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Interview – « Notre mission est de rendre la complexité de l’IT invisible », Sudheesh Nair, Nutanix

Sudheesh Nair
Sudheesh Nair, Nutanix

Implanté depuis maintenant 5 ans en France, Nutanix réunissait la semaine dernière ses clients Porte de Versailles pour sa conférence utilisateurs annuelle NEXT. L’occasion pour Sudheesh Nair, président de Nutanix, de faire le point sur l’évolution du spécialiste de l’hyperconvergence.

Solutions Numériques : Près de 10 ans après sa création, où en est Nutanix aujourd’hui ?

Sudheesh Nair : L’entreprise a connu une croissance sans précédent ces dernières années. Notre valorisation boursière est aujourd’hui de l’ordre de 10 milliards de dollars. Nous avons opéré une transformation de notre business model en passant de celui d’un constructeur d’appliances à celui d’éditeur de logiciels. Pour nous la croissance repose avant tout sur l’humain. Nous sommes près de 4 000 personnes aujourd’hui. Nous avons réalisé 4 acquisitions technologiques, des acquisitions destinées à accroître nos talents en interne et non pas des achats de parts de marché ou de clients. L’une de ces acquisitions était dans le domaine des « SecOps » avec Netsil, une seconde, Minjar dans le domaine du pricing et la gouvernance d’architecture multi-Cloud.  L’ambition de Nutanix va au-delà de l’hyperconvergence même si, j’en conviens, l’hyperconvergence constitue le socle sur lequel l’entreprise à été construite. Nos partenaires et nos clients comprennent qu’aujourd’hui notre mission est de rendre la complexité de l’IT invisible. 

SN: Quelle est la part de l’international dans cette croissance ?

SN: Ce qui est très différent avec Nutanix, c’est notre approche du marché international. Beaucoup d’entreprises américaines ont du mal à s’internationaliser. Au dernier trimestre, 61 % de notre chiffre d’affaires était réalisé sur la zone Amériques, 33 % en Europe et 16 % sur la zone Asie/Pacifique. Ces chiffres incluent le marché gouvernemental américain qui représente une belle partie des 61 % de la zone Amériques. EMEA représente une partie importante de notre CA et si notre business est très global mais nous avons voulu constituer une organisation très segmentée ou le local l’emporte sur le global. Une entreprise ne peut détecter depuis la Californie ce que sera le bon modèle de marché, comment les investissements devraient être priorisés, comment les clients devraient être satisfaits. Il faut renforcer la présence locale tant au niveau marketing, ventes, mais aussi ingénierie. En outre, notre segmentation ne vise pas à toucher les PME. Nous visons les G2K et G5K [Les 2 000 et 5 000 plus grosses entreprises mondiales, NDLR]. 

SN : Qu’en est-il de Nutanix sur le marché français ?

SN : « Le marché français est très spécial. Nos partenaires français vont très profondément dans les capacités de nos solutions. Ils sont les premiers à nous challenger et à aller très profondément dans notre architecture. Il n’y a pas de réunions faciles en France car on va toujours au fond des choses. Les entreprises américaines ont généralement des succès d’abord au Royaume-Uni, en Allemagne. Pour nous, la France joue ce rôle moteur en Europe. Claranet a été notre tout premier client en France. Nous avons aujourd’hui en France des clients qui ont plus de 10 000 machines virtuelles, avec des déploiements en production à grande échelle pour des applications critiques. Société Générale est l’un d’eux, de même que Thalès et Generali ont témoigné aujourd’hui. Société Générale a aujourd’hui déploré 25 000 nœuds uniquement sur son Cloud privé. Ils n’en avaient que quelques milliers au départ, il y a 3 ans, et ils ajoutent de nouveaux nœuds à leur infrastructure Nutanix chaque nouveau trimestre.

