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Clusif – La cybersécurité est désormais un bien commun

Jean-Marc Grémy, Président du CLUSIF

“La cybersécurité est maintenant une nécessité quasi vitale comme la santé ou l’économie pour nos entreprises et collectivités.”

 

À un moment où la situation de la cybercriminalité devient critique, avec une multiplication des cyberattaques, des fraudes, des usurpations d’identité, dans un contexte de crise sanitaire, la filière de la cybersécurité risque de se disperser, façon puzzle comme aurait dit Audiard.

 

Les plans de relance économique de la France et de l’Europe laissent entrevoir des financements publics de plusieurs dizaines de millions d’euros, dont des parties non négligeables pour la filière cybersécurité. Mais ces fonds seront-ils bien utilisés ? Les investissements permettront-ils une maîtrise du risque cyber à terme pour tous ? Permettront-ils que nous puissions enfin entrevoir une forme d’autonomie stratégique française, européenne pour la sécurité du numérique ? Maintes fois promise sans que nous en voyions les contours se dessiner ?

Notre crainte n’est ici pas que l’État au travers de ses ministères, ses agences et autres autorités n’ait pas les moyens de son ambition, mais bien que ces sommes d’argent ne soient finalement pas utilisées à bon escient, que leurs destinations ne servent qu’à « enrichir » des acteurs industriels et de services qui ne nourrissent d’autres rêves que d’accroître nos capacités scientifiques, industrielles et de cyberdéfense.

La cybersécurité est d’utilité publique.

Si l’ANSSI est en partie à la manœuvre pour l’instruction des dossiers et du financement dans le cadre des « Parcours de cybersécurité », quelles sont les garanties d’un contrôle de l’usage des fonds ? De l’atteinte des objectifs ? Nous ne pouvons plus revivre des ratés comme les initiatives de cloud souverain ! Ce n’est pas qu’une question d’argent, mais bien de la pérennité de nos savoir-faire, de nos industries et très certainement de nos vies quotidiennes à terme.

Cette notion d’autonomie stratégique dans le monde numérique fait débat tant la mondialisation des échanges de données et de leurs infrastructures emboîte le pas à celle des échanges économiques. Cette autonomie stratégique doit être une cible qui doit dépasser la seule idée de la mise en œuvre de cyberdéfense, à l’heure où la cyberconflictualité s’invite quotidiennement dans l’analyse géopolitique.

Comme le montre le Panorama de la cybercriminalité annuel du Clusif, les menaces se sont multipliées, diversifiées, les criminels sont plus organisés et n’ont plus nécessairement besoin d’expertise technique pour agir. Face à cette industrie du crime, la cybersécurité est maintenant une nécessité quasi vitale comme la santé ou l’économie pour nos entreprises et collectivités.

Partant de cette nécessité, nous devons fixer ensemble les objectifs communs de l’écosystème cyber. Il n’est pas seulement question de moyens financiers mais bien de pérennité de nos savoir-faire, de nos industries et de notre vie démocratique. L’arrivée à l’automne du Campus Cyber est sans nul doute le premier jalon de cette longue route vers notre autonomie stratégique.

Fort de ses plus de 1 000 adhérents actifs et de ses productions à destination des entreprises, le Clusif participe activement à la mise en place de ces plans. C’est une question stratégique pour nos entreprises mais également pour nos concitoyens et dans un monde où le numérique est partout, la cybersécurité doit plus que jamais s’organiser pour réassurer notre économie et nos institutions.