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Le programme « Tech pour toutes » opérationnel à la rentrée scolaire 2024 – Le point avec Nelly Haudegand, Fondation Inria

Nelly Haudegand, directrice générale de la Fondation Inria

Présenté le 8 mars dernier dans le cadre du plan Egalité femmes-hommes et lancé au salon Vivatech par Elisabeth Borne, le programme « Tech pour toutes » a vocation à accompagner, à l’horizon 2026, 10 000 jeunes filles dans leurs études supérieures dans le numérique. Le point avec Nelly Haudegand, la directrice générale de la Fondation Inria, chargée de l’animation de l’initiative.

L’ensemble de l’écosystème du numérique appelait depuis longtemps de ses vœux un programme d’envergure pour la féminisation des métiers du numérique, afin de combler le déficit persistant de talents dans ce domaine. C’est lors du salon Vivatech, que la Première ministre a donné le coup d’envoi officiel de « Tech pour toutes », l’un des axe forts du plan Egalité femmes-hommes.

Le lancement de « Tech pour toutes » avec Elisabeth Borne

Le programme s’adaptera aux besoins de chacune des étudiantes, en les accompagnant tout au long de leur parcours, de la découverte des formations en amont jusqu’à leur premier emploi. Il offrira un soutien individuel et un « coaching » tout au long des études, du mentorat dispensé par des professionnelles du secteur, le développement de réseau, une assistance pour la recherche de stages ou de premier emploi, ainsi qu’une aide financière et matérielle.

Son animation a été confiée à la Fondation Inria en collaboration avec les partenaires fondateurs, qui ont contribué à sa conception : Femmes@Numérique, dont le rôle d’animation du tissu associatif est essentiel, ainsi que France Universités, la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs et la Conférence des grandes écoles qui représentent l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur. La convention officialisant la délégation de l’Etat à la Fondation Inria pour animer le programme devrait être signée prochainement.

Un programme qui embarque l’ensemble de l’écosystème

« Tech pour toutes » va s’appuyer sur l’expérience et l’expertise de la communauté éducative, des entreprises engagées et des associations et collectifs, qui œuvrent déjà au quotidien sur l’ensemble du  territoire. « Ce qui a probablement intéressé le gouvernement dans ce programme, c’est qu’il vise à catalyser les initiatives, à recréer du lien, à cimenter et à coordonner l’ensemble des actions menées tant au niveau de l’enseignement scolaire que supérieur où le taux de décrochage est particulièrement élevé chez les filles », déclare Nelly Haudegand, directrice générale de la Fondation Inria. A cet effet, les protagonistes du programme rencontrent actuellement tous les acteurs de l’écosystème dont ils ont établi une cartographie précise.

« Le programme porte sur la période des études supérieures entre 18 et 25 ans mais nous ne réussirons qu’en l’enracinant très tôt dans l’esprit des jeunes filles. Quand elle s’interrogent sur leur avenir aux moments cruciaux que sont la 4ème et la 3ème, puis la seconde avec le choix des spécialités, la première avec un nouveau choix de spécialité et l’abandon de la 3ème spécialité, et enfin, la terminale avec les voeux sur Parcoursup, insiste Nelly Haudegand. A tous ces moments déterminants, nous avons l’ambition de créer des fenêtres d’interaction avec elles, médiées par les associations, les services d’orientation dans les collèges et lycées, les professeurs et les familles, afin de les informer sur le programme. Des actions d’insertion professionnelle et d’appui aux jeunes femmes devront ensuite prendre le relais pour éviter tout décrochage pendant les premières années d’emploi ».

Une dynamique globale

Une réunion « technique » devrait se tenir en juillet avec les cofondateurs de « Tech pour toutes », les acteurs associatifs de l’écosystème, ainsi que les deux ministères pilotes du programme : le ministère de l’Enseignement supérieur et le ministère chargé de l’Egalité entre les femmes et les hommes, accompagnés des deux ministères associés, la Transition Numérique et l’Education nationale. 

« Durant cette réunion, nous souhaitons notamment installer des groupes de travail sur un certain nombre de sujets sur lesquels la contribution de tous les acteurs sera essentielle pour parachever le cadrage des composantes du programme», confie Nelly Haudegand. Les thématiques à l’étude portent notamment sur les critères de sélection des jeunes filles candidates au programme, le sourcing, les différentes briques de l’accompagnement individuel et collectif, les formations cibles, la relation avec les entreprises et leur contribution au programme.

Davantage de jeunes filles dans les formations tech signifie-t-il un besoin de plus de formations ? « C’est une question que l’on s’est posée dans la genèse du programme, déclare Nelly Haudegand. Car si le flux de jeunes filles candidates s’accroît, cela risque de provoquer un phénomène d’éviction des garçons. Or si le gouvernement lance de ce programme, c’est aussi parce qu’on se situe dans un momentum favorable où le nombre de places dans ces formations est appelé à s’accroître. Je pense notamment à l’Appel à Manifestation d’Intérêt sur les Compétences et Métiers d’Avenir 2021-2025, qui entre dans sa deuxième saison. Il forme l’arrière-plan nécessaire et incontournable pour assurer le bon fonctionnement du  dispositif ». 

Quid de l’après 2026 ?

« Tech pour toutes » sera aligné sur le calendrier universitaire et vise à être pleinement opérationnel à la  rentrée scolaire 2024. « Elle se prépare dès à présent car l’objectif est de pouvoir identifier au moment de leurs vœux sur Parcoursup au premier trimestre 2024 les jeunes filles qui envisagent de postuler, déclare la directrice générale de la Fondation Inria. L’idée est de démarrer avec un nombre significatif de jeunes filles dans toutes les académies. Nous sommes en effet très attachés à la représentation territoriale car le numérique est partout et constitue une chance pour les populations éloignées des grands centres urbains  ».

Le programme se poursuivra jusqu’à la fin de l’année scolaire 2026/2027. « Juin 2027 sera seulement un point d’étape que l’on se fixe pour évaluer ce premier cycle, déjà significatif, de trois ans. Nous verrons si l’objectif des 10 000 jeunes filles a été atteint, affirme Nelly Haudegand. L’idée est également de définir un certain nombre d’indicateurs de performance pour suivre ces trois années du programme, afin de savoir ce qui a fonctionné, ce qui doit être amélioré et dans quelles conditions nous continuerons les années suivantes ».

 

Patricia Dreidemy