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Qui est (vraiment) Elon Musk ? Les 12 clés pour le comprendre (1e partie)

Rarement, pour un entrepreneur, la question de la personnalité s’est posée à ce point : qui est l’homme ? Après l’extraordinaire succès météorique du business man, trublion de la communication, une facette sulfureuse du personnage a émergé en ce début d’année, avec une irruption dans la politique et des prises de position controversées.

Il a été mon livre de chevet, sur les congés de Noël : “Elon Musk”, tout simplement, la biographie de 600 pages de Walter Isaacson, ex-rédacteur en chef de Time, qui dresse le portrait du patron de X, et permet de comprendre la personnalité de cet entrepreneur hors norme.

Avec une fortune estimée à 421 milliards de dollars en janvier 2025 (1e fortune du monde, loin devant Jeff Bezos à 233,5 Md), une audience de 215 millions d’abonnés sur X, le pouvoir sur une plateforme qui compte 570 millions d’utilisateurs actifs par mois, la mission de remodeler l’administration fédérale américaine à sa façon, la main sur les communications d’une partie de la planète au travers de Starlink, le génial et fantasque homme d’affaires a une puissance et une influence incommensurables.

L’actualité montre l’ouragan qu’il sème actuellement dans l’administration de Washington. Missionné par Donald Trump, aux commande du DOGE, le tout nouveau « département de l’efficacité gouvernementale », l’homme le plus riche du monde, comme aux commandes d’une Tesla dans un magasin de porcelaine, sabre sans états d’âme ni respect d’aucune règle et sans délais dans les effectifs des fonctionnaires. Sur les 2 millions d’agents, 100 000 à 200 000 devraient être remerciés, et l’administration devrait à terme économiser 1 000 milliards de dollars par an.

Lucide et sans filtre, il le confesse :

 « A tous ceux que j’ai pu choquer, j’ai envie de dire : j’ai réinventé la voiture électrique et je vais envoyer des gens sur Mars dans une fusée. Vous n’imaginiez pas qu’en plus je serais un mec tranquille et normal ? »

La biographie de de Walter Isaacson, fourmille d’anecdotes. Avec cette méthode qui a fait la réputation des journalistes américains, l’auteur s’est basé sur des entretiens avec plus de 150 personnes : tous les proches, et même ses adversaires ont été interrogés. « Elon Musk m’a autorisé à l’accompagner pendant 2 ans, m’invitant à assister à ses réunions professionnelles, se livrant lors de dizaines d’entretiens, me donnant accès à des e-mails et des SMS, encourageant ses amis, ses collègues, sa famille, ses adversaires et ses anciennes épouses à me parler. Il n’a pas demandé à lire ni n’ a lu ce livre avant sa publication et il n’a exercé aucun contrôle sur son contenu », précise l’auteur. Publié avant la nouvelle ère « politique » consécutive à la nomination de Trump et au nouveau rôle de Musk, le livre donne déjà le tournis en décrivant le tourbillon de sa carrière et de sa vie familiale.

Voici ma tentative de résumé en quelques grands traits de caractères d’Elon Musk.

 1. Un « geek » avant tout

Pour comprendre Musk, il faut comprendre qu’il est un « techos » avant tout. A 12 ans, il s’achète avec ses économies un Commodore Vic-20, apprend à programmer en Basic, se fait offrir l’année suivante un PC IBM et s’initie aux langages Pascal et C++. A 13 ans, il a développé 3 jeux qu’il vend au magazine PC & Office Technology. Une addiction pour la vie aux jeux vidéo est née.

En 1995, dans les débuts d’internet, il a l’idée de développer un des premiers logiciels de cartographie, pour remplacer les Pages Jaunes, en intégrant un annuaire d’entreprises, localisables d’un clic de souris sur la carte. Révolutionnaire à l’époque. Il dépose un brevet et crée sa première société, Zip2. Elle sera achetée 307 millions de dollars par Compaq Computer en 1999, qui cherche un nouvel élan pour son moteur de recherche AltaVista. Musk s’offre un appartement et une Mc Laren F1, la voiture de série la plus rapide de l’époque.

2. Visionnaire

Concernant le véhicule autonome, les fusées vers mars et la colonisation de la planète de cette planète ou Neuralink par exemple Trump a besoin d’avoir une vision ambitieuse et prophétique pour ces projets. Le robot taxi, par exemple, selon lui  « est un produit historiquement méga révolutionnaire, qui va tout transformer et fera de Tesla une compagnie de 1000 milliards. Les gens parleront de ce moment dans 100 ans » .

