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Jalios Open Suite , une « alternative directe à Microsoft 365 » selon Vincent Bouthors, PDG de Jalios

Vincent Bouthors
Vincent Bouthors, Jalios

Jalios vient de dévoiler Jalios Open Suite, une offre souveraine conçue pour rivaliser avec Microsoft 365 et Google Workspace. Celle-ci met en œuvre la plateforme Jalios ainsi que la messagerie Open Source BlueMind et la suite bureautique OnlyOffice. Une offre qui sera disponible en hébergement SecNumCloud. Entretien avec Vincent Bouthors, PDG de Jalios.

 

Solutions Numériques : Comment se positionne Jalios Open Suite ?

Vincent Bouthors : Jalios Open Suite est une solution de Digital Workplace très complète fonctionnellement, qui se positionne en tant qu’alternative directe à Microsoft 365. Elle rivalise avec elle notamment sur la co-édition de documents bureautiques et la gestion des e-mails qui sont les fers de lance de Microsoft. Cette offre est issue de notre partenariat avec BlueMind et OnlyOffice.

Fonctionnellement, nous proposons des capacités extrêmement avancées, notamment sur la gestion des tâches, du niveau d’un Trello et qui est beaucoup plus puissante que celle de Microsoft Planner. J’estime que notre Webchat est équivalent à Microsoft Teams tandis que nous avons plusieurs différenciants par rapport à Microsoft, notamment une gestion de process avec laquelle les utilisateurs peuvent générer des demandes ou encore notre capacité de faire de la veille collaborative.

Est-ce qu’une telle offre peut vraiment bousculer le leadership d’un Microsoft sur le marché ?

Si nous faisons une annonce aujourd’hui, l’offre est mature et déjà rodée auprès de 500 clients. Elle compte 2 millions d’utilisateurs, dont 250 000 à la Dinum (NDLR : direction interministérielle du numérique de l’Etat). Il faut casser cette image d’un retard français sur les éditeurs américains. Tous les éléments pour fournir une alternative compétitive sont déjà là. L’annonce fait suite à la lettre ouverte que nous avions signée en octobre 2021 avec 7 autres acteurs du marché quant aux propos du président de la République sur le
« retard » pris par le cloud souverain…
Notre chiffre d’affaires a progressé de 28 % en 2023, pour atteindre 13 millions d’euros. Comme nos intégrateurs assurent la plus grosse partie des projets, j’estime que cela représente un volume d’affaires de 25 à 30 millions d’euros, ce qui fait de nous le plus gros acteur français sur ce marché. 

« Il faut casser cette image d’un retard français sur les éditeurs américains. »

Pourquoi lancer cette suite souveraine aujourd’hui ?

 Les technologies Open Source ont évolué. Certains acteurs ont monté des offres souveraines un peu dans la douleur lors de la mise en œuvre. Aujourd’hui, les solutions ont progressé, en particulier OnlyOffice qui présente une très grande interopérabilité avec la solution Microsoft. Il n’y a plus de blocage à fonctionner avec une suite ou l’autre. De plus, les utilisateurs se retrouvent très bien dans l’ergonomie de la solution. L’adoption est bien plus facile qu’elle n’a pu l’être dans le passé.

Enfin, l’aspect souveraineté commence à entrer en ligne de compte chez nos interlocuteurs. L’extra-territorialité des lois américaines, en particulier FISA (NDLR : Foreign Intelligence Surveillance Act), est en totale contradiction avec le RGPD. Si on veut être certain de respecter le RPGD ou s’assurer qu’en aucune façon les services américains n’auront accès aux données échangées par vos collaborateurs, il faut se tourner vers des solutions alternatives aux éditeurs américains. Il ne s’agit pas de protectionnisme, mais bien de protéger ses données dans un contexte de guerre économique. 

Qui visez-vous exactement ?

Nous avons commencé très tôt à vendre nos solutions auprès des ETI et des collectivités territoriales, dans un ratio 50/50. Nous avons un équilibre entre secteur privé et secteur public. Nous commençons à être présents dans les administrations et nous sentons que celles-ci commencent à songer à cette problématique de souveraineté.

Néanmoins, la polémique sur le Health Data Hub le démontre : les règles fixées aux acteurs français et européens ne sont pas les mêmes que celles fixées aux américains. Les acteurs français qui ont été consultés se sont vu imposer SecNumCloud, ce que l’on n’a pas demandé à Microsoft… De même, l’AI Act vient imposer aux entreprises européennes des règles qui viennent compliquer l’innovation.

Néanmoins, j’estime que le secteur public est prêt à y aller. Le secteur privé souffre encore de la méconnaissance de nos offres et estiment toujours qu’il n’y a pas d’alternative à Microsoft et Google. Avec Jalios Open Suite, nous leur proposons une suite prête à l’emploi et qui n’impose pas au client d’avoir à évaluer et choisir diverses solutions Open Source. C’est une offre sur étagère qui nécessite beaucoup moins de travail d’intégration.

« Jalios Open Suite est une offre sur étagère qui nécessite beaucoup moins de travail d’intégration. »

Sur le plan de l’hébergement des données, où sera hébergée cette offre ?

La version de base sera hébergée en France. Par défaut, il ne s’agira pas d’un hébergement SecNumCloud. En effet, la sécurité a un coût et tous nos clients ne sont pas prêts à assumer le surcoût lié à un hébergement SecNumCloud. Pour ceux qui souhaiteront un hébergement de ce type, nous savons le faire. Nous leur proposerons un hébergement SecNumCloud chez 3DS Outscale, puis dans le courant de l’année 2024, chez OVH Cloud. Nous-mêmes, en tant qu’éditeur, sommes engagés dans une démarche de certification SecNumCloud. La démarche est lancée, mais cela demande du temps.

Enfin, comme notre partenaire BlueMind n’assure pas l’exploitation de sa solution e-mail en production, nous nous appuyons sur FactorFX pour assurer l’exploitation de l’e-mail, une disponibilité aujourd’hui absolument essentielle pour tous nos clients.

Vous attendez-vous à une adoption rapide de ces offres souveraines ?

Notre analyse, avec notre partenaire BlueMind, est que nos clients ne feront probablement pas le choix de changer leur messagerie et leur Digital Workplace au même moment. Migrer une messagerie est déjà un chantier énorme, de même que changer de Digital Workplace. Ils mèneront un chantier puis l’autre, dans l’ordre de leur choix. Par contre, ils savent qu’ils pourront changer les deux au moment où ils souhaitent le faire.

Jalios avait déjà une offre Workplace à son catalogue où il était possible d’opter pour OnlyOffice ou Microsoft 365 ou encore Google Workspace comme outil bureautique. Que vient apporter réellement Jalios Open Suite à cette offre ?

Depuis plus de 20 ans, notre stratégie était de construire des offres à partir de services génériques dont le choix était laissé aux clients. Notre approche était de fournir une plateforme fédératrice et laisser le choix à nos clients d’opter pour les solutions de bureautique, e-mail et visio de leur choix. Nous respectons leur choix stratégique. En parallèle, nous avons fait le constat que nous disposions de tous les éléments pour proposer une alternative souveraine. Nous sommes allés un cran plus loin et avons fait un choix de composants pour être totalement dans une approche souveraine et bien intégrées et  simples à mettre en œuvre.

 

Propos recueillis par Alain Clapaud