Accueil Jet d’encre ou laser : à quelle techno se fier ?

Jet d’encre ou laser : à quelle techno se fier ?

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On pourrait les croire à bout de souffle, mais les technologies d’impression évoluent encore. A l’heure de la dématérialisation, que valent les avancées du jet d’encre et celles du laser ?

Chaque entreprise qui rationalise son parc d’imprimantes est amenée à choisir entre laser ou jet d’encre. Les deux technologies s’affrontent réellement, le jet d’encre venant depuis déjà quelques années contester au laser sa suprématie dans les bureaux. Côté fabricant, on choisit son camp, quand on ne fait pas purement et simplement cohabiter les deux offres dans le même catalogue. C’est le cas de Brother, Canon, Epson et HP, quatre mastodontes du secteur qui destinent leurs gammes jet d’encre et laser à toutes les typologies d’entreprise.

Imprimante laser couleur Brother multi-fonctions à 30 pages/mn MFC-L8850CDW
Imprimante laser couleur Brother multi-fonctions à 30 pages/mn MFC-L8850CDW

Au cœur du business, la valeur marchande des périphériques ne pèse presque rien face à celle des consommables et désormais celle des services managés (MPS). Déjà très concurrentiel, le secteur s’est complexifié avec un nouvel arsenal de services. Sans compter l’avènement des multifonctions et sa surenchère d’offres à travers lesquelles les tâches d’impression sont loin d’être déconnectées de l’entreprise numérique. C’est du moins ce qu’espèrent les fabricants, qui auraient d’ailleurs plutôt tendance à forcer le trait, même si la plupart reconnaissent que l’impression glisse inéluctablement sur la pente qui la conduira à sa belle mort. Ils ont, dans tous les cas, à résoudre une sérieuse équation : préserver la vente de solutions matérielles générant celle des consommables, et, donc, la plus grande part de leurs revenus. Ils cherchent dans le même temps à s’inscrire dans ce qu’il est convenu d’appeler la transformation digitale des entreprises. Ces professionnels restent confiants. Ils considèrent qu’une demande de plus en plus pointue associée à de nouveaux modes d’organisation et de gestion de l’information est indissociable des ressources technologiques. Pour eux, les périphériques d’impression sont devenus des pivots de la gestion du document dont le rôle est de rationaliser les coûts et d’optimiser la circulation des données. Ils estiment en outre que le document imprimé conserve encore largement sa place dans un cycle de vie étendu des données, et que perdurent les choix fondamentaux liés à l’option laser ou jet d’encre : envisager la couleur plutôt que le monochrome, obtenir des sorties de qualité, tenir compte des consommables et de leur durée de vie, estimer les volumétries mensuelles, penser aux coûts cachés, anticiper les évolutions. La tendance du marché confirme leur optimisme général. Parmi les dernières études, celle d’IDC confirme en Europe la reprise du marché de l’impression au premier trimestre, et plus particulièrement en France qui fait mieux que l’Allemagne et le Royaume Uni. Quant aux possibilités de voir le cœur des imprimantes évoluer, plusieurs pistes sont dessinées par les experts.

HP, comme Brother, Canon et Epson font cohabiter jet d’encre et laser dans le même catalogue
HP, comme Brother, Canon et Epson font cohabiter jet d’encre et laser dans le même catalogue

De l’affrontement à la complémentarité

Les parcs de périphériques sont encore aujourd’hui essentiellement composés de solutions laser, mais cela pourrait bien changer à terme. A l’heure du renouvellement des machines, des alternatives existent. En tout cas, les défenseurs du jet d’encre voient l’avenir en rose : le procédé n’est plus onéreux ni lent, la qualité délivrée convient à la plupart des travaux et, surtout, le coût à la page a considérablement chuté, devenant désormais plus bas que celui du laser. La segmentation que le marché opérait hier en destinant le jet d’encre à l’impression de photos dans un environnement domestique et le laser à la production professionnelle n’a plus lieu d’être. “Le jet d’encre fait son chemin, il se renforce et capitalise sur ses atouts, notamment avec des vitesses totalement comparables à celles du laser, une réactivité plus grande, une meilleure polyvalence en termes de support d’impression, une consommation d’énergie moins importante et une technologie 100 % propre sans aucune émission de gaz d’ozone ni de problème au moment de changer les cartouches. Ces évolutions ont changé la donne ces dernières années. Là où le jet d’encre permettait hier d’adresser seulement certains segments de gamme, il couvre aujourd’hui beaucoup plus de besoins et permet de construire un parc plus uniforme pour tirer profit d’un coût à la page bas et réduire l’empreinte écologique”, note Pierre-Antoine Monfort, chef de produits business chez Epson.

