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Oracle sort l'artillerie lourde pour conquérir le cloud computing

Fini les temps où ce cher Larry Ellison était contre le cloud et n’y voyait pas d’intérêt. Les temps ont changé. Mais les temps ont bien changé. Pour Oracle, la question était de savoir : comment gagner de l’argent et quel cloud mettre en place ? Pour Oracle, sur le IaaS, il n’y a pas grand chose à gagner surtout pour un éditeur. Pour l’éditeur, deux axes suite à son annonce d’Oracle Cloud : SaaS et surtout le PaaS.

Le 15 février dernier à Paris, l’éditeur a voulu présenter et expliquer sa stratégie (concrète) autour du cloud privé et surtout public. Oracle Public Cloud est l’offre globale de cloud public qui chapote les trois offres qui seront disponibles dans les prochaines semaines : services applicatifs (CRM, réseau social, HCM) et les services plates-formes (Java Cloud Service et Database Cloud Service).

Très clairement, Oracle Cloud vise l’entreprise, de toute taille. L’éditeur dit pouvoir adresser avec cette offre des entreprises de petites tailles qui étaient trop à l’écart des solutions Oracle.

Fusion Applications : les apps cloud d’Oracle

Difficile pour Oracle de se tenir trop à l’écart des solutions SaaS de CRM comme salesforce, Microsoft. Aujourd’hui, c’est un segment qui secoue le marché traditionnel du CRM / ERP. Ces applications SaaS concernent pour le moment 3 briques de l’offre Fusion Applications : le CRM, le HCM (gestion de l’humain) et le réseau social. Tout le reste n’est pas disponible mais l’éditeur prévoit d’autres services à l’avenir. Oracle y va aussi parce que ses clients le demandent. L’éditeur met en avant les arguments traditionnels du SaaS : pas de déploiement, hébergement dans les datacenters du fournisseur, mise à jour régulière, mieux maîtriser les coûts, les licences. La version 1.0 peut paraître réduite mais répond finalement au marché actuel. Oracle prévient que tout n’a pas être sur le cloud en mode SaaS. Par contre, dès le lancement, les applications seront localisées en 17 langues.

Oracle a revu assez en profondeur son modèle de sécurité en imposant une gestion de l’identité unique pour l’ensemble des services du cloud public, en s’appuyant sur Oracle Identity. Pour l’éditeur, il faut absolument unifier le modèle d’authentification et de la fédération d’identité. Oracle met aussi en avant une interface homogène partout, une implémentation identique entre l’édition locale et l’édition SaaS, avoir les bons outils de monitoring et d’optimisation. Un point essentiel, si les entreprises peuvent personnaliser les offres « Apps », tout ne sera pas possible. Mais finalement l’essentiel est au-delà, Fusion Applications doit être comme un vaste générateur d’applications et de services composites. Finalement, une page Fusion par exemple n’est qu’un agrégat de services divers et variés que l’on compose avec Fusion Application Composer. Il s’agit en quelque sorte de faire son marché. Des applications et services tiers seront disponibles, un peu comme Force.com de Salesforce. Quand on lance un projet Fusion, on définit les processus, les services, on compose, on pré-package dans une sandbox puis on déploie sur la plate-forme. Surtout, Fusion v1 mise beaucoup sur les connecteurs vers 1500 logiciels et services, l’ouverture avec les web services, SOA, etc.

Sur la partie tarification, pour le moment, Oracle se veut prudent. L’abonnement se fera généralement sur une base 3 ans. Un client ayant déjà Oracle CRM ne va pas repayer s’il décide de passer au service SaaS. Sur le SLA, Oracle prévient : pas d’engagement sur les temps de réponse en cloud public. Le taux sera de 99,5% hors maintenance (période 3h par semaine), en moyenne, Oracle annonce une disponibilité de 99,82 %. Si vous souhaitez des métriques très précises, des performances garanties, il faut passer en cloud privé interne ou hébergé chez Oracle. Mais cette solution sera plus chère !

