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Le grand paradoxe 2025 : Les organisations veulent accélérer mais n’en ont pas les moyens

Credit capture ecran BAROMÈTRE NIJI 2025 DE LA TRANSFORMATION DIGITALE

En 2025, les organisations semblent rechercher avant tout l’efficacité opérationnelle, malgré des budgets sous pression et des capacités internes limitées. Le Baromètre Niji présente un décalage persistant entre ambitions et réalité : dettes technologiques, faible adoption, difficulté à industrialiser l’IA et manque de souveraineté numérique. Un état des lieux lucide, où l’enjeu n’est plus d’innover davantage, mais de réussir à transformer réellement.

Une transformation digitale recentrée sur l’efficacité, mais sous contrainte

En 2025, les organisations réorientent clairement leur transformation digitale vers un objectif : l’efficacité opérationnelle. Le Baromètre Niji 2025 montre que 91 % des entreprises en font désormais leur priorité numéro un, reléguant au second plan l’expérience client ou l’innovation visible. Ce recentrage s’explique par un environnement économique tendu, où la pression sur les coûts et l’exigence de performance s’intensifient.

Pourtant, si les ambitions demeurent fortes, les moyens se resserrent : une entreprise sur deux déclare des budgets numériques à l’étal ou en baisse. Le momentum de transformation reste élevé, mais les capacités d’exécution sont, elles, sous contrainte. Les DSI et directions digitales se retrouvent à devoir faire plus avec moins, à arbitrer plus durement, et à concentrer les ressources sur les processus internes plutôt que sur de nouveaux services.

Des fondations encore fragiles : SI, compétences et conduite du changement

Malgré une décennie d’investissements et une gouvernance digitale mieux structurée, les fondations technologiques montrent encore leurs limites. Le SI reste complexe, insuffisamment modernisé ou rationalisé ; l’architecture peine à accompagner les transformations transverses ; l’exploitation de la donnée progresse mais reste loin d’être pleinement opérationnelle. Le baromètre est clair : les initiatives avancent, mais trop lentement pour répondre aux enjeux d’efficacité.

À ces fragilités techniques s’ajoute un verrou humain et organisationnel majeur : la conduite du changement. Seulement 29 % des organisations déclarent maîtriser l’adoption des solutions digitales. Dans la pratique, de nombreuses innovations sont déployées sans véritable accompagnement, ce qui limite fortement leur impact. Résultat : l’exécution rate sa cible, et la valeur attendue ne se matérialise pas. Cette difficulté structurelle explique une bonne part du décalage persistant entre investissement et performance réelle.

IA : l’enthousiasme est là, l’industrialisation beaucoup moins

L’IA générative connaît une diffusion fulgurante. Les organisations testent des cas d’usage dans toutes les directions : métiers, fonctions support, relation client, mais aussi au cœur des usines technologiques avec la conception, le développement, les tests, le support. Cependant, l’enthousiasme ne suffit pas à transformer : seule une minorité de projets passe réellement à l’échelle. L’IA est partout dans les intentions, mais encore trop peu structurée dans les faits.

Pourtant, une tendance nette se dégage : les organisations qui ont mis en place une gouvernance IA dédiée, des équipes spécialisées, des services internes et une approche cohérente obtiennent de bien meilleurs résultats. Les gains enregistrés sont deux fois supérieurs à ceux des autres acteurs. Leur secret : moins d’expérimentation dispersée, plus de structuration, plus d’accompagnement. Là où l’IA est pilotée comme un chantier stratégique et non comme une succession de tests locaux, elle produit des bénéfices concrets, en productivité, en qualité et en vitesse d’exécution.

Souveraineté numérique : l’angle mort des organisations

La souveraineté numérique apparaît comme l’un des angles morts les plus frappants du baromètre. Alors que 75 % des entreprises reconnaissent leur dépendance aux technologies américaines et que 64 % pointent les risques associés à la maîtrise de leurs données, seules 14 % considèrent cet enjeu comme un facteur de compétitivité. Le sujet est connu, discuté, souvent commenté… mais très peu traité. Peu de stratégies d’alternatives, peu d’efforts de réversibilité, peu de diversification.

Cette dissonance illustre le fil rouge du Baromètre Niji 2025 : une transformation digitale où la vision existe, où les ambitions se renforcent, mais où les conditions techniques, humaines et stratégiques permettant de la concrétiser restent encore insuffisamment adressées.