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Quels défis technologiques en 2024 ?

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Alors que l’IA continue d’être au centre des discussions, d’autres technologies majeures devraient également atteindre un niveau de maturité ou un point de rupture en 2024.
Au-delà d’une liste de nouveautés tech, ce dossier regroupe des tendances plus générales. Par Stéphane Bellec et Juliette Paoli.

 

IA générative

De la théorie à la pratique

John Roese, Dell Technologies

« Bien que la GenAI ait donné lieu à des réflexions incroyablement inventives sur la transformation potentielle des entreprises et de l’humanité, l’intelligence artificielle générative est rarement déployée à grande échelle dans le monde réel. En 2024, la première vague de projets d’entreprise de GenAI atteindra des niveaux de maturité qui mettront en évidence certaines dimensions significatives de la GenAI qui n’ont pas encore été appréhendées dans la phase initiale », estime John Roese, Global Chief Technology Officer chez Dell Technologies.

 


Datacenters

Des nouvelles constructions et rénovations

Selon Vertiv, qui est spécialisé dans les solutions d’infrastructure et notamment de refroidissement des data centers, les installations existantes sont souvent mal équipées pour supporter la mise en œuvre généralisée du calcul haute densité requis pour l’IA, notamment au niveau du refroidissement liquide. « Au cours de l’année à venir, de plus en plus d’organisations vont réaliser que des mesures palliatives ne sont pas suffisantes et opteront plutôt pour de nouvelles constructions – choisissant des solutions modulaires préfabriquées qui raccourcissent les délais de déploiement – ou pour des rénovations à grande échelle qui modifient fondamentalement leur infrastructure électrique et de refroidissement », prévoit-il. De tels changements offrent des opportunités pour mettre en œuvre des technologies et des pratiques plus respectueuses de l’environnement, notamment le refroidissement liquide pour les serveurs d’IA, appliqué de concert avec la gestion de refroidissement à air pour soutenir l’ensemble de l’espace du data center.


Réseaux

Technologies sans fil

5G, Wi-Fi 6 ou 7, Bluetooth, LoRaWan… l’adoption des technologies de connectivité sans fil est un levier de productivité pour les entreprises, pour des usages tels que la remontée d’informations en temps réel via l’usage de drones et de robots ou encore la mise en œuvre d’outils d’assistance et de maintenance à distance, comme les caméras ou les lunettes connectées…


Réseaux intelligents

Source : Gerd Altmann de Pixabay

Vers un réseau qui parle

Selon Bob Friday, Chief AI Officer du groupe de réseaux Juniper Networks, «  l’usage des IA génératives et des grands modèles de langage (LLM) créeront des réseaux plus intelligents et réactifs. Au lieu de contacter le support, les utilisateurs de Zoom auront, par exemple, la possibilité de s’adresser directement à leur réseau pour comprendre le dysfonctionnement de leur session. Il sera alors capable de diagnostiquer et de résoudre le problème de manière autonome. De plus, les LLM seront utilisés pour développer des outils de maintenance informatique proactifs, capables d’anticiper et de prévenir les problèmes avant même qu’ils ne surviennent ».


Stockage

L’essor des SDS

Abhijit Dey, DataCore

Depuis des années, le secteur du stockage a connu une transition progressive des disques durs traditionnels vers les SDS. Cette année, les déploiements SDS et Flash vont surpasser ceux des disques durs. «  Alors que les SDS affichent une croissance de capacité plus rapide que leurs homologues à broche rotative, l’industrie est désormais confrontée aux complexités de l’intégration des SDS, de la rationalisation de la migration des données et du fonctionnement conjoint et harmonieux des SDS et des disques durs dans des configurations de stockage mixtes. Cette montée en puissance des SDS n’est pas seulement une évolution du matériel de stockage mais annonce un changement plus profond de l’infrastructure de stockage », explique Abhijit Dey, Chief Product Officer chez DataCore, pionnier américain du stockage à base logicielle (SDS).


Assurances cyber

Fin du déclaratif et arrivée de la cartographie  ?

L’enjeu de l’assurance contre les risques cyber prend de plus en plus d’importance. Les assureurs reconnaissent désormais que les attaques cyber peuvent avoir des conséquences significatives sur une organisation, mais la diffi-culté réside dans leur évaluation fiable. Contrairement aux pratiques antérieures, les assurances ne se contentent plus de simples déclarations de bonne foi des organisations : les entreprises doivent désormais adopter des solutions permettant de cartographier et de quantifier de manière précise le risque d’origine cyber. Celles qui négligent cette étape risquent de se voir refuser une assurance cyber. Les entreprises qui se retrouvent dans l’incapacité de souscrire une assurance, que ce soit en raison d’un refus ou du coût prohibitif, devront considérablement renforcer leurs mesures de sécurité pour atténuer les conséquences d’éventuelles attaques. Dans tous les cas, des investissements rapides s’imposent. L’année 2024 offre une opportunité propice à la réussite de projets informatiques significatifs, à condition que les entreprises intègrent des éléments cruciaux tels que l’évaluation du niveau de menace, la réduction des coûts et la consolidation du marché, l’impact de l’IA, la gestion de l’obsolescence des OS Windows et la cartographie du risque d’origine cyber. Alors qu’on approche de la fin du premier trimestre de 2024, il est impératif d’adopter une approche proactive et de saisir cette nouvelle année avec la bonne perspective.