PaaS : la partie database

Sur la partie purement PaaS (Fusion Applications s’appuie dessus), deux services seront proposés : Database Cloud Service et Java Cloud Service. Database Cloud Service est un service de base de données en ligne comme SQL Azure ou database.com. La partie administration se fait avec une édition d’Enterprise Manager 12. Et surtout, l’architecture repose deux « silos » techniques : exadata et exalogic. Cette partie infrastructure suivra les évolutions matérielles. La montée en charge ressemble aux principes présents dans RAC. Pour le moment, Oracle Public Cloud fonctionne sur des datacenters (et datacenter de backup) aux Etats Unis, d’autres seront ouverts courant de l’année, dont au moins un en Europe.

Database Cloud Service utilise Oracle Database 11 r2 EE. Le modèle de développement est classique : java, restful, web services, apex. Chaque instance est isolée. Une version 30 jours gratuite sera disponible. Actuellement, trois modèles de bases sont disponibles : petite, moyenne et grande allant jusqu’à 50 Go par base (espérons que cette limite sautera rapidement). Quatre patchs seront appliqués à ce service par an. Les outils de développement disponibles sont Express SQL, SQL Developer, Express Builder. L’intégration se fera avec des outils comme Oracle Data Integrator. A noter la présence d’un service de scanner de virus pour éviter toute présence d’un code non désirable. Si ce service utilise Enterprise Manager 12c pour l’administration, la supervision, la version en ligne diffère sur plusieurs points de la version normale : par exemple pas de gestion de snapshot, le service database prenant intégralement en charge ces mécanismes. La fonction haute disponibilité n’est pas présente par défaut, il faut payer en plus. Un catalogue d’applications sera disponible. Il n’est pas prévu de proposer MySQL dans Database Cloud Service, car non compatible avec exadata. Sur les possibilités de faire du cloud hybride pour la base de données, Oracle n’a pas donné de précisions car les spécifications ne sont pas encore définies. Les tarifs ne seront connus qu’à la disponibilité du service. Mais Oracle ne devrait pas être trop différents de Windows Azure, Amazon, etc.

PaaS : la partie Java

Java Cloud Service est la 2e partie de l’offre PaaS public d’Oracle. Il s’agit de disposer d’un PaaS Java pour le développement, le déploiement et la production d’applications Java EE. Une instance Java Cloud est une instance incluant le serveur d’applications WebLogic Server. On peut lancer et utiliser plusieurs instances Java Cloud. Toute application fonctionnant sur un serveur JEE 6 sera compatible avec ce service et pourra y être déployée même s'il faudra tester et adapter le code. L’ensemble des API et librairies de JEE 6 sont disponibles. Pour les outils de développement, pas de surprise non plus : Eclipse ou tout autre outils JEE. Oracle annonce le support des frameworks JEE du marché comme Spring, ADF. Si une librairie n’est pas incluse par défaut dans WebLogic Server (donc dans son instance Java Cloud Service), il faudra l’inclure en déploiement. Java Cloud Service supporte aussi ANT et Maven. Un instance est ici appelée « manager server » incluant l’ensemble des ressources nécessaires. Là aussi trois types d’instances : basic, standard et entreprise. Le modèle de développement est classique et sans surprise, il faudra déployer un plug-in / sdk pour pouvoir supporter un projet Java Cloud Service. Une version bêta du service est prévue pour le mois de mars.

Une offre pragmatique et solide

Oracle propose là sa première véritable solution globale de cloud computing. L’approche est séduisante sur les fonctionnalités et l’architecture même si à l’ouverture des services on pourra regretter des manques notamment sur les parties Fusion et même sur le PaaS proprement dit, avec des ressources instances un peu légères, surtout pour les grandes entreprises. Par exemple, comment faire si ma base de donnée dépasse 50 Go ? Peut-on faire de la fédération de données ? Comment vont être gérées les clés de cryptages, etc. La sécurité est un point sensible sur lequel Oracle a voulu être rassurant même s’il faudra attendre les disponibilités des services.

Site : http://cloud.oracle.com