
Réseaux sociaux, messagerie, média, transactions bancaires, il faut bien que les informations arrivent jusqu’à nos smartphones et ordis. Gilles Calligaro, CEO d’Arteria, filiale télécom de RTE, développe le sujet pour nos lecteurs.
Les données circulent aujourd’hui à une vitesse vertigineuse, reliant les besoins et les interlocuteurs à travers le globe. Cette fluidité repose sur une infrastructure numérique complexe, comparable à un réseau routier ultramoderne où chaque élément joue un rôle crucial pour assurer la continuité des échanges.
La fibre optique constitue la colonne vertébrale de ce système, capable de transmettre des volumes de données colossaux à travers les continents et sous les océans. Cependant, cette performance ne pourrait être atteinte sans une connectivité au plus proche de l’utilisateur, sans capillarité locale de concentration des données, sans hubs logistiques essentiels comme les datacenters, qui stockent, traitent et redistribuent ces informations en temps réel, et sans de grandes artères à fortes capacités reliant ces nœuds locaux, offrant ainsi de gros débits de données transportées à très grandes vitesses, afin de connecter les fournisseurs de services, où qu’ils soient, aux utilisateurs.
Le trafic de données a augmenté en France de 30,7 % entre fin 2021 et fin 2023, et devrait être multiplié par 5 d’ici 2030. Dans ce contexte, l’Etat et les opérateurs mobiles ont fortement investi sur la couverture des territoires. Mais tous ces échanges de données se concentrent sur ces grandes artères.
Exploiter et optimiser les infrastructures existantes
La capacité d’exploiter et d’optimiser les infrastructures existantes devient un levier stratégique. Par exemple, l’intégration des pylônes électriques existants, transportant de la fibre, dans les projets de déploiement télécoms est une solution pertinente pour limiter l’empreinte écologique, réduire les coûts, accélérer la mise en place de réseaux à grande échelle, tout en maillant le territoire au plus proche des utilisateurs finaux. Ce type d’approche, fondée sur l’innovation et la synergie entre ressources, constitue un atout majeur pour surmonter la fracture numérique, répondre aux défis de la croissance des usages et favoriser un développement économique inclusif.
Au-delà des enjeux techniques, il s’agit également d’adopter une vision stratégique intégrant des solutions à long terme, où chaque acteur du numérique contribue à bâtir un écosystème résilient et performant. La mutualisation des savoir-faire, combinée à une expertise poussée dans la gestion et l’optimisation des infrastructures, est essentielle pour anticiper les évolutions futures du trafic et garantir une connectivité fluide et sécurisée.
Pour la France, le défi est clair : se positionner comme un leader dans cette transformation numérique en investissant dans des technologies innovantes et en misant sur des partenariats solides entre acteurs publics et privés. En s’appuyant sur des compétences de pointe et une capacité à innover, notre pays peut bénéficier d’une véritable « autoroute numérique » durable, sûre, résiliente et souveraine, garantissant à ses citoyens et à ses entreprises un accès à des réseaux robustes, tout en préservant l’environnement.
L’avenir numérique repose sur une infrastructure invisible mais omniprésente, un réseau qui doit non seulement répondre aux exigences croissantes des utilisateurs, mais aussi incarner une vision d’avenir. C’est en combinant technologie, innovation, expertise et responsabilité sociétale que cet avenir pourra être construit.