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Les projets de la Dinsic

Datacenter

Passer de 120 datacenters à 20

Les projets e la Dinsic sont nombreux, mais on peut évoquer la réduction du nombre de datacenters de l’Etat. « Une des missions de la DINSIC est d’accompagner les ministères pour passer de 120 datacenters à une vingtaine, aux meilleures normes et au meilleur état de l’art. » Il s’agit de mutualiser, à la fois pour faire des économies et gagner en efficacité. « En gros, tous les mois, on en voit un qui s’éteint, et cette année, on devrait lancer 5 datacenters très structurants », précise Henri Verdier.

Un Cloud d’Etat

Autre chantier, le Cloud : « Les données des citoyens français, de santé et fiscales, devront être détenues dans un Cloud de l‘Etat. » qui devrait être ouvert cette année 2016.

Les RH

Un travail très important de ressources humaines est également à mener. « Il y a plusieurs dizaines si ce n’est centaines de corps différents pour les informaticiens dans l’Etat [NDLR : au nombre de 18 000]. On essaie de les faire converger pour mieux construire les trajectoires, les formations… ». Et puis, il va falloir réorganiser les nouvelles grandes régions avec du numérique, en développant notamment le télétravail, un besoin lié au fait que de nombreux emplacements ont été gardés dans les anciennes petites régions.

Côté SIRH, le chantier est tout aussi énorme. Si le système centralisé de paie des fonctionnaires (SI-Paye) a été abandonné au printemps 2014 par l’ancienne Disic -ce ratage devrait coûter 1 milliard d’euros selon le Senat – « ce n’est pas une raison pour laisser diverger dans tous les sens tous ces SI ». La DINSIC accompagne donc des mutualisations plus progressives et des rénovations plus modestes mais concrètes.

La gouvernance des données

Enfin, on peut parler de la gouvernance de la donnée dans l’Etat. Si ce n’est pas d’hier que l’Etat fonde de nombreuses actions sur des données qu’il produit bien souvent lui-même, il faut désormais prendre en compte les nouvelles données à disposition que l’Etat ne connait pas assez, comme celles de l’informatique de gestion et les données partagées par les citoyens, ainsi que « la révolution des data sciences », qui au-delà des statistiques, conduisent à des « data driven stratégies ».

Revoir la conduite des projets

La DINSIC est armée pour faire un audit et possède un droit de veto sur tous les projets de plus de 9 millions d’euros. Mais « une bonne DINSIC ne devrait bloquer aucun projet, parce qu’elle aura réussi à empêcher qu’il arrive au point de catastrophe », soutient Henri Verdier. Il développe sa pensée : « On essaie de prendre tôt les projets, de débattre avec les ministères, de chercher d’autres trajectoires. Le seul moyen de garantir la sécurité complète de l’Etat, du contribuable et du Premier ministre, c’est de trouver, de densifier et d’acculturer dans l’Etat la méthode de conduite de projet qu’impose l’époque, plus agile, avec des gouvernances plus resserrées et plus en confiance envers les développeurs. » Henri Verdier veut aussi revoir la relation avec les fournisseurs. « Je n’ai pas un discours anti sous-traitance, mais il y a un trouble dans la relation avec les fournisseurs. Dans le monde d’où je viens, de la start-up, on sous-traite, mais des choses que l’on sait faire soi-même. On est capable de dire: “mais j’aurais pu le faire en 24 heures”. Il faut être assez compétent pour challenger le fournisseur ». Si ce n’est pas tant le volume de sous-traitance qui pose problème, c’est bien son cadre, et la perte de compétences en interne, qui mènent à la perte de la maîtrise de l’informatique de l’Etat. Il faut « reprendre de la capacité d’action ».

Pour Henri Verdier, il faut inventer « l’agilité des grands projets ». Aujourd’hui, la sur-spécification, puis le sur-contrôle, puis la recette ne représentent pas le meilleur moyen de piloter un projet, affirme-t-il. Et de recommander quand c’est possible « l’agile pur » avec l’aide de deux ou trois développeurs disposant d’une « grande autonomie stratégique », et « un open lab, avec des usagers réels, qui se réunit tous les 15 jours… »… Mais il restera à « inventer l’agile des grands projets » selon ses mots. Car « on ne peut pas faire un SIRH en agile pur. Il faut quand même payer 2,5 millions de fonctionnaires tous les mois, sinon tout s’arrête ! ». Il y a là pour lui une première transformation numérique à mettre en place. « On va chercher les meilleures compétences dans l’Etat, la recherche et les entreprises. Cette révolution s’invente en ce moment même ». En s’appuyant sur des profils compétents en interne, en s’inspirant d’exemples réussis, de techniques et de méthodes innovantes. Et de conclure : « Ce n’est pas seulement en contrôlant les grands projets que l’on va les empêcher de déraper. Il y a un travail de changement culturel dans l’ensemble de nos organisations. » On peut compter sur Henri Verdier pour trouver « ceux qui connaissent » et provoquer « les rencontres fécondes ».

Promouvoir les stratégies numériques

Au delà de ces projets essentiels, Henri Verdier revendique aussi pour la DINSIC une mission d’ « acclimatation dans l’Etat de stratégies proprement numériques », comme l’open data ou le « gouvernement ouvert » (mouvement né dans le sillage de l’open data qui travaille sur des logiques de l’action, plus transparentes, ouvertes et contributives, illustré par exemple par le débat public sur la « Loi Lemaire ». La France présidera en 2016 le « Partenariat pour un gouvernement ouvert » qui rassemble 69 pays et des centaines d’ONG coopérant sur ces questions. De même, des projets comme France Connect, l’Etat plateforme ou la diffusion des datasciences lui semblent essentiels à la diffusion de cette « modernité numérique ».

 


 

Le logiciel libre, pour la maîtrise du destin de l’Etat

Voilà un sujet très important pour Henri Verdier. « Le Libre, c’est parfois des socles technologiques plus robustes que l’on est bien content de maîtriser. C’est aussi le chemin de la sécurité, pour être sûr qu’il n’y a pas de backdoor. Parfois, c’est un chemin pour faire des économies probantes, notamment dans le Big Data. Mais cela ne doit pas être réduit à une stratégie d’achat. Certes, pour moi, mieux vaut prendre un framework open source standard sur un PC que d’acheter des solutions as a service. »

Mais surtout, le Libre est pour Henri Verdier « un moyen pour l’Etat de reconstruire sa capacité d’action et plus en harmonie avec des écosystèmes innovants, avec la société numérique, pour développer des services ouverts, transparents, coproduits. Le Libre est un chemin pour aller vers des communautés de contributeurs. » Henri Verdier souhaite que l’Etat en soit une figure importante. Une stratégie en cours d’écriture : produire avec le libre et en faire partie. « La souveraineté, c’est ça. J’ai les mains sur le volant et je peux tourner à gauche et à droite. Le Libre fait partie de la réponse à la maîtrise de son destin. » Mais attention, prévient-il, « adopter des solutions libres alors si vous n’avez pas de vrai codeur dans votre ministère, c’est idiot. »

 

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« Le Libre est un moyen pour l’Etat de reconstruire sa capacité d’action et plus en harmonie avec des écosystèmes innovants, avec la société numérique, pour développer des services ouverts, transparents, coproduits. »