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Jean-Noël Barrot, Ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécoms – « Je souhaite garantir à tous la cybersécurité du quotidien »

Jean Noel Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numerique et des Telecommunications © MINEFI

Le ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécoms détaille à Solutions-Numériques les objectifs, moyens, actions réalisées et en cours dans 4 grands domaines.

 

1 – PROGRES GLOBAL DE LA NUMERISATION

La France est la 2e économie européenne mais se situe au 12e rang de la digitalisation globale et au 20e rang en ce qui concerne la digitalisation des entreprises selon le DESI (Digital Economy & Society Index) 2022. Comment accélérer cette digitalisation ?

La numérisation des entreprises, et notamment des TPE/PME, s’amplifie afin que la France revienne aux avant-postes en Europe.

En 5 ans, sous l’impulsion du Président de la République, nous avons doté la France d’un réseau de télécommunications performant. Nous sommes le pays d’Europe dans lequel le déploiement de la fibre est le plus avancé avec 72 % des locaux éligibles. En comparaison, l’Allemagne est à 26 %. Et la 4G couvre 99 % de la population française à fin 2021. Ainsi, 55 % des TPE-PME françaises sont raccordées à la fibre optique (un chiffre multiplié par 2,4 depuis 2019) et trois quart de celles qui ne le sont pas le seront dans les 3 ans.

De plus, l’Etat a mis en place de nombreux dispositifs pour aider les entreprises à se numériser pour que la France conserve son statut de grande nation du numérique. Par exemple, nous avons simplifié l’accès à l’information en créant le guichet unique “France Num” (formations, solutions de financement, compétences).

Ensuite, lors du second confinement, un chèque de 500 € a bénéficié à 112 000 entreprises ayant engagé des dépenses de numérisation.

Puis, fin 2021, BPI France a lancé la “Garantie de prêt France Num”, effective jusqu’au 31 décembre 2023, destinée aux TPE et PME françaises de moins de 50 salariés qui souhaitent accélérer leur passage au numérique. Le montant maximal du prêt est fixé à 50 000 euros avec un taux de garantie de 80 %.

Enfin, pour répondre aux besoins des entreprises, les startups de la French Tech peuvent être mobilisées. Par exemple, au sein du Next40/ FrenchTech120, 30% des start-up proposent des solutions innovantes de digitalisation à destination des TPE/PME. Nous activons tous les leviers pour réussir la numérisation de nos entreprises.

 

© MINEFI

 

« Ces stratégies permettront à la France de construire des briques technologiques souveraines et de renforcer son autonomie stratégique pour rester une grande nation du numérique. »

 

2 – CYBERSECURITE

Face à la recrudescence de cyberattaques, quels moyens comptez-vous mettre en œuvre pour protéger les entreprises et les administrations ?

L’augmentation de la menace cyber plonge nos citoyens dans l’insécurité numérique. Chaque jour, en France, 500 victimes demandent assistance sur cybermalveillance.gouv.fr. En 2021, une entreprise sur deux et une collectivité sur trois ont déclaré être victimes d’une cyberattaque.

Nous devons donc aller plus loin et je souhaite garantir à tous la cybersécurité du quotidien.

En 2023, nous consacrerons ainsi 30 millions d’euros pour protéger tous les Français qu’ils soient des citoyens, des entreprises ou des collectivités.

Pour les particuliers, nous proposerons le filtre anti-arnaque, en version bêta à l’été 2023 avant qu’il ne soit généralisé à l’été 2024. Il sera facultatif et gratuit, avertira les internautes en temps réel et filtrera préventivement les adresses internet correspondant à des sites malveillants.

De plus, le cyberscore certifiera les plateformes numériques destinées au grand public. Déployé d’ici la fin 2023, il permettra aux internautes de comparer le niveau de sécurité des sites et réseaux sociaux qu’ils fréquentent et sur lesquels ils partagent des données personnelles, à l’image du Nutri-score pour les produits alimentaires.