LLM

Les « grands modèles de langage » se feront tout petits

Alors que les grands modèles de langage (Large Language Models, ou LLM) actuels vont continuer à rencontrer beaucoup de succès, le besoin de modèles plus petits et moins coûteux croît également, selon l’ESN Capgemini. « Ces modèles deviendront de plus en plus petits pour fonctionner sur des installations plus compactes dotées de capacités de traitement limitées, y compris à la frontière de nos réseaux ou sur de plus petites architectures d’entreprise. En 2024, les nouvelles plateformes d’IA combattront aussi mieux les “hallucinations” en associant des modèles d’IA générative avec des informations de haute qualité provenant de graphes de connaissances. Dans cette optique, des plateformes apparaîtront, fournissant des outils aux entreprises pour tirer parti de l’IA générative sans avoir besoin d’une expertise technique interne approfondie. À plus long terme, cela conduira à la création de réseaux interconnectés de modèles conçus et adaptés à des tâches spécifiques et au développement de véritables écosystèmes génératifs multi-agents. »


Logiciel

Une approche hybride de l’IA

Bernd Greifeneder

Bernd Greifeneder, CTO chez l’éditeur de logiciels spécialisé en observabilité Dynatrace, pense que l’IA générative va entrer dans les dernières phases de son buzz médiatique et que les organisations vont réaliser que cette technologie, bien que disruptive, ne peut apporter à elle seule une valeur significative. Par conséquent, les entreprises vont évoluer vers une approche hybride de l’IA, qui combine l’IA générative avec d’autres types d’intelligence artificielle et de sources de données. « Cette approche permettra un raisonnement plus poussé et apportera à la fois précision, contexte et sens aux résultats fournis par l’IA générative, ce qui permettra d’accélérer l’innovation numérique. Les équipes DevOps combineront, par exemple, l’IA générative avec une IA causale et prédictive basée sur des faits et pourront ainsi prédire et prévenir les problèmes avant qu’ils ne se produisent. Elles pourront aussi générer de nouveaux workflows pour automatiser le cycle de vie de livraison logicielle. »


Développement

Associer low-code et IA générative

En 2024, on s’attend à ce que les développeurs associent la puissance du low-code et de l’IA générative afin de construire, tester et mettre à jour des applications à une vitesse sans précédent.

Tiago Azevedo, DSI d’OutSystems, spécialiste du développement d’applications low-code, estime qu’« avec les garde-fous intégrés aux plateformes low-code, les équipes peuvent expérimenter et innover librement sans les préoccupations de confidentialité et de sécurité associées aux modèles d’IA publics. Ces technologies libéreront du temps pour les développeurs, réduiront les tâches répétitives et atténueront les burn out en leur permettant de se concentrer sur des projets à long terme et qui apportent le plus de valeur à l’entreprise ».

Les entreprises devront investir dans des programmes de formation et de reconversion afin de s’assurer qu’elles préparent au mieux les développeurs aux compétences d’une IA qui devient indispensable. Une formation adéquate est cruciale pour permettre aux développeurs de s’adapter aux nouveaux outils d’IA et de les intégrer dans leur façon de travailler, notamment après une carrière passée à utiliser des méthodes de codage traditionnelles.


Technologies quantiques

L’informatique quantique, un bond en avant pour les systèmes d’IA

John Roese, Global Chief Technology Officer chez Dell Technologies, pense que l’informatique quantique permettra à long terme de résoudre le problème majeur de la demande extrême de ressources informatiques nécessaires à la GenAI et à la plupart des systèmes d’IA à grande échelle. Il est certain que l’informatique quantique permettra aux systèmes d’IA de faire un bond en avant. « La base informatique de l’IA moderne pourrait éventuellement évoluer vers un système quantique hybride, où le traitement de l’IA serait réparti sur un ensemble d’architectures de calcul diverses, y compris des unités de traitement quantique », selon lui.


