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E-SANTÉ – SAMU 86 (CHU de Poitiers) – Le digital au service de la santé d’urgence

En 2016, sous l’impulsion du Dr Henri Delelis-Fanien, directeur médical du SAMU 86 du CHU de Poitiers, le département de la Vienne déploie un dispositif de télémédecine mobile en lien avec tous les acteurs de l’urgence : SMURS, ambulanciers, secouristes, etc. Un dispositif inscrit dans les pratiques d’urgence du SAMU au quotidien, à grande échelle, qui en a fait une première en France.

Au-delà de l’appel téléphonique, « l’apport du numérique nous permet d’avoir de nouvelles informations sur le patient, aidant à la décision », explique le Dr Henri Delelis-Fanien. « Transmission de photos en traumatologie, d’électrocardiogrammes pour les pathologies cardiaques… tout cela fait notre quotidien, quand, dans d’autres SAMU, rien de tout cela ne se fait ».

Dr Henri Delelis-Fanien

Parallèlement à l’appel au 15, les professionnels de santé sur le terrain réalisent un bilan médical, via une tablette tactile avec des dispositifs médicaux connectés permettant de relever les paramètres vitaux et de pratiquer un électrocardiogramme numérique complet, un dispositif nommé Nomadeec, de la société Exelus. Ils peuvent compléter le bilan en ajoutant diverses observations, résultats de scores d’urgence, intégrer un schéma récapitulatif des lésions, ou encore prendre des photos et séquences vidéo de l’intervention. Ce bilan numérique est ensuite transmis et partagé en temps réel avec le médecin régulateur du centre 15, via une connexion web sécurisée.

Tous les services mobiles d’urgence connectés

L’histoire commence en 2016, quand le Dr Henri Delelis-Fanien prend contact avec Louis Rouxel, directeur médical de la société Exelus, qui avait mis en place un système de transmission d’information entre les EHPAD et les médecins. Le Dr Henri Delelis-Fanien se retrouvait à l’époque en difficulté au SAMU pour évaluer des