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L’après Covid-19 : les DSI au cœur de la reprise

Depuis mars et la crise sans précédent que nous vivons, la DSI est fortement mise à contribution et joue un rôle clé pour assurer la continuité de l’activité. Dans le cadre de la reprise, l’équilibre à trouver est complexe entre les investissements stratégiques pour préparer l’avenir et la nécessaire optimisation des coûts. Quels défis et opportunités se présentent aux DSI ?

Nicolas Paolantonacci, directeur Associé, mc2i,

Les entreprises ont déployé une incroyable énergie afin de s’adapter et se réorganiser pour maintenir les activités essentielles. Même si l’enjeu sanitaire était et reste prioritaire, les enjeux opérationnels et business ont rapidement rejoints les préoccupations principales des dirigeants.

Les entreprises sont sur la fameuse “ligne de crête”; c’est-à-dire avancer tout en gardant le bon équilibre entre les risques sanitaires et économiques.

Dans cette situation inédite, les repères et les expériences passées n’apportent que peu de certitudes, mais certaines données nous permettent néanmoins d’envisager l’avenir avec un optimisme pragmatique :

  1. Fin 2019, les indicateurs économiques étaient bons pour la plupart des secteurs d’activité.
  2. Le fait que la crise soit dite “exogène” (même si cela est parfois critiqué) nous permet d’espérer un redémarrage plus vigoureux que si les fondamentaux de l’économie et des entreprises n’étaient pas bons.
  3. Le très fort soutien déployé par les Etats, et en particulier en France, permettra, nous l’espérons, de préserver le tissu économique et de renforcer l’espoir d’une reprise vigoureuse une fois la situation sanitaire maîtrisée.

Alors que les entreprises gèrent l’urgence et font face à des préoccupations inédites, elles doivent également se pencher sur l’avenir. “Réussir sa reprise” est déjà au cœur des préoccupations.

Entre investissements SI et optimisations des coûts, un équilibre difficile à trouver

La crise a rappelé l’importance pour les entreprises de disposer d’un système d’information robuste, pour permettre le télétravail des collaborateurs ou bien pour les échanges avec les clients. Elle a également mis en exergue l’importance de l’innovation digitale et de la transformation numérique sur tous les métiers et les services des entreprises (e-commerce, RH, finance, nouveaux services digitaux,…). Face à ce constat et dans un contexte de nécessaire optimisation des coûts (du fait de la baisse des résultats 2020 et des incertitudes fortes sur les résultats 2021 et ultérieurs), nous comprenons l’importance (et la complexité) pour l’entreprise de définir le bon niveau d’investissement dans sa transformation digitale.

Même si les directions des Systèmes d’Information sont challengées depuis plusieurs années pour optimiser leur budget, les enjeux semblent tout autres cette année.

Les processus de gestion de portefeuille d’activités et donc de priorisation sont encore très hétérogènes au sein des grandes entreprises. Les difficultés à estimer le budget d’un projet informatique ou bien d’en définir le “ROI” restent présentes. Ces notions apparaissent pourtant comme fondamentales dans tout processus de décision.

 

Face à l’urgence, les DSI ont réalisé des premiers arbitrages sur leur portefeuille d’activité :

  • Les premières décisions ont souvent été de réaliser une revue du portefeuille de projets afin d’arbitrer sur la poursuite, le décalage, la diminution du périmètre ou bien le gel du projet ;
  • L’analyse des “OPEX” et des coûts de Run des applicatifs doit également être menée afin d’identifier les gains possibles ;
  • De nouveaux investissements ont souvent été nécessaires (ou le deviendront) afin de faire face à la crise et permettre une continuité de services.

Ce travail, déjà initié au sein de l’ensemble des grandes structures, demeure complexe et n’est pas “One shot”. L’incertitude oblige à intégrer ces arbitrages dans une démarche itérative qui sera alimentée par le contexte changeant aussi bien sur des critères exogènes à l’entreprise que sur ses propres contraintes.

Les nombreux défis à relever pour accompagner la reprise

Dans ce contexte, l’adaptation de la gouvernance peut s’avérer essentielle. La position de la DSI dans l’entreprise, sa relation avec la DG et les directions Métiers sont clés pour permettre à l’entreprise de prendre les bonnes décisions et tirer profit de tous les avantages que peut apporter la transformation numérique.

