Accueil Robotique Avec MiroKaÏ, Enchanted Tools entend changer le visage de la robotique humanoïde

Avec MiroKaÏ, Enchanted Tools entend changer le visage de la robotique humanoïde

La startup française, cofondée il y a dix-huit mois par Jérôme Monceaux – cocréateur d’Aldebaran Robotics et de Pepper et Nao -, a dévoilé au salon Vivatech le nouveau prototype de son robot humanoïde MiroKaÏ, après la présentation d’un premier prototype au CES de Las Vegas et à la conférence SxSW à Austin.

Dans les hôpitaux, les maisons de retraite, les aéroports, les salons professionnels, les hôtels ou les restaurants, il est essentiel de soulager les personnels des tâches logistiques éreintantes, afin de leur permettre de se concentrer sur l’aspect humain de leur métier. Dans cet objectif, Jérôme Monceaux a créé MiroKaÏ, un robot-personnage au design inspiré de l’animation, capable d’interagir en se focalisant sur l’émotion. Le nom MiroKaÏ, issu d’une ancienne langue indo-asiatique, signifie  « exister par le regard de l’autre ». La conviction de Jérôme Monceaux est que la robotique peut être merveilleuse et réenchanter le monde plutôt que de le déshumaniser.

Avec son associé, Samuel Benveniste, qui a travaillé durant dix ans au « living lab » de l’hôpital de gériatrie Broca, leur équipe d’une cinquantaine de personnes et le soutien d’un large écosystème de startups, centres de recherche et ONG, Enchanted Tools travaille actuellement sur l’adoptabilité de ses robots. « MiroKaÏ a des aptitudes de déplacement grâce un globe roulant et nous travaillons sur sa « compliance », c’est-à-dire l’amélioration de sa capacité à interagir efficacement avec l’environnement humain, à s’adapter aux variations du terrain et à augmenter sa fiabilité et sa sécurité lors de ses déplacements », explique à Solutions Numériques Laurent Vasse, le directeur de l’industrialisation.

Prendre des objets et les déposer à un endroit précis

Ce qui distingue par ailleurs MirokaÏ des autres robots humanoïdes est sa fonction de
« grasping ». « Le robot, qui comprend les ordres donnés en langage naturel (NLP) et les exécute, est capable de prendre des objets et de les déposer à un endroit précis, en utilisant des poignées en forme de cylindre », souligne Laurent Vasse. Selon ses créateurs, ces poignées fixables sur n’importe quel objet, comme par exemple un plateau, atteignent une taux de réussite de 97 % lors de la saisie. « En termes de cas d’usage, cela peut être utile dans tous les endroits où les travailleurs doivent déplacer de petits objets. Le robot ne les remplace pas mais les assiste, afin de réduire leurs charges mentale et de travail », poursuit-il. Enchanted Tools a également développé des « tags », petits galets cylindriques intégrant des capteurs Bluetooth, identifiables par le nom d’une personne ou d’un objet. « Si cette personne en porte un dans sa poche, le robot est capable de la localiser, déclare Laurent Vasse. On peut aussi poser la galet sur une table et demander au robot d’amener, par exemple, un plateau sur cette table ».

@Hopital Broca AP-HP

Une commercialisation prévue en 2025

Enchanted Tools, qui arrive au terme de la période de R&D, va commencer dès à présent sa phase d’industrialisation. Après les différentes étapes de validation et de tests, la startup assurera l’assemblage et l’intégration de son robot, ainsi que la fabrication des préséries avec différents partenaires, dans une usine située dans la capitale. Elle recrute actuellement des experts en mécatronique, intelligence artificielle et industrialisation.
« Nous cherchons un espace de 2 000 mètres carrés à Paris pour construire une « pilote line », un première ligne d’assemblage. Ce sera une usine urbaine ouverte aux visiteurs, précise le directeur de l’industrialisation. Nous souhaitons ensuite ouvrir en 2025 une usine capable de fabriquer davantage de robots ». L’objectif d’Enchanted Tools est de produire 100 000 robots en dix ans.

« Il y a dix huit mois, l’entreprise a vu le jour grâce à un « business angel » qui a investi 15 millions d’euros dans la société », raconte-t-il. Elle a obtenu le label « deeptech » de la BPI ainsi qu’une aide au développement d’1,5 million d’euros. « Une nouvelle levée de fonds de 50 millions d’euros est en cours auprès de plusieurs investisseurs et de BPIfrance, ce qui nous permettra de finaliser notre plan d’industrialisation et de préparer la commercialisation prévue en 2025 ».

@Hopital Broca AP-HP

De nombreuses institutions ont déjà témoigné de leur intérêt pour MiroKaÏ, notamment l’ISIR, un laboratoire de recherche en robotique. Afin de qualifier ses différents cas d’usage, Enchanted Tools travaille notamment avec des partenaires dans le monde du médical et du soin. « L’AP-HP est partante pour nous aider dans la mise en œuvre de robots dans des phases d’étude qui nous permettront de confirmer les besoins et d’apporter les ajustement nécessaires », confie Laurent Vasse. Enchanted Tools étudie également les interactions du robot avec les patients de l’hôpital Broca. « Nous suivrons le même processus dans un grand nombre d’autres dorsales, telles la restauration », déclare-t-il.

 

Patricia Dreidemy