Pour les entreprises, une campagne massive de communication sera réalisée en lien avec cybermalveillance.gouv.fr, pour inciter les entreprises à s’inscrire dans une démarche de cybersécurité. Nous créerons également un outil d’autodiagnostic gratuit pour toutes les entreprises. Puis, pour 750 PME et ETI, issues des secteurs stratégiques visés par la directive NIS2, nous déploierons un bouclier cyber avec une phase d’évaluation et d’audit des systèmes d’informations puis la mise en œuvre de solutions de cybersécurité. Enfin, pour les collectivités nous ferons des parcours de sécurisation renforcés pour 125 collectivités qui ont bénéficié du plan 2021-2022 et opérerons des nouveaux parcours pour 50 collectivités. Au total à fin 2023, plus de 1 000 collectivités et administrations auront suivi ce parcours de sécurisation. Puis, pour toutes les communes, nous allons créer une plateforme de services mutualisés, outil clé-en-main, sur la base d’un abonnement. Il permettra notamment de bénéficier d’un nom de domaine, d’une messagerie et de services en ligne sécurisés.

 

3 – FRENCH TECH

Quelle stratégie allez-vous adopter, avec quels budgets, pour stimuler le développement des entreprises de la Tech ? Pour faire émerger les leaders nationaux ?

Nos startups vont bien : nous avons battu, dès octobre 2022, le montant total levé par les startups en 2021 soit près de 11,4 milliards d’euros. Les startups continuent à se développer même si le rythme s’infléchit légèrement avec les conditions de marché actuelles.

Cependant, les critères que les fonds d’investissements regardent changent et ne se basent plus uniquement sur la valorisation, mais aussi sur la création d’emplois, les indicateurs de rentabilité ou les critères ESG. Nous avons ici tous les signes d’un écosystème qui mûrit et qui continue à se structurer. Pour moi, c’est un signal positif.

En matière de financement, la sphère publique soutient de manière structurelle l’ensemble des acteurs de l’innovation, avec 500 millions d’euros investis par Bpifrance, chaque année, directement au sein des startups et 1,5 milliard d’euros au sein des fonds d’investissement.

Par ailleurs, les stratégies d’accélération de France 2030 doivent permettre de remplir l’objectif de 100 licornes à horizon 2030 (dont 25 licornes vertes, 3 en cybersécurité).

 

Quelle part du plan France 2030 ira à la filière numérique ? Peut-on faire émerger des champions nationaux ou européens sans construire une Tech “souveraine” ?

Le plan France 2030, sous l’autorité de la Première ministre et de Bruno Le Maire, est doté de 54 milliards d’euros. Dans ces investissements, 3 milliards d’euros sont consacrés au numérique à travers 5 stratégies d’accélération : sur le cloud, la 5G, la cybersécurité, le quantique et l’intelligence artificielle.

Ces stratégies permettront à la France de construire des briques technologiques souveraines et de renforcer son autonomie stratégique pour rester une grande nation du numérique.

Dans le cadre des appels à projets ou appels à manifestations d’intérêt, les entreprises sont amenées à candidater pour que l’Etat accompagne et soutienne leurs projets.

Cette mécanique permettra en effet de faire émerger des champions et encourage l’émergence d’acteurs souverains.

 

Web 3, NFT, Informatique quantique… Sur quelles technologies avons-nous davantage de cartes à jouer ?

Pour rester souveraine, la France doit maitriser les briques technologiques essentielles au numérique dans les années à venir. Nous avons des expertises reconnues dans de nombreux domaines grâce à l’alliance de notre savoir-faire en recherche, aux leaders mondiaux que notre pays décompte et en nous appuyant sur le dynamisme de notre écosystème d’innovation.

Les programmes de l’Etat, qu’ils soient en soutien financier (comme France 2030) ou en accompagnement (comme la French Tech) offrent un cadre de développement attractif. Ainsi, les moyens mis en œuvre sont importants pour permettre à la France d’être aux avant-postes européens sur les technologies de rupture.

Nous répondons présent aux rendez-vous de tous ces défis.

 

4 – PENURIE DES TALENTS

Quelles actions allez-vous mener pour répondre au manque criant de talents dans le numérique dans nos entreprises et le secteur public ?

L’objectif fixé par le Président de la République est de former 400 000 experts du numériques supplémentaires d’ici à 2027. Nous allons nous appuyer sur le plan France 2030 qui comporte un volet formation ambitieux.

Sur la cybersécurité par exemple, 140 millions d’euros y sont consacrés à la formation pour recruter 30 000 nouveaux experts d’ici à 2027.

Nous devons mieux faire connaitre les formations et les filières que nous avons à souhait de féminiser puisqu’aujourd’hui, trop peu de femmes choisissent spontanément les métiers du numériques.