Même si la “DSI, créatrice de valeur” est largement partagée depuis quelques années, la crise a (re)placé la DSI au cœur de l’entreprise.

La direction générale a pu mesurer l’importance des outils de travail à distance, des services numériques et de la sécurité informatique associée pour assurer la continuité de l’activité. Des projets qui ne bénéficiaient pas des meilleurs “ROI” (par exemple, une suite d’outils collaboratifs ou le “ Digital Workplace ”…) ou qui étaient considérés “Nice to have” se sont retrouvés essentiels, voir vitaux. Le DSI s’est retrouvé en première ligne lors des réunions de crise aux côtés de la Direction Générale et cette position devrait à présent se consolider.

La responsabilité de la DSI va être croissante pour accompagner les métiers dans la nécessaire transformation numérique à venir. Que ce soit pour optimiser la performance de l’existant ou créer de nouveaux services, la relation doit être plus forte en s’appuyant sur plus de transparence, plus d’agilité et sur des innovations technologiques qui lèvent certaines contraintes historiques.

Ces dernières années, la création de direction du Digital, parfois à côté de la DSI, a mis en avant la défiance envers cette dernière qui est parfois (et encore trop souvent) perçue comme une entité peu réactive, peu agile et principalement comme un centre de coût.

Pour répondre à cela, nous identifions 5 grands enjeux pour la DSI :

  • Une gouvernance renouvelée : même si la gestion de la demande s’est nettement améliorée ces dernières années, le fonctionnement courant reste “siloté“ au détriment de la pertinence des arbitrages. La relation client-fournisseur est encore trop présente et réductrice. Un réel alignement entre les objectifs business et ceux de la DSI permettra de créer les bases d’une nouvelle relation.
  • Les bonnes pratiques du Lean et notamment le “Cost Of Delay” comme outil de priorisation permet également d’apporter un regard différent et riche d’enseignements pour challenger ses pratiques.
  • L’organisation par produit ou service plutôt que par projet permet de décloisonner des périmètres applicatifs (et des équipes) et ainsi favoriser la performance et l’amélioration des services dans une démarche orientée clients.
  • L’architecture et l’urbanisation doivent permettre d’accompagner le développement des plateformes business.
  • L’agilité est, plus que jamais, un formidable “outil” pour rapprocher métiers, MOA, MOE, infogérant et même utilisateurs et se focaliser sur la valeur délivrée et l’adaptation au changement.

 


Les projets informatiques incontournables ces prochains mois et années

 

Pour construire dès maintenant l’après et malgré la nécessaire optimisation des budgets, les DSI devraient investir sur un certain nombre de projets pour leur transformation digitale :

  • L’infrastructure et la sécurité devront être consolidées voire améliorées pour répondre aux nouveaux enjeux (nombre élevé de salariés à distance, exposition de nouveaux services, cyber-sécurité…)
  • La digitalisation des processus, tout ce qui permet de délivrer un service doit être repensé pour faire face à une potentielle crise longue (dématérialisation, signature et paiement électronique, self service…). Un seul maillon du processus opérationnel peut rendre inopérable l’ensemble de l’activité.
  • Le jumeau numérique pourrait connaître un développement important dans plusieurs secteurs d’activité, notamment dans l’industrie, l’énergie, le transport ou le bâtiment, afin de repenser l’exploitation et la maintenance.
  • Le télétravail va considérablement augmenter et sera accompagné par l’arrivée de nouveaux outils toujours plus performants et innovants.
  • Le développement du travail à distance et des services numériques à disposition des collaborateurs ou des clients va renforcer l’importance du support utilisateurs mis à disposition par l’entreprise. Sur ce segment, l’innovation est très présente et l’entreprise mal préparée pourrait se retrouver en difficulté.

Au regard de tous ces enjeux, la DSI est et sera un acteur incontournable pour accompagner l’entreprise dans la reprise. Le contexte actuel représente une opportunité de “pivot” pour replacer la DSI au cœur de l’organisation. Les attentes vont être très fortes et les complexités liées au Legacy ne vont pas disparaître du jour au lendemain, toutefois les DSI disposent de nouveaux leviers pour s’inscrire comme partenaire stratégique dans l’organisation.