Accueil Etudes Les futurs ingénieurs seraient portés par des valeurs altruistes

Les futurs ingénieurs seraient portés par des valeurs altruistes

Principales attentes professionnelles des étudiants. Source : 3e baromètre AFMD, décembre 2023.
Principales attentes professionnelles des étudiants. Source : 3e baromètre AFMD, décembre 2023.

Les étudiants en école d’ingénieurs, et plus encore chez les futures ingénieures, aspirent à aider les autres ou la planète et à résoudre des problèmes. Ils sont moins portés sur l’argent et la reconnaissance que les jeunes en école de management. Mais, tous apprécient d’avoir un équilibre de vie. Et les stéréotypes de genre ont la vie dure.

76,4 % des étudiants en grande école se considèrent comme ambitieux. 89,3 % de ceux qui souhaitent devenir manager se disent également ambitieux. Mais seuls 56 % des futurs ingénieurs aspirent à devenir manager, contre 86 % des étudiants en management. En revanche, les étudiants en école d’ingénieur, hommes et femmes, ont des ambitions tournées vers des valeurs collectives.  C’est l’un des résultats du 3e baromètre des étudiants et étudiantes des grandes écoles réalisé par l’Association française des managers de la diversité (AFMD), auquel ont répondu 3 585 étudiants, parmi lesquels 75,2 % d’élèves ingénieurs et 24,8 % d’étudiants en management, ainsi que 55,8 % de femmes et 44,2 % d’hommes.

La différenciation entre futurs ingénieurs et futurs managers est nette dans les définitions de l’ambition : certaines se veulent collectives, comme « aider les autres ou la planète » très marquées chez les futures ingénieures et importante chez leurs homologues masculins, qui privilégient avant tout la résolution de problèmes. D’autres se concrétisent dans des attentes plus individualistes comme « avoir une rémunération satisfaisante », plus marquées chez les futurs managers, femmes et hommes confondus, qui attendent également plus d’être reconnus et valorisés.

Les stéréotypes de genre persistent

Côté stéréotypes de genre, ils restent malheureusement ancrés parmi une majorité de la jeune génération. Certes, 80,1 % des étudiants considèrent que « les hommes et les femmes possèdent des compétences et des qualités professionnelles identiques ». Mais parmi ceux-ci, seuls 39,5 %, affirment que cela est vrai pour chacune des 23 compétences citées. Pour eux l’empathie (62,9 %), l’écoute (60,6 %), la sensibilité (54,7 %) et la communication (44,4 %) sont des qualités et des compétences possédées par les femmes, alors que les hommes possèdent plus spécifiquement la confiance en soi (41,1 %), la capacité à gérer le stress (28,5 %), l’autorité (25,6 %) et le leadership (22,7 %). Les stéréotypes attribués aux femmes apparaissent plus répandus que ceux attribués aux hommes. Les réponses sont encore plus marquées chez les 17,8 % d’étudiants qui affirment que les femmes et les hommes ne possèdent pas les mêmes qualités et compétences professionnelles. Sans surprise, les hommes sont surreprésentés dans ce second groupe.

Globalement, une majorité d’étudiants continuent donc, malgré eux, de véhiculer des stéréotypes de genre, qui, du côté des hommes, renvoient à des savoir-être valorisés pour les postes à haute responsabilité (confiance en soi, gestion du stress et autorité) ancrés dans des imaginaires de direction et de décision. Les compétences attribuées aux femmes (empathie, écoute et sensibilité) renvoient quant à elles à des savoir-être qui ne sont pas spécifiquement professionnels et qui se trouvent plutôt ancrés dans des imaginaires d’assistanat et de soin.

Néanmoins, travail en équipe, polyvalence, rigueur, esprit de synthèse, sens de la stratégie, intelligence intuitive et sens de l’action apparaissent de manière identique que l’on soit un homme ou une femme.

Or, les auteurs de l’étude rappellent qu’il « faut éviter d’essentialiser des compétences professionnelles en fonction du genre des individus. Il apparaît donc plus que jamais nécessaire de déconstruire les stéréotypes les plus ancrés dans les imaginaires estudiantins, car ils participent des inégalités qui, bien souvent, jalonnent le parcours professionnel, des femmes notamment. »

Le problème est que « les stéréotypes sont rigides en ce qu’ils résistent à la preuve du contraire », selon Walter Lippman, qui a été le premier à introduire le concept dans le champ des sciences sociales. Le stéréotype tend à rationaliser un état de fait, comme le souligne Patrick Scharnitzky dans Les Stéréotypes en entreprise : les comprendre pour mieux les apprivoiser,, qui cite le cas de managers masculins conscients que leur entreprise pratique de la discrimination envers les femmes et qui expriment les stéréotypes les plus négatifs envers elles : « Les stéréotypes conduisent à la discrimination et la discrimination […] justifie le stéréotype. »