La vérité derrière le rachat de Twitter

Début 2022 la vente de titres de plusieurs de ces sociétés lui a rapporté 10 milliards de dollars «  je n’avais pas envie de juste laisser cet argent à la banque,  alors je me suis demandé quel produit j’aimais bien, la réponse était simple, c’était Twitter. »

Isaacson analyse : Twitter constitue pour lui un terrain de jeu idéal . En effet cette plateforme privilégie les joueurs impulsifs irrespectueux et sans filtre… Si vous êtes le plus riche et le plus malin de tous vous pouvez décider de devenir le roi de cette cour de récréation ». Comme le montre la capture d’écran, il avait déposé courant janvier plus de 66 000 messages!

En fait, une vingtaine d’années plus tôt en 1999, après la vente de sa première entreprise, il fonde X.com, une banque en ligne, qui fusionnera avec son concurrent Paypal. Il regrettera l’abandon de sa première idée : ” si vous voulez seulement un système de paiement, Paypal c’est mieux mais si vous voulez dominer le système financier mondial alors X est un meilleur nom ». Walter Isaacson raconte avoir reçu un message à 3h30 du matin de Musk : «  je suis super content de mettre enfin en place X.com tel qu’il aurait dû exister, avec Twitter comme accélérateur ». Le fait de rebaptiser Twitter « X », n’est pas un simple changement d’appellation, c’est l’intention de faire, à partir du réseau social, une gigantesque plateforme de e-commerce et de finance ! 

3. L’intelligence artificielle au centre de son attention

« Lors d’un dîner en petit comité à Palo Alto, Sam Altman et Elon Musk décident de co-fonder un laboratoire de recherche en intelligence artificielle à but non lucratif, qu’ils baptisent open AI. Ils diffuseront le logiciel en open source et tenteront de contrer la position de plus en plus dominante de Google », raconte Isaacson. « Son intérêt pour l’IA le conduira à lancer une série de projets distincts mais liés : Neuralink qui vise à implanter des micropuces dans la boîte crânienne, Optimus un robot humanoïde, Dojo un super ordinateur capable d’utiliser des 1millions de vidéos pour entraîner un réseau neuronal artificiel à simulé un cerveau humain, et se retrouve aussi dans l’obsession de rendre les voitures Tesla autonomes. Au début ces projets resteront relativement indépendants mais par la suite ils les reliera tous, ainsi qu’une nouvelle société de chatbot, X.AI, pour poursuivre le développement d’une intelligence artificielle générale. », explique l’auteur.

4. L’obsession du détail et un perfectionnisme extrême

Son goût de la technique n’est jamais théorique. Il a besoin de « mettre les mains dans le cambouis ». Et au sens propre : il a toujours eu le goût de soulever les capots de voiture. Musk a une vision très précise de ce qu’il veut et n’hésite pas à micro-gérer, même les plus petits détails.

Anecdote : La poignée de porte de la Tesla Model S. Il a refusé de lancer le véhicule tant que les poignées de porte rétractables ne fonctionnaient pas parfaitement, ce qui a retardé la production et frustré ses ingénieurs. Mais son entêtement a payé : ce détail est devenu une signature du design Tesla.

5. Le contrôle total

Contrairement au dogme du « fabless » de la fin du 20e siècle, il estime qu’il faut maîtriser totalement la production, et qu’elle soit donc locale. Il lui faut en effet intervenir à tout moment échanger si nécessaire sans délai les processus de production et de logistique.

En 2018, Il reprendra en main personnellement tous les processus de l’usine de batterie du Nevada. Il examinera chaque poste de travail  pendant des jours, jusqu’à réduire le nombre de boulons. Il a toujours le besoin d’exercer un contrôle total sur les projets.

6. Les règles d’or de la simplification 

 Il a d’ailleurs élaboré un véritable mantra qu’il appelle « L’algorithme » :

  1. Remettre en question toutes les exigences/conditions requises.  
  2. Supprimer toute pièce ou processus que vous pouvez
  3. Simplifier et optimiser. Cela devrait venir après l’étape 2. Une erreur courante est de simplifier d’optimiser une pièce ou un processus qui ne devrait pas exister.
  4. Accélérer le temps de cycle, mais seulement après avoir suivi les 3 premières étapes, pour ne pas accélérer des processus inutiles.
  5. Automatiser, si toutes les étapes précédentes sont exécutées.

 

2e partie de l’article à venir