Accueil Migrer vers Windows 11, un casse-tête pour les services informatiques

Migrer vers Windows 11, un casse-tête pour les services informatiques

La sortie de Windows 11 avec sa liste d’exigences matérielles met une pression supplémentaire sur des services informatiques déjà à bout de souffle après tous les bouleversements induits par la pandémie.

 

Avec l’augmentation de l’interdépendance des infrastructures informatiques, de la mobilité et du télétravail, ainsi que la multiplication des appareils connectés et des cyberattaques, la nécessité de maintenir à jour les systèmes est un impératif stratégique, et redouté par les services informatiques. D’après une étude réalisée par NinjaOne la plateforme américaine de gestion de l’IT, deux tiers des responsables informatiques interrogés ont recours à une gestion manuelle des correctifs, et 77 % des équipes informatiques consacrent plus de trois heures par poste de travail à la gestion des correctifs.

Dans ce contexte, la sortie de Windows 11 constitue un gros point d’interrogation, non seulement en raison des exigences matérielles fixées, mais aussi d’une conjoncture compliquée pour les services informatiques. De ce point de vue, le timing de la sortie de Windows 11 tombe plutôt mal, et dans une période de sollicitations maximales. La double pression de l’accélération de la transformation numérique et de la fourniture d’expériences à distance transparentes pour les collaborateurs a mis les équipes informatiques sur la brèche. Si l’on ajoute à cela les menaces cyber persistantes, et de plus en plus sophistiquées, ainsi que les exigences matérielles pour installer Windows 11, la difficulté semble insurmontable pour les services informatiques.

 

« Seulement 44,4 % des postes de travail
sont éligibles à la mise à niveau automatique. »

 

Des associations d’utilisateurs réagissent

D’ailleurs quatre association d’utilisateurs professionnels, Beltug, Cigref, CIO Platform Nederland et VOICE qui représentent plusieurs milliers d’organisations privées et publiques en Belgique, en France, aux Pays-Bas et en Allemagne, n’ont pas tardé à réagir. Elles ont rappelé à Microsoft ses incohérences : « le cycle de vie de ses produits et services conduit à une logique implacable d’obsolescence programmée d’équipements parfaitement fonctionnels, écrivent-ils. En revanche, Microsoft, comme beaucoup d’autres éditeurs, fait reposer la gestion des vulnérabilités de ses produits et services sur les seuls utilisateurs. Du fait de sa position de leader du marché des produits et services numériques pour les entreprises, nos associations attendent de Microsoft un comportement exemplaire en termes d’empreinte environnementale et de sécurité ».

Un rappel qui fait mouche, si l’on considère que cette mise à niveau exclut un grand nombre d’ordinateurs encore en vente au moment de sa sortie. Une majorité d’ordinateurs acquis dans l’urgence pour faire face au confinement, début 2020, sont d’emblée privés, ou presque, de mise à niveau vers Windows 11. Pourtant ils sont récents.

Sur l’échelle de l’évolution informatique, un ordinateur basé sur une configuration datant de trois ou quatre ans n’est pas loin d’être une antiquité, mais des machines encore dans les circuits commerciaux, cela ne s’est jamais vu. Une étude américaine a révélé que seulement 44,4 % des postes de travail sont éligibles à la mise à niveau automatique. Comme le montre la capture ci-dessous, l’estimation repose sur l’analyse d’un parc représentatif des environnement professionnels en entreprise, soit 30 millions d’ordinateurs dans 60 000 entreprises.

Il est urgent d’attendre selon certains analystes

Tant et si bien que certains analystes préconisent d’attendre avant de passer à la version 11. Dans une entrevue accordée à notre confrère The Register, Stephen Kleynhans, vice-président Recherche chez Gartner, estime que « début 2023, moins de 10 % des nouveaux PC d’entreprise seront déployés avec Windows 11 ». Il préconise de ne pas se précipiter en adoptant une approche en plusieurs étapes.

« Kleynhans ne recommande que deux actions immédiates pour les entreprises, écrit notre confrère. La première consiste à établir un calendrier pour l’évaluation et la migration vers Windows 11, les tests devant commencer au cours du premier semestre 2022. L’autre consiste à effectuer des tests limités parmi les membres de vos équipes informatiques et opérationnelles ».

Installer Windows 11 malgré tout

Cependant, pour ceux qui veulent passer à Windows 11 pour bénéficier des nouvelles contre-mesures sécuritaires, Microsoft a publié une procédure permettant d’outrepasser les exigences matérielles. Une migration qui fait sens principalement pour les télétravailleurs, qui pourront bénéficier d’un surcroit de protection grâce aux nouveaux mécanismes sécuritaires gérés par Windows 11.

D’ailleurs, pour calmer la bronca qui a suivi la publication des exigences matérielles, Microsoft est allé jusqu’à publier une procédure permettant de contourner les prérequis du nouvel OS. Elle consiste à modifier une entrée dans le registre de Windows 10 comme elle apparaît dans la capture ci-dessous. Rappelons qu’il faut d’abord activer la puce TPM dans le Bios si elle n’est pas activée, que ce soit sur Intel ou AMD. Microsoft, prévient toutefois que cette procédure n’est pas la panacée. Même si elle permet d’installer Windows 11 sur des machines incompatibles, elle ne garantit pas un fonctionnement optimal et peut même causer un arrêt inopiné du système.

Pour les autres, deux possibilités s’offrent à eux : une installation permettant de conserver seulement les fichiers et dossiers personnels, y compris les pilotes, et une autre qui remets tout à neuf. Une option intermédiaire permet d’effacer les applications et la configuration de Windows 10 et de garder seulement les fichiers et dossiers personnels ainsi que les pilotes.

Pour ceux qui mettent à niveau à partir de Windows 10, Microsoft conseille d’attendre d’être informé via Windows Update que la mise à niveau est prête pour leur ordinateur. Il suffit d’aller dans le menu des paramètres et de vérifier son éligibilité dans l’assistant de mise à jour. Si votre configuration est conforme, vous pouvez lancer la mise à jour, et en moins de deux heures, téléchargements et mises à jour complémentaires comprises, vous disposez du nouvel OS.