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Grandes ESN : quel est l’impact du Covid-19 sur leurs CA du 1er trimestre ?

Alors que certaines grandes ESN ont livré leurs chiffre d’affaires du premier trimestre, qu’apprend-t-on sur leur traversée économique de la crise ? 

Atos, qui a publié ses résultats le 22 avril, parle d’un « profil résilient » et d’un « bilan solide pour faire face à une situation sans précédent » Elie Girard, le directeur général du groupe, indique plus précisément « Le groupe est solidement positionné pour naviguer à travers cette crise grâce à des relations profondes de longue date avec ses clients dans tous les secteurs, des activités résilientes et un bilan solide qui offre une forte flexibilité financière.»

Bonne performance de la division Big Data & Cybersecurity

Son chiffre d’affaires du premier trimestre se monte à 2 834 millions d’euros, soit une baisse de 0,8 % en organique. Le chiffre d’affaires n’a que légèrement diminué grâce aux contrats pluriannuels combiné à une solide activité de la division Big Data & Cybersecurity (BDS). De plus, et cela malgré la crise, le groupe indique qu’il a accru son dynamisme commercial avec des prises de commandes à 2 908 millions d’euros, soit un ratio prise de commandes sur chiffre d’affaires de 103 %, en hausse significative par rapport à l’année dernière à 86 %.

L’activité Big Data & Cybersecurity (BDS) est restée en effet solide avec un chiffre d’affaires en hausse organique de 16,3 % à 259 millions d’euros au premier trimestre 2020. Atos l’explique ainsi : « Le travail à distance ainsi que l’augmentation des cyberattaques ont conduit les entreprises clientes à renforcer la sécurité de leurs infrastructures et de leurs données. À titre d’exemple, les clients ont demandé plus de solutions d’identification en mode rapide, et du conseil sur la robustesse de leurs infrastructures de sécurité. En Big Data, il n’y a pas eu de discontinuité dans la chaîne d’approvisionnement grâce à une gestion proactive des stocks de composants. La demande est restée forte en High Performance Computing. À titre d’exemple, l’accès à distance à SAP HANA a nécessité une puissance de traitement supplémentaire et donc des besoins plus importants en serveurs Sequana S. Enfin, les activités liées aux Systèmes Critiques ont également enregistré une forte croissance. »

« Le travail à distance ainsi que l’augmentation des cyberattaques ont conduit les entreprises clientes à renforcer la sécurité de leurs infrastructures et de leurs données », Atos

La division Infrastructure & Data Management (IDM) avec un CA de 1 558 millions d’euros,  ne baisse que de 0,5% en organique. « La situation spécifique liée au Covid-19 a nécessité une continuité opérationnelle sans faille pour les infrastructures critiques des clients. En effet, la Division a enregistré une forte demande notamment sur les solutions de Digital Workplace (accès à distance aux applications), les offres de communication d’entreprise avec Unified Communication & Collaboration et les connexions réseau. Ces activités sont liées au travail à distance qui a été mis en place par de très nombreuses entreprises clientes pour faire face au confinement et maintenir leur niveau d’activité », détaille le groupe. 

La division Business & Platform Solutions (B&PS), avec un chiffre d’affaires  de 1 016 millions d’euros, est en baisse de 4,9 % en organique – elle l’était déjà avant (-1,2 %) – en raison du report dès le mois de mars des projets, en particulier dans les Services Professionnels Technologiques qui requièrent des ingénieurs travaillant sur les sites clients et qui, de ce fait, ne peuvent pas toujours être réalisés à distance (environ 30% du chiffre d’affaires de Business & Platform Solutions). 

Le groupe économise notamment en gelant des recrutements, en remplaçant des sous-traitants par des ressources internes devenues disponibles, notamment, pour un total de 400 millions d’euros d’économies sur 2020.