Technologies d’attaque

Nouveaux modèles de ransomware as a service (RaaS)

Christophe Gaultier

Au cours de l’année à venir, il faut s’attendre à voir le paysage des cybermenaces évoluer avec une sophistication et une fréquence accrues des attaques de logiciels malveillants, en particulier dans le secteur des ransomwares. « Les cybercriminels continueront d’innover avec des modèles de ransomware en tant que service (RaaS) et se concentreront davantage sur le partage des bénéfices et l’atténuation des risques afin d’échapper plus efficacement aux autorités », affirme Christophe Gaultier, directeur d’OpenText Cybersecurity.


Technologies d’attaque

Montée en puissance des attaques par déni de service

Les demandes de rançon ont grimpé en flèche et cette tendance devrait se poursuivre à mesure que les cybercriminels renforceront l’impact de leurs campagnes. «  Cette escalade comprendra non seulement le chiffrement et l’exfiltration de données à des fins d’extorsion, mais aussi le déploiement d’attaques par déni de service distribué (DDoS) pour paralyser des environnements entiers », précise Christophe Gaultier. Cette approche multiforme des cybercriminels souligne le besoin urgent de stratégies de cyberdéfense robustes et adaptables face à un paysage de menaces numériques de plus en plus complexe et hostile.


Santé

Vers une accélération du passage au Zero Trus  ?

Le secteur de la santé fait face à une augmentation significative des attaques de logiciels malveillants et de ransomwares. Les quantités considérables d’informations personnelles présentes dans les domaines de la santé, de la banque, de l’assurance et de la distribution, combinées aux infrastructures de sécurité obsolètes du secteur de la santé, en font des cibles privilégiées pour les cybercriminels. La protection contre ces attaques devrait être une priorité incontestable pour les experts en cybersécurité. En 2024, la surface d’attaque continuera de croître avec le support des déploiements multicloud, de la télémédecine, de la santé personnalisée, des dispositifs utilisés par les patients et les cliniciens, ainsi que des appareils IoT déployés à domicile. « Il est prévisible que les organisations de santé intensifieront le déploiement d’architectures Zero Trust pour contrer la hausse des attaques et l’expansion des vecteurs d’attaque. Dans un premier temps, les hôpitaux se concentreront sur l’amélioration de la gestion des identités, de l’authentification, de la vérification continue et des contrôles d’accès fins avant de s’étendre à la gestion des vulnérabilités et à la protection des données », suppose Christophe Gaultier.


Technologies quantiques

Source : Pete Linforth de Pixabay

L’émergence du quantum as a service

L’américain spécialiste du test et de la mesure électroniques Keysight Technologies annonce l’émergence du quantum as a service (QaaS). Les coûts et les ressources nécessaires au développement de laboratoires quantiques étant considérables, les fournisseurs de services quantiques (QaaS) vont se multiplier, est convaincu Keysight Technologies. Ces services incluent l’accès distant à des processeurs quantiques via le cloud, des bancs d’essai pour la caractérisation d’appareils ou encore des fonderies offrant des services de fabrication. Cette offre de service permettra à des petites sociétés de se lancer dans le secteur sans être freinées par le manque de ressources. Avec le temps, les fournisseurs QaaS contribueront à normaliser le fonctionnement, la caractérisation et la fabrication des appareils quantiques. Cela permettra une évolution des processeurs quantiques et des technologies habilitantes adjacentes aux qubits.


Contenu et conception produits

L’évolution polyvalente de l’IA générative

« En 2024, l’IA générative étendra son influence au-delà des domaines créatifs et sera particulièrement utile dans la stratégie de contenu et la conception de produits. Ces systèmes seront capables de proposer des résultats contextuels plus nuancés et plus précis, notamment grâce aux progrès de la Retrieval-Augmented Generation (RAG) – un cadre qui permet entre autres à l’IA d’utiliser des connaissances externes pour créer de grands modèles de langage », explique Jean-Pierre Boushira, VP EMEA du Sud, Benelux et pays nordiques chez Veritas Technologies.


Data

Les données non structurées gérées par les entreprises doubleront en 2024

Selon le cabinet d’analyse Forrester, les décideurs mondiaux en matière de données et d’analyse affirment que seulement 27 % des données gérées par leur entreprise sont non structurées. L’IA générative doublera ce chiffre à mesure que les entreprises déploieront des expériences plus conversationnelles pour les clients et les employés. Les entreprises se démèneront pour stocker, analyser et donner un sens à ce déluge de données non structurées. Cette tendance se manifestera dans l’espace des pipelines de données, où 80 % des nouveaux pipelines de données construits en 2024 seront destinés à l’ingestion, au traitement et au stockage de données non structurées.


Logiciels d’entreprise

Les retardataires vont enfin passer au SaaS

Seulement 25 % d’entre eux resteront sur la touche, estime le cabinet d’analyse Forrester. Alors que certaines catégories de logiciels d’entreprise sont déjà saturées par les achats dans le cloud, d’autres ont des marges importantes de progression, dans la chaîne d’approvisionnement et l’ERP.