L’intersyndicale de Gemalto, numéro un mondial des cartes SIM, s’est émue vendredi de l’inertie de l’État face au plan social « d’ampleur » qui touche le personnel de cette entreprise, dans une lettre ouverte au président Emmanuel Macron, appelé à sentir le « désarroi des salariés« .
Gemalto a annoncé fin novembre la suppression de 288 emplois en France (près de 10 % des effectifs), dont au maximum 262 licenciements, selon la direction. Trois semaines après, Thales annonçait le rachat de la société, et annonçait vouloir devenir un « leader de la sécurité digitale« . L’offre d’acquisition valorise Gemalto à environ 4,8 milliards d’euros.
Depuis, la direction « refuse d’infléchir son projet de suppression d’emplois », regrette l’intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, CGT, FO et Unsa) dans une lettre ouverte adressée vendredi à Emmanuel Macron. « Toutes nos demandes de rendez-vous avec les institutionnels (préfecture, ministères) semblent bloquées« , écrit-elle, en pointant du doigt les méthodes du cabinet Altedia, « choisi unilatéralement par la direction pour l’accompagner » dans la mise en œuvre du plan social.
« Neutraliser les autorités politiques et administratives »
Dans son « offre de services pour Gemalto », citée par les syndicats et consultée par l’AFP, le cabinet propose comme « objectifs de communication externe » de « neutraliser les autorités politiques et administratives susceptibles d’interférer » dans la réalisation du plan, et de « limiter la couverture médiatique du projet« .
Le document (Voir page 28) est accessible sur le http://www.cfecgc-gemalto.org/2018/02/14/gemalto-et-altedia-main-dans-la-main-contre-les-salaries/
Le référent « relation institutionnelle et communication » d’Altedia, sur le dossier Gemalto, est un ancien conseiller social d’Emmanuel Macron, selon le document. « Nous voulons croire que les absences de réponse à nos demandes de rendez-vous n’étaient qu’un oubli de la part des différentes institutions contactées ou le résultat d’un agenda chargé« , ironisent les syndicats dans leur lettre au président.
Le CEE entame une action en justice
Vu l’ampleur du plan social, qui touche les sites de Meudon (Hauts-de-Seine), La Ciotat et Gemenos (Bouches-du-Rhône), le fait que l’intersyndicale n’ait été reçue « ni à Bercy, ni au ministère du Travail, pose question« , a réagi auprès de l’AFP l’avocate du comité central d’entreprise (CCE) de Gemalto, Aline Chanu. Le CCE a assigné Gemalto et Thales à comparaître mercredi devant le juge des référés de Nanterre, pour « demander à ce que les instances représentatives soient consultées sur l’OPA« , a-t-elle par ailleurs précisé. Dans un tract, les syndicats CFDT, CFE-CGC, CGT, FO et Unsa se disent « contraints d’entamer une action en justice » pour connaître « la stratégie du groupe Thales » et « l’incidence sur l’emploi et la gestion des compétences« .
Les salariés sont appelés à se rassembler mercredi à partir de 13H30 devant le tribunal de Nanterre.
Auteur : La Rédaction avec AFP