Accueil Cybersécurité Les serveurs de Signal s’effondrent, victimes du « WhatsAppgate »

Les serveurs de Signal s’effondrent, victimes du « WhatsAppgate »

La messagerie gratuite Signal n’a pas résisté à l’afflux massif en janvier 2021 d’utilisateurs quittant WhatsApp après que son propriétaire, Facebook, ait annoncé qu’il utiliserait les informations de ses utilisateurs. Grand bénéficiaire de ce « WhatsAppgate », Signal dispose-t-il des infrastructures IT nécessaires pour tenir la charge dans la durée ?

Moxie Marlinspike, le fondateur de Signal, une application américaine de messagerie open source gratuite, doit pester contre l’effondrement de ses serveurs dans le weekend du 16 janvier 2021. Son architecture open source décentralisée n’a pas tenu le choc visiblement face à un afflux d’utilisateurs de son concurrent payant WhatsApp.

Tous refusaient de cautionner l’évolution début février de sa politique de confidentialité décidée par Facebook, sa maison-mère. Face à la polémique, Facebook a repoussé au 15 mai 2021 son évolution pour les quelques 175 millions d’utilisateurs revendiqués par WhatsApp.

Les pannes se sont enchainées malgré l’augmentation du nombre de serveurs

De nombreux utilisateurs de Signal sous Android et IOS ont aussi signalé des problèmes avec leur messagerie, leurs appels vidéo et leurs chats. Certains d’entre eux ont même reçu des messages mal codés ou accédé à leurs anciens messages.

A la veille du weekend, Signal se vantait pourtant sur Twitter d’avoir « ajouté des serveurs et de la capacité supplémentaire à un rythme record toute la semaine ». Il faut dire que la pression était énorme. Quelques jours auparavant, Signal affirmait avoir passé la barre des 50 millions d’installations sur Android.

« Quand le produit est gratuit, le produit c’est toi » ?

La politique de confidentialité défendue par la messagerie gratuite a séduit de nombreux utilisateurs. Contrairement à WhatsApp et Facebook, elle affirme ne connecter aucune donnée sur ses utilisateurs, excepté leur numéro de téléphone. Pourtant, « quand le produit est gratuit, le produit c’est toi » a-t-on l’habitude de dire. Or, la fondation américaine à but non lucratif de Signal Messenger, la maison-mère de Signal, a-t-elle les moyens financiers de disposer des infrastructures pour accueillir des millions d’utilisateurs ?

En tout cas, Signal et WhatsApp se connaissent très bien. Pour preuve, Moxie Marlinspike et Brian Acton, co-fondateur de WhatsApp, annonçaient le 21 février 2018 la création de la Signal Foundation, un organisme à but non lucratif dont la mission est de « soutenir et élargir la mission de… Signal.

Whisper Systems annonce son acquisition par Twitter

Toujours pour la petite histoire, Moxie Marlinspike avait fondé Signal (ex-RedPhone) avec sa société Whisper Systems, produit également un système de pare-feu ainsi que des outils de chiffrement de données uniquement disponibles pour Android. Whisper Systems a été racheté fin 2011 par Twitter, qui lance TextSecure en décembre 2011. Moxie Marlinspike quitte ensuite Twitter et fonde Open Whisper Systems sous la forme d’un projet collaboratif open source et continue le développement de TextSecure et Redphone. En novembre 2015, TextSecure devient Signal sur Android, puis IOS.

La Commission européenne a recommandé Signal

Aujourd’hui, l’application américaine de messagerie open source Signal a de nombreux adeptes. Même la Commission européenne a recommandé en 2020 l’utilisation de Signal à son personnel pour la communication avec les personnes extérieures à l’institution car ses données sont bien chiffrées. Une application pour ordinateurs existe en complément de l’application mobile sur le site web de la fondation. Elle est disponible pour Windows, macOS et des distributions Linux comme Debian25, Ubuntu ou encore Arch. Cette version pour ordinateur de bureau est basée sur Electron.