Elie Girard

Pour Elie Girard, l’après Covid se dessine ainsi : « Aujourd’hui, nos esprits et nos efforts sont tournés vers l’après-Covid, en préparant activement le « new normal », cette nouvelle ère qui verra une accélération de besoins spécifiques des clients, à savoir les plateformes de données, la cybersécurité, la migration vers le Cloud, le Digital Workplace et la décarbonation. »

 

Sopra Steria : un impact de 10 M€ de CA

Chez Sopra Steria, le CA du premier trimestre 2020, publié le 24 avril, a été impacté à partir de la mi-mars par la crise sanitaire. Si le CA du trimestre augmente de 3,3 % en croissance organique, sur le mois de mars, l’impact négatif de la crise sanitaire a été « de l’ordre de 10 M€ de chiffre d’affaires », précise-t-il. Mais globalement,  « Depuis, le ralentissement continu des économies européennes a entrainé des reports ou des annulations de prestations par certains clients. Ainsi, l’impact anticipé sur le chiffre d’affaires du 2ème trimestre 2020 est plus significatif », prévoit l’ESN.

Le chiffre d’affaires en France s’est élevé à 464,6 M€, en croissance organique de 1,6 %. Sur la période, « le conseil a été stable », précise  le groupe. Les marchés verticaux ayant le mieux résisté ont été les secteurs défense, social, secteur public et télécommunications. Les situations les plus difficiles ont été observées dans l’aéronautique où Airbus a récemment annoncé une baisse d’un tiers de sa production, le commerce de détail hors alimentaire, le transport et l’industrie. « Si les signatures de nouveaux contrats se poursuivent, les projections d’activité pour le 2ème trimestre sont en retrait significatif par rapport à la fin du mois de mars. »

« Les projections d’activité pour le 2ème trimestre sont en retrait significatif par rapport à la fin du mois de mars », Sopra SteriA

En ce qui concerne l’avenir, l’ESN précise que son projet d’acquisition de Sodifrance, annoncé le 21 février 2020 et visant à créer un leader français des services du numérique dédiés au secteur de l’assurance et de la protection sociale, se poursuit.
Pour le reste, « l’absence de visibilité sur l’étendue et la durée de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 ne permet pas, à ce stade, de réaliser des prévisions suffisamment fiables pour l’année. Pour le 1er semestre 2020, le groupe anticipe une baisse de chiffre d’affaires, à taux de change et périmètre constants, qui pourrait être comprise entre 2 % et 6 %. » Le groupe se dit « confiant dans sa capacité à surmonter cette crise » dans la mesure où la part récurrente de ses revenus est supérieure à 40 % et que sa situation financière est saine.

Les groupes renoncent à effectuer des prévisions pour 2020

Le géant informatique français Capgemini a annoncé le 28 avril une progression de 2,3 % du chiffre d’affaires au 1er trimestre 2020 malgré la pandémie, mais il renonce à faire des prévisions pour 2020. Le groupe Capgemini, qui vient d’acheter le groupe d’ingénierie Altran, a réalisé au 1er trimestre 2020 un chiffre d’affaires consolidé de 3 547 millions d’euros, en hausse de 2,3 % à taux de change constant par rapport au même trimestre de l’année 2019.

Paul Hermelin

Mais pour Paul Hermelin, le PDG du groupe, et Aiman Ezzat, le prochain directeur général (à l’issue de l’Assemblée Générale du 20 mai 2020), qui se félicitent tous deux de cette croissance, le deuxième trimestre 2020 sera « difficile, avant un redressement progressif aux troisième et quatrième trimestres ». Le groupe « peut compter sur la résilience renforcée de son modèle économique et sur la demande dans le digital et le Cloud qui reste soutenue, la technologie prenant une place encore plus prépondérante dans notre société.» Cependant, ajoutent-ils, « compte tenu du niveau d’incertitudes, en particulier sur la vitesse à laquelle la demande reprendra suite au déconfinement, le groupe ne peut s’engager à ce stade sur des perspectives pour l’année 2020. »