Nutanix NEXT 2018 - Paris
Nutanix NEXT 2018, à Paris

Nutanix compte aujourd’hui 80 employés en France, un nombre qui double pratiquement chaque année. En France aussi nous appliquons cette stratégie d’être local et global simultanément, avec des ressources commerciales et d’ingénierie dans les mêmes proportions. Ces derniers apportent un support direct aux clients français. Cela permet de remonter du feedback de nos clients vers le siège modelant véritablement la façon dont sont conçus nos produits, notre roadmap. Un bon exemple est celui de la réplication synchrone. En Europe, où les villes sont interconnectées par de la fibre, cette fonctionnalité était demandée par nos clients alors que ce n’est pas le cas aux Etats-Unis où les distances sont bien plus grandes entre les villes et la latence bien moins favorable. Or en Europe, cette fonctionnalité était nécessaire pour décrocher des contrats face à NetApp et EMC qui l’offraient déjà. C’est parce que nous avons cette compréhension des besoins locaux que nous avons ce succès sur le marché au niveau global. 

SN : Sur quels partenaires vous appuyer en tant d’éditeurs et face au multi-Cloud ?

SN : « Nous avons un fort partenariat OEM avec IBM, Dell EMC, Fujitsu et Lenovo : nous créons des produits communs, avec un support commun. Nous avons des partenariats moins serrés avec HPE et Cisco, ils ne supportent pas directement nos produits, mais nous délivrons un support commun à leurs clients.  Comme nous remontons les couches, côté virtualisation, Citrix est un partenaire, VMware est un partenaire mais aussi un concurrent. Pour le volet Networking, on ne souhaite pas nous intéresser au hardware, mais si on se préoccupe de micro segmentation, de Software Defined, Automated network service chaining, nous allons être de plus en plus en confrontation avec NSX.   Côté Cloud, nous développons des partenariats avec Amazon Web Services sur leur offre Cloud Connect, avec Google  pour Google Cloud Platform et Cloud AI, avec Microsoft Azure dans certains cas. »

SN : Quelles ont été les annonces majeures de la conférence 2018 .NEXT de la Nouvelle-Orléans ?

SN : Nous avons accueilli 5 000 participants et nous avons annoncé 4 nouveaux produits : Beam pour le volet pricing et gouvernance, Flow qui marque l’arrivée de Nutanix dans le monde des réseaux. Era, notre plateforme de service pour déployer des bases de données sous forme de services. Les premières supportées sont Oracle et PostgreSQL. Enfin, notre dernière annonce porte sur l’IoT, avec un projet baptisé Sherlock. Ces annonces ont le même objectif : rendre la complexité de l’IT invisible dans un monde multi-Cloud.

SN : Pourquoi vous intéresser au monde de l’IoT ?

SN : C’est en phase avec nos ambitions en termes de gestion de la donnée. De plus en plus de données sont générées en bordure du réseau, par ce que l’on nomme l’Edge Computing. Si on prend l’exemple de l’industrie pétrolière, les analyses des relevés réalisés sur les fonds sous-marins peuvent aujourd’hui être réalisées via Google TensorFlow. Cela permet de découvrir de nouvelles ressources qui étaient jusque-là invisibles. Maintenant, cela fait du sens d’investir davantage au niveau du Edge pour avoir des résultats plus rapidement. Un challenge, c’est que si les données sont collectées dans l’Edge, la puissance de calcul, elle, est dans le « middle ». Il faut déplacer la donnée vers le middle pour l’analyser, ce qui peut être coûteux, voire parfois impossible depuis une plateforme offshore en plein océan, ce qui impose de ramener ces données par bateau. Il est plus efficace de déplacer la puissance de calcul au plus près de la donnée. Ce que nous faisons, c’est proposer une Data Fabric, un framework pour permettre les échanges de données en toute sécurité, avec les moyens de gérer une infrastructure Edge en termes de load balancing, offrir une visualisation globale de l’infrastructure et simplifier l’approche API d’une telle infrastructure.

 

Auteur : Alain Clapaud