Une étude mondiale ADP constate chez les employés un mélange d’enthousiasme et d’inquiétude face à l’essor de l’IA. L’attrait pour l’innovation s’oppose à un manque de compréhension des technologies en œuvre et une incertitude qui renforcent le stress et nourrissent les craintes.
ADP Research a interrogé près de 38 000 travailleurs dans le monde entier sur leur perception de l’IA et la manière dont elle pourrait modifier leur travail. Si les promesses d’un monde du travail en transition suscitent un certain engouement, la peur d’un déclassement se transforme en source de tensions, d’incompréhension et d’anxiété pour une partie croissante des actifs.
33 % des salariés estiment que l’IA aura un effet positif sur leur emploi, en apportant gain de productivité, automatisation de tâches répétitives ou encore aide à la décision. Un optimisme particulièrement présent chez les jeunes générations, qui voient dans l’IA un levier d’efficacité et d’opportunités. Mais cela ne fait pas l’unanimité. Un salarié sur dix redoute une suppression pure et simple de son poste. Et un tiers considère que l’IA pourrait avoir un impact négatif sur leur emploi, à la fois dans les métiers dits intellectuels et physiques. Des activités fondées en général sur l’empathie, le jugement ou l’interaction humaine, et perçues comme difficilement automatisables mais vulnérables à des formes partielles de substitution.
Ce scepticisme est d’autant fort que plus de la moitié des personnes interrogées déclarent mal comprendre le fonctionnement ou les usages de l’IA, ce qui alimente la méfiance. En l’absence de formation ou d’explication claire, l’IA est considérée comme un outil distant, opaque, voire menaçant. Le sentiment d’incertitude est renforcé par le manque de communication de nombreuses entreprises sur leurs intentions réelles en matière de déploiement.
Des salariés français peu optimistes
Le volet géographique fournit un autre point de vue de l’étude. Les salariés en Égypte, en Inde et au Nigeria ont un avis positif sur l’impact de l’IA sur leur travail. Ces trois marchés ont mis en œuvre des stratégies nationales qui ont pu contribuer à ce ressenti positif. A l’inverse, au Japon et en Suède, les employés ne croient pas dans les capacités de l’IA à améliorer leurs conditions de travail. Un peu moins pessimiste que ces deux pays, la France n’est pas convaincue par les vertus de l’IA.
Autre information, ce sont les travailleurs du savoir, souvent les mieux informés, qui expriment les plus grandes inquiétudes quant à l’automatisation de leurs tâches. Ils comprennent le potentiel de l’IA, mais mesurent aussi sa capacité à reconfigurer en profondeur les pratiques professionnelles.