Accueil Expert Expertise – Modernisation mainframe : « Bouge de là ! »

Expertise – Modernisation mainframe : « Bouge de là ! »

Mark Cresswell

Ce titre culte du rappeur MC Solaar s’applique très directement à la modernisation des applications mainframe, explique dans cet avis d’expert aux lecteurs de Solutions Numériques Mark Cresswell, CEO de LzLabs, .

 

 

 

Même les fervents défenseurs des plateformes mainframe ont accepté que ses applications historiques, sur lesquelles reposent depuis des décennies les fonctions critiques relatives à leur métier, aient besoin d’être modernisées afin de continuer à répondre aux besoins de leur entreprise, dans un environnement de plus en plus concurrentiel.

Beaucoup d’organisations font face à de nombreuses interrogations lors du processus de modernisation : faut-il commencer par moderniser l’application lorsqu’elle est encore sur le mainframe, ou doit-on d’abord sortir les applications de leur infrastructure historique, c’est-à-dire déplacer avant d’améliorer ?

Il est bien évidemment plus facile de voir d’un œil bienveillant ces applications qui fonctionnent parfaitement depuis des années sur une même plateforme, et d’en conclure qu’elles y sont à leur place. Et après tout, le simple fait d’essayer de les déplacer ne compliquerait-il pas déjà les choses ?

C’est pourtant le contraire. La modernisation des applications historiques va bien au-delà des applications elles-mêmes et de la volonté d’éviter ce que l’on pense être une difficulté. La modernisation est un continuum, et le seul véritable moyen de protéger les applications les plus importantes contre l’obsolescence consiste à les libérer au plus vite de leur environnement historique.

C’est pour cette raison qu’un processus de migration préalable aux améliorations est la seule solution permettant de moderniser les applications mainframe au meilleur coût, tout en réduisant les risques et en préparant les systèmes informatiques de l’entreprise pour tirer profit des innovations futures.

Cinq grandes raisons soutiennent cette hypothèse

 

  1. Une infrastructure mainframe limite l’accès aux projets Open Source

Cibler le mainframe, une infrastructure logicielle et matérielle dont l’activité Open Source est négligeable, n’a pas de sens lorsque l’objectif est la modernisation. Tout effort de modernisation y sera affaibli jusqu’à devenir irréalisable, sans accès à la richesse que contient l’innovation Open Source, qui a modifié pour toujours la trajectoire du développement des applications moderne. Ainsi, lancer la modernisation sans commencer par un réhébergement au sein d’une infrastructure qui tire parti au maximum du mouvement Open Source est tout simplement un mauvais choix.

  1. Le déploiement sur le Cloud public doit devenir possible

Les mainframes, qui supportent les applications critiques au métier, n’existent simplement pas sur le Cloud public. De plus, aucun des principaux environnements de cloud public ne supporte l’implémentation historique des mainframes. Leur marché fermé s’oppose à la nature fortement compétitive des systèmes Cloud public basés sur x86, qui ont prouvé leur capacité à permettre des réductions de tarifs et une innovation continues.

Si le déploiement des applications historiques modernisées sur le cloud public n’est pas forcément la première priorité aujourd’hui, un DSI qui l’exclurait pour toujours ferait preuve d’une certaine témérité. C’est pour cette raison qu’il est pertinent de choisir une architecture matérielle qui garde la possibilité d’un déploiement cloud à l’avenir.

  1. Les interdépendances applicatives nécessitent un environnement moderne

Par ailleurs, le processus de modernisation des applications mainframe historiques in situ peut sembler plus simple lors de son lancement, mais les très nombreuses interdépendances entre l’application cible et d’autres applications, qui se sont accumulées au fil des années, peuvent fortement complexifier ce dernier. Changer ne serait-ce qu’un seul aspect de l’application cible peut entraîner de nombreuses modifications et conséquences non voulues, rendant l’exercice irréalisable des points de vue des risques et des coûts.

Il est donc essentiel de permettre à un programme applicatif modernisé d’interagir avec les divers éléments historiques dont il dépend sans forcer, de quelque manière que ce soit, des changements au sein de ces derniers. Les options relatives à une telle capacité de l’environnement mainframe historique sont limitées et coûteuses. En revanche, les technologies de réhébergement sur les systèmes ouverts d’aujourd’hui permettent d’intégrer des programmes modifiés de manière individuelle dans un contexte applicatif inchangé pour le reste et à les moderniser sans conséquence sur leurs interactions avec les programmes qui n’ont pas encore été modernisés. Il apparaît donc ici très clairement que la seule véritable option est de réhéberger les applications sur Linux avant de lancer la modernisation.

  1. Les modèles de tarification des fournisseurs mainframe font obstacle

Les modèles de tarification punitifs des fournisseurs de logiciels dans le domaine du mainframe représentent sans doute la première source des mécontentements liés à la plateforme et une raison majeure de choisir une migration vers des environnements ouverts. Ces contraintes de prix ont un impact important sur la disponibilité des ressources nécessaires aux activités de test et de développement. Se lancer dans un exercice de modernisation sur un mainframe historique entraînera d’importantes demandes sur ces ressources mainframe. Aucune de ces contraintes économiques sur le test et le développement n’existe dans un environnement sur Linux sous x86. La modernisation de la plateforme sera donc nettement moins coûteuse.

  1. La migration mainframe permet de tirer profit de pratiques de développement modernes et agiles

Pour finir, il est important de se rappeler que la modernisation n’est qu’une forme de développement d’applications. Hormis certains outils plus interactifs mais de toute façon limités, les mainframes historiques ne bénéficient d’aucune des aides ou des capacités de conteneurisation des chaînes d’outils DevOps, qui offrent toute l’agilité du développement moderne. Le développement dans un environnement mainframe historique ne pourra progresser que très lentement, contrairement à ce que permettent les alternatives distribuées. Par conséquent, tout projet de modernisation avancera nettement plus vite une fois les applications réhébergées dans un environnement Linux.

 

Les arguments en faveur du déplacement des applications avant le lancement d’un processus de modernisation sont multiples, avérés et substantiels. Une fois les applications réhébergées dans un environnement sur Linux sous x86, la modernisation est bien plus facile.

Il est certes possible d’objecter que les efforts liés au déplacement de la charge de travail constituent un frein. Et s’il est vrai que durant des années le réhébergement d’applications mainframe au sein d’environnements Linux modernes a pu constituer un défi, les technologies de conteneurisation actuelles, ainsi que l’émergence de mainframes définis par logiciel, réduisent considérablement les efforts et les risques liés à un tel changement.