« Beaucoup d’entreprises hésitent à adopter le jet d’encre par crainte du changement technologique, alors que c’est dans ce domaine qu’il faut attendre le plus de valeur ajoutée . »

Pierre-Antoine Monfort, Epson

A en croire les fabricants, les entreprises ne se posent plus aujourd’hui la question de l’équipement en termes techniques. Elles attendent des périphériques retombées économiques, polyvalence et simplicité d’utilisation. “À l’heure de l’usage généralisé des tablettes et d’une certaine conscience environnementale, les entreprises voient l’impression comme un mal nécessaire, comme un poste de coût. On cherche à imprimer moins et mieux pour réduire la facture. Applications, volumes, formats, pics de production sont autant de critères qui orientent vers l’une ou l’autre des technologies voire vers les deux à la fois, avec un niveau de qualité accepté aujourd’hui par les utilisateurs quel que soit leur choix entre laser et jet d’encre”, explique Philippe Pelletier, directeur du marketing business imaging group chez Canon. Si la technologie ne semble pas importante pour les entreprises, ce qui en découle est en revanche essentiel. Les acteurs de la filière en sont convaincus, la technologie est un moyen de rationnaliser l’impression. Mais il faut l’associer aux usages et jouer sur les leviers de la complémentarité, surtout lorsque les deux types de périphériques sont proposés par le même fabricant. Des argumentaires sont alors nécessaires pour assurer la vente des produits. Un peu comme des concessionnaires de voitures chargés d’écouler des véhicules essence et diesel, les spécialistes de l’impression segmentent leurs offres en fonction de ce que l’utilisateur cherche à en faire. Avec des modèles techniquement à la pointe d’un côté comme de l’autre et comparables sur le plan de la qualité d’impression couleur ou monochrome, les solutions sont conçues pour couvrir tout le marché et ne se différencient dès lors que par l’usage qu’on leur réserve. “On parle plus volontiers de l’offre couleur que de l’offre technologique”, illustre Nicolas Cintré, chef de produits chez Brother.

Pelletier-Philippe« Les technologies sont faites pour évoluer, jusqu’au jour où l’une d’entre elles prend le pas sur les autres. Ce n’est pas encore le cas entre le laser et le jet d’encre. »

Philippe Pelletier, Canon


Un demi-siècle d’évolutions

Comment les deux principaux procédés d’impression ont-ils évolué au cours des dernières décennies ? D’abord en 1963, au moment où Teletype développe l’Inktronic, première imprimante à jet d’encre dont l’impressionnante tête d’impression est un récipient d’encre liquide dans lequel sont pratiqués des trous microscopiques. Un système de magnétisation aspire et projette des gouttelettes sur la feuille pour former des points. Les résultats sont assez grossiers mais suffisamment convaincants pour considérer que c’est là le point de départ de l’impression bureautique. Un autre évènement marque l’histoire de l’impression. En 1969, Gary Starkweather, jeune diplômé embauché dans le département copieurs de Xerox, a une idée visionnaire. Il veut créer un type radicalement différent d’imprimante en numérisant une image pour la transférer sur un support via le procédé électrostatique des photocopieurs, puis utiliser la chaleur pour faire fondre de minuscules grains de toner sur un morceau de papier. Le laser est né.

Toshiba2-250pxUne laser aussi grosse qu’une voiture

Mais il faudra attendre une dizaine d’années pour voir la première imprimante de ce type commercialisée. Seul inconvénient, elle a la taille d’une petite voiture de l’époque et coûte aussi cher. Dans le même temps, le jet d’encre s’invite à la maison, avec des modèles bon marché mais limités dans leur qualité d’impression. Les imposantes imprimantes laser restent quant à elles au bureau, amorçant, il y a près d’un demi-siècle, leur pénétration du monde professionnel. Depuis, les deux technologies ont évolué en parallèle sous l’impulsion de nombreux fabricants, chacun revendiquant à coup de brevets la paternité des avancées les plus spectaculaires : fiabilité, vitesse et couleur pour le laser, précision, qualité et encombrement pour le jet d’encre.

 


EN CHIFFRES…

 Top 5 des vendeurs

Le marché de l’impression reprend

Selon IDC, les livraisons d’imprimantes et de multifonctions ont progressé de 2,6 % en volume au premier trimestre 2015 en Europe de l’Ouest, après avoir crû de 2,9 % en l’an dernier.

Tous les segments du marché progressent : 2,7 % pour les ventes de MFP laser ou jet d’encre, 21, 6 % pour les imprimantes jet d’encre, 6,3 % pour les multifonctions laser (couleur et monochrome), 6,9 % pour les imprimantes jet d’encre A3, 83,6 % pour les imprimantes jet d’encre A3 professionnelles, 4,5 % pour les imprimantes monochromes. A travers ces bons résultats, qu’IDC explique par la consolidation des services d’impression managés, il faut noter le dynamisme du marché français qui enregistre une hausse des ventes de 9,2 % alors que l’Allemagne se contente d’une progression de 3,5 % et que le Royaume-Uni enregistre un recul de 6,4 %. Les offres professionnelles ont progressé dans l’Hexagone de 22,3 %, celles du grand public de 8,3 %. En outre, le jet d’encre a profité d’un boom des ventes de 10,1 % tandis que le laser enregistrait une progression de 7,8 %.