« Le groupe ne peut s’engager à ce stade sur des perspectives pour l’année 2020 », Capgemini

Digital et Cloud : +20 %

Pour ce 1er trimestre, les activités liées au digital et au Cloud enregistrent une croissance toujours soutenue, d’environ 20 % à taux de change constants, et représentent plus de 50 % du chiffre d’affaires du groupe. Les activités de conseil en Stratégie et Transformation (7 % du chiffre d’affaires), regroupées au sein de Capgemini Invent, affichent une progression soutenue de 9,6 % à taux de change constants de leur chiffre d’affaires total par rapport à la même période de l’année précédente. En l’absence d’acquisitions significatives sur la période, « cette croissance reflète avant tout une demande des clients du groupe en matière d’accompagnement de leur transformation digitale qui a été naturellement plus soutenue sur les deux premiers mois de l’année», indique Capgemini.
Les services d’Applications et de Technologie (71% du chiffre d’affaires), qui constituent le cœur de l’activité du groupe, enregistrent une augmentation de leur chiffre d’affaires total de 2,1% à taux de change constants.
Enfin les services d’Opérations et d’Ingénierie (22 % du chiffre d’affaires) voient leur chiffre d’affaires total progresser de 3,5% à taux de change constants, une croissance principalement portée par les Services d’infrastructure pour le Cloud.

La France qui représente 21 % du chiffre d’affaires du groupe, poursuit sa croissance avec une progression de 3,3 % de son CA portée principalement par le Secteur Public et les Services.

Econocom, baisse de 11,5 %

Econocom voit son CA fortement baissé au premier trimestre de 11,5 % en organique s’établissant à 596 m€. « Cette décroissance s’explique en grande partie par les premiers effets de la crise sanitaire du Covid-19 et du confinement des populations dans ses principales zones géographiques (notamment en France, Espagne et Italie) », précise bien le groupe.

Le chiffre d’affaires du pôle Technology Management & Financing (TMF) à 181 millions d’euros affiche une baisse de 16,1%, due en partie à des retards dans la contractualisation des opérations et à des décalages de livraisons (fermeture des services de réception des clients) constatés en mars 2020. Le segment Digital Services and Solutions (DSS, composé de Produits et Solutions et des Services) ressort à 415 millions d’euros, soit une diminution de 9,3 %. Ce ralentissement est sensiblement identique pour « Produits et Solutions », à 260 millions d’euros (-9,5%) et pour les « Services » à 155 millions d’euros (-9%). 

Par ailleurs, le groupe a accéléré certaines étapes de son plan de réduction de coûts pour l’adapter le plus rapidement possible à la décroissance de son activité. Le chômage partiel a ainsi été mis en place pour tous les métiers qui connaissent un ralentissement et la baisse de certaines charges de structure a été amplifiée. Ces mesures visent à minimiser l’impact sur la rentabilité opérationnelle de la baisse anticipée d’activité en 2020 et ont permis dès le 1er trimestre d’amortir les effets de l’érosion du chiffre d’affaires de la période et de rester bénéficiaire. 

Pour limiter la casse, Econocom a utilisé le chômage partiel et amplifié la baisse de charges de structure. L’ESN dit veiller à la gestion de ses liquidités et de son endettement et utilise les facilités de financement mises à disposition par les Etats européens. A ce titre, le groupe a anticipé les conséquences de la crise sur ses besoins de financement à court terme en négociant de manière proactive avec son pool bancaire les lignes nécessaires. « L’absence de remboursement de prime d’émission en 2020, l’arrêt du programme de rachat d’actions propres et la cession de la filiale EBC à la société d’investissement Chequers vont également contribuer à préserver la solidité financière du groupe. Econocom réaffirme à cette occasion son objectif d’arriver à terme à une Dette Nette Comptable proche de zéro. »

TCS, un carnet de commandes chargé, mais…

Le géant mondial TCS (filiale de Tata) qui emploie plus de 448 000 consultants dans 46 pays à travers le monde a publié ses résultats pour le trimestre et l’année fiscale 2020, clôturée au 31 mars 2020. « La résilience sera de mise sur le long terme et ponctuée de défis à court terme », indique-t-il malgré un chiffre d’affaires annuel en progression de 5,3% par rapport à l’année fiscale 2019 (22 031 milliards de dollars). L’Europe (+ 14,6%) et le Royaume-Uni (+ 10,4%) ainsi que le secteur de la santé et de l’industrie pharmaceutique (+ 16,8 %) ont été les principales sources de croissance de l’année fiscale 2020.

« La pandémie a complètement inversé la dynamique positive que nous avions commencé à observer sur certains de nos principaux verticaux pendant la première partie de ce trimestre, constate Rajesh Gopinathan, CEO de TCS. Sur une note plus positive, ce trimestre a pour autant été couronné de succès, avec plusieurs contrats importants signés. En réalité, notre carnet de commandes pour ce trimestre a été le plus chargé que nous ayons connu jusqu’ici depuis que nous avons intégré cet indicateur dans nos bilans trimestriels. Les organisations du monde entier se rendent compte de la nécessité d’une résilience opérationnelle et des systèmes. Nombre des contrats majeurs que nous avons signés au cours du trimestre répondent précisément à ce besoin. Il s’agit de programmes de transformation fondamentale, qui tirent parti de la puissance de la technologie pour rendre les opérations de nos clients plus fluides, plus rapides et plus durables. »

Résultats du dernier trimestre

 

Pour le trimestre, la croissance du chiffre d’affaires est tirée par différents secteurs, en particulier les Sciences de la Vie et la Santé (+ 16,2 %), les Communications et Médias (+ 9,3 %) ainsi que la Fabrication (+ 7 %). La croissance des marchés est elle tirée par l’Europe (+ 11,9 %) et le Royaume-Uni (+ 5,4 %). L’Amérique latine a progressé de 3,9 %, l’Asie-Pacifique de 3,5 % et MEA de 1,3%. L’Amérique du Nord a progressé de 0,2 % tandis que l’Inde a reculé de 1,9 %. TCS met en avant, en ce qui concerne le conseil et l’intégration de services, les demandes de réorientation des chaînes d’approvisionnement pour assurer la résilience et répondre aux besoins critiques, ainsi que ses offres de transformation financière. En matière de transformation digitale, les services d’ingénierie, de Cloud, de cybersécurité et d’automatisation intelligente d’entreprise ont mené la croissance au cours du trimestre. L’IA et le Machine Learning, l’Agile et le DevOps ainsi que les solutions de Workplace nouvelle génération sont aussi cités comme porteurs.

D’autres résultats sont à venir

D’autres résultats sont à venir, comme ceux de Micropole, le 14 mai. Mais le groupe a prévenu, lors de ses comptes 2019 publiés le 22 avril : « Dès le mois de mars, une baisse du chiffre d’affaires a été constatée par rapport aux objectifs 2020 et celle-ci pourrait atteindre 20 % en avril et mai 2020. » Micropole indique maintenir ses ambitions à moyen terme, en particulier de rentabilité, mais ne communique aucun objectif chiffré pour 2020.

Stéphane Richard

Les résultats d’OBS seront connus le 30 avril. Dans un communiqué, Stéphane Richard, le PDG d’Orange dans lequel évolue OBS, a déclaré le 17 avril : « Sur la base des éléments disponibles à ce jour, Orange ne prévoit pas de déviation significative par rapport à ses objectifs financiers pour l’exercice 2020 mais reste attentif à l’évolution de la situation. L’importance prise par les télécoms pendant cette crise pour assurer le fonctionnement de l’économie et de nos sociétés confirme le caractère stratégique de nos activités. » Orange a depuis la rédaction de cet article livré ses résultats. Lire notre article à ce sujet.