Accueil acquisition Interview : « Avec Memority nous voulons devenir l’Identity Factory /IDaaS »

Interview : « Avec Memority nous voulons devenir l’Identity Factory /IDaaS »

Le 31 mai, Gilles Casteran et Francis Grégoire finalisaient le processus de rachat auprès d’Accenture de Memority, ex filiale d’Arismore dont ils étaient tous deux dirigeants. Décryptage, avec Gilles Casteran, sur le “retour au bercail” de la plateforme de gestion des identités et des accès qui a déjà su convaincre un grand nombre d’acteurs comme Euromaster, Safran, Stellantis, But ou encore le GIE Carte Bancaire. 

Quelle est la genèse de Memority ?

Memority était, au départ, une filiale d’Arismore,  une société de conseil et d’intégration créée en 2002. Pour rappel, Arismore, dont j’étais le directeur général, était axé sur deux grands sujets : l’architecture d’entreprise et la gestion des accès et des identités. En 2013, nous avons eu l’idée, avec Francis Grégoire, directeur associé avec qui nous avions mené de grands projets, d’apporter une rupture avec des applications capables de gérer l’accès et l’identité en mode SaaS. Une approche qui ne faisait pas l’unanimité à l’époque alors qu’aujourd’hui, c’est une chose entendue notamment pour toutes les questions de transformations conduisant notamment à cette vague de move to cloud que nous connaissons. 

Quel est l’avantage du mode SaaS en termes de gestion des identités et des accès ?

Il y a deux raisons. D’une part, un fonctionnement On Prem nécessite trop d’expertise et de moyens pour ré-intégrer à chaque fois des plateformes chez les clients. Ensuite, comme je le disais, du fait d’une forte migration des applications dans le cloud. Aujourd’hui, les organisations déploient en quelques mois alors qu’avant il fallait deux, trois voire six ans pour mettre en place une infrastructure. Donc en quelques mois, ils peuvent expérimenter et surtout adapter en fonction des nouveaux cas d’usage. Par exemple, on parle beaucoup d’employés et de customer. Et il y a également le sujet des partenariats ! De plus en plus de modèles d’affaires de nos clients s’appuient sur un écosystème et qui dit écosystème dit imbrication ou ouverture des systèmes d’information et il faut mettre en place une gestion des accès pour les partenaires. 

Vous étiez plutôt précurseurs dans le domaine donc ?

Totalement, et notre proposition de valeur avait séduit de très beaux clients. C’est pourquoi, en 2014, nous décidions de créer Memority et d’en confier le pilotage à Francis. Nous mettions en avant un parti pris très clair : ne pas séparer la gestion des accès de celle des identités. Il se trouve qu’en 2017, le président et les actionnaires ont décidé de vendre le groupe Arismore à Accenture qui m’a conduit à diriger Accenture Security France. Il y a trois ans j’ai décidé de partir, pour mener d’autres projets, notamment d’accompagnement de petits groupes industriels dans les territoires. Il y a quelques mois, avec Francis nous avons fait une proposition de reprise de Memority à Accenture dont le processus d’acquisition s’est réalisé le 31 mai dernier. 

Le montant de la transaction est-il connu ?

Non, mais je peux au moins vous dire que la société a capitalisé en numéraire 2 millions d’euros avant la finalisation du deal et que le projet a été monté pour que la grande partie des actionnaires soit les dirigeants et les salariés de l’entreprise. Nous ferons donc des levées de fonds successives dans les années qui viennent. Également, dans le deal, nous avons repris une équipe de plus de 30 experts, toute la plateforme ainsi que la propriété intellectuelle et l’ensemble des services fournis. Dès le 1er juin, nous avons recruté un directeur commercial et des commerciaux, une responsable marketing, une DRH, un directeur financier et nous continuons à recruter car nous avons des projets importants de recherche notamment. La R&D va représenter 3 millions d’euros qui seront investis chaque année pour continuer de supprimer les irritants, développer l’analyse des contextes à risque, les déploiement de cloud hybride et l’automatisation. 

Quel est votre business model ?

C’est un business model full plateforme. En fait, notre vision de l’identité et des accès, c’est ce qu’on appelle l’Identity Factory ( /IDaaS – Identity as a Service), en accord avec la vision européenne) et c’est clairement ce que nous souhaitons devenir. Une plateforme tout-en-un, avec l’ensemble des services d’accès et d’identité et de reporting dans une seule plateforme capable de traiter tous les cas d’usages et toutes les populations : les employés, les partenaires des grandes entreprises, les clients, le consommateur, mais aussi les objets connectés. Nous avons la volonté de démocratiser la gestion des accès d’identité auprès de tout le middle market mais aussi les collectivités, les administrations, le monde de la santé, les industries dans les territoires où il y a de véritables pépites comme je le disais, et, bien entendu, de continuer à aider les très grands comptes à rationaliser leur offre avec ce concept de Identity Factories. Donc d’un côté, c’est démocratiser, l’autre côté c’est rationaliser. Dans les faits, nous sommes capables de traiter très précisément les contextes et les personnalisations quel que soit le secteur et la volumétrie. Par exemple que pour un grand groupe de l’énergie, on gère tous les accès de l’ensemble des employés, 130 000 employés et on gère par exemple quasiment neuf moyens d’authentification différents. Pour Stellantis, nous gérons 800 000 personnes dans le monde entier. Nous travaillons également avec Euromaster, But, le GIE Carte Bancaire, Safran, etc.

En termes de souveraineté, le fait que Memority redevienne Française a son importance ? 

Je vais être transparent avec vous : nous ne voulons pas être choisis parce que nous sommes français mais parce que nous sommes plus performant que la concurrence. Mais on entre dans un processus de certification auprès de l’Anssi (Agence Nationale des systèmes d’information). Une des raisons importantes à cela est de pouvoir adresser le marché des collectivités, des organisations publiques ou parapubliques, en étant souverain de part en part. Ensuite en termes d’hébergement, nous sommes en mode hybride sur deux hyperscaler : AWS et GCP qui s’appuient sur les préconisations de S3NS. Si S3NS est et certifié SecNumCloud nous en bénéficieront à condition de faire le reste de l’administration et de la certification. Si S3NS ne l’est pas, nous irons vers un autre fournisseur cloud qui sera certifié. 

Quels sont les objectifs de Memority ?

Aujourd’hui, nous sommes 40 avec 5 millions de chiffre d’affaires. Notre objectif est de doubler les deux d’ici deux ans. Il y a également cette ambition d’être une plateforme européenne, mais qui nous occupera dans un deuxième temps. Notre priorité est de consolider le marché français de façon à être être forts ensuite sur le marché européen. Ce que nous ferons sans doute avec des partenaires.