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Partage d’expérience – Les huissiers confortent leur usage du numérique

Marc Aurèle Carucci
Marc Aurèle Carucci, huissier à Rouen et membre du bureau de l’union nationale des huissiers de justic

Répartis dans 1 800 études, 3 200 huissiers et leurs 12 000 salariés couvrent le territoire français. L’un d’entre eux, Marc Aurèle Carucci, huissier à Rouen et membre du bureau de l’union nationale des huissiers de justice, évalue l’impact de la crise sanitaire sur ses activités, en commençant par rappeler que les huissiers de justice ne découvrent pas les bienfaits du numérique.

 

La profession a créé en 2001 une filiale, l’Adec, qui fournit aux études services et solutions métier, mais qui est surtout à l’origine de la création de flux EDI entre les donneurs d’ordre publics et privés et les huissiers. « Avant la crise nous utilisions une GED, et échangions entre confrères des actes ou leur projet, autant que possible par mail lorsque la loi n’oblige pas à recourir au papier, et utilisions quelquefois des VPN pour consulter pendant les week-ends des dossiers. », résume Marc Aurèle Carucci.

Le secteur a subi la mise en place du confinement, la chute d’activité a été brutale et n’a pas permis de généraliser le télétravail. « Nous ne pensions jamais appliquer les politiques de continuité d’activité que nous avions élaborées. La période a été un test grandeur nature pour assurer la sécurité de nos salariés et délivrer un service envers les justiciables. Il y a eu bien sûr l’adoption de la visioconférence, mais nous avons dû aussi innover, par exemple en réalisant pour les particuliers des constats à distance, en prenant le contrôle de leur téléphone ou de leur tablette », indique Marc Aurèle Carucci. « Les plateformes exploitées n’ont fait l’objet d’aucun dysfonctionnement, au contraire le SaaS s’est montré un allié du télétravail ». Les huissiers réalisent depuis 2012 leurs significations par voie dématérialisée et confient l’archivage de ces documents à CDC Arkhineo.

Chaque année, un million d’actes sont injectés à distance dans le SAE du tiers archiveurs pour y être conservés pendant 25 ans. « Nous utilisons désormais à plein régime nos outils numériques, en particulier les VPN, avec l’espoir de pouvoir nous appuyer à terme sur une structure 100 % digitale, mais des obstacles demeurent du côté du ministère de la justice. La chaîne civile Portalis par exemple, qui vise la dématérialisation complète des démarches judiciaires, n’est pas finalisée complètement, nos réseaux privés virtuels et celui de la justice ne sont pas connectés, nous n’avons pas de connexion directe avec la chaîne pénale, les pièces ne sont pas signées électroniquement… Toutes ces ruptures dans la chaine numérique sont à traiter en priorité ».