appels d’offres. L’objectif est en effet d’unifier les SI de la Navy, de l’armée de Terre et de l’US Air Force, qui utilisent des Clouds séparés, ce  qui ne permet pas une analyse automatique en temps réel. « Celui qui a l’avantage sur le champ de bataille, c’est celui qui a accès à la meilleure information, qui puisse être analysée pour permettre de prendre une décision à l’endroit et au moment nécessaire », avait souligné, selon l’AFP,  le chef des technologies de l’information du Pentagone, Dana Deasy, dans un communiqué annonçant cet appel d’offre. « Cet avantage ne peut être obtenu sans une approche globale d’adoption de la technologie du cloud », concluait-il.

Le contrat a une durée initiale de deux ans, il renouvelable deux fois pour trois ans, et une dernière fois pour deux ans.

La fin d’un feuilleton politico-judiciaire

Mais c’est surtout la fin d’un feuilleton politico-judiciaire. La décision, qui devait être prise au printemps, avait été retardée par des accusations de conflits d’intérêt et de favoritisme à l’égard d’Amazon.

Google s’était retiré de la course en octobre 2018, estimant d’une part qu’une solution multi-cloud aurait été plus appropriée que le recours à un seul prestataire, d’autre part à cause de la protestation de nombre de ses employés  estimant que cette collaboration avec les militaires était contraire aux valeurs de l’ entreprise.

Oracle et IBM avaient renoncé à la compétition, estimant les conditions d’attribution inéquitable, Oracle ayant même porté l’affaire devant les tribunaux. La société avait intenté une action en justice pour réclamer une enquête sur les soupçons visant un ancien employé du gouvernement. Cet ancien d’Amazon, proche du précédent Secrétaire d’état à la défense, le géneral James Mattis, avait joué un rôle clé dans dans le processus de décision. Depuis, James Mattis avait démissionné en décembre, en désaccord avec Donald Trump, notamment sur la Syrie.

Et c’est Donald Trump lui même qui avait demandé au nouveau secrétaire à la Défense, Mark Esper, nommé le 23 juillet 2019, de mettre fin à ces rumeurs de favoritisme . Ce dernier avait annoncé le 2 août suspendre le processus d’attribution du contrat.

Beau temps pour Azure

C’est une victoire pour la firme de Redmond, dont  la division « Cloud intelligent » (Azure, Windows Server, SQL Server…) a rapporté, pour son 4e trimestre fiscal 2019, 11,4 milliards de dollars de chiffre d’affaires, soit 33,8% de son chiffre d’affaires total, et  en croissance de 64% par rapport à l’année précédente.  

Le beau contrat peut cependant se révéler à double tranchant. Il marque la confiance décernée à Microsoft. Mais il pourrait également susciter la méfiance, hors Etats-Unis, de certains qui pourraient y voir une dépendance accrue de Microsoft vis à vis du gouvernement américain, dans le contexte du Cloud Act.