À mesure que l’IA s’intègre dans les processus métiers, la frontière entre stratégie et technologie s’estompe. Pourtant, une étude internationale menée par Netskope* révèle que PDG et DSI peinent encore à accorder leurs visions. Entre manque d’alignement, contraintes budgétaires et attentes divergentes autour de l’innovation, la relation entre ces deux rôles clés reste à réinventer.
« Avec l’intégration grandissante de l’IA dans tous les domaines de l’entreprise, les DSI deviennent des acteurs clés dans la conduite des opérations et la définition des orientations stratégiques », rappelle Netskope, acteur du marché SASE et Zero Trust. Mais Mike Anderson, directeur de la transformation numérique et des systèmes d’information chez Netskope, précise que les DSI « ne cherchent pas de conseils sur leur stratégie technologique, qu’ils maîtrisent déjà. Leur véritable besoin est de comprendre comment mieux interagir avec les différents acteurs internes pour accomplir efficacement leur mission ». Cinq pistes de réflexion se dégagent à la suite de cette étude internationale.
Un alignement encore fragile
Trente-neuf pour cent des DSI interrogés déclarent ne pas être en phase avec leur PDG. Plus préoccupant encore, près d’un tiers ignore les attentes réelles de la direction. Un constat qui révèle, selon les auteurs, « des dysfonctionnements majeurs au sommet de l’organisation », là où stratégie et technologie devraient avancer de concert.
La modernisation en manque de moyens
Si la modernisation informatique est sur toutes les lèvres, elle ne l’est pas toujours dans les budgets. « Seuls 36 % des DSI jugent les financements satisfaisants », tandis que 41 % les estiment insuffisants. L’écart entre l’intention et l’action reste manifeste : « un décalage entre les discours sur la modernisation et les moyens réellement mis en œuvre », souligne le rapport.
L’innovation, un terrain d’incompréhension
Les PDG et leurs DSI ne regardent pas toujours l’innovation sous le même angle. « Les DSI pensent que leurs dirigeants partagent leur enthousiasme », indique le rapport. Mais « les PDG s’inquiètent de voir leurs DSI se précipiter vers les nouvelles technologies sans en mesurer véritablement l’impact financier et organisationnel ». En réalité, les PDG plaident pour une approche centrée sur la création de valeur concrète. Autrement dit, l’innovation ne vaut que si elle génère des résultats tangibles.
L’IA, entre promesse et vigilance
Sur le terrain de l’intelligence artificielle, les lignes bougent. Les PDG sont « réellement optimistes » quant à son potentiel, mais attendent des DSI qu’ils déploient ces technologies de manière pragmatique. Leur message est clair : oui à l’innovation, à condition qu’elle reste maîtrisée, rentable et éthique.
Le DSI, un nouveau leader humain
Le rôle du DSI dépasse désormais le seul champ technologique. Il devient le chef d’orchestre des systèmes d’IA agentiques. Il doit désormais évaluer les performances de ces IA, veiller à leur utilisation éthique et optimiser la collaboration entre les machines et les employés. L’étude souligne que ce poste « orchestre harmonieusement les technologies, les opérations et la stratégie RH à l’échelle de l’entreprise ».
*Pour information : l’étude, menée par le cabinet Trajectory Partnership pour Netskope, croise les points de vue de douze PDG de grandes entreprises internationales et de plus de 200 DSI américains et britanniques. Les résultats ont été enrichis par des entretiens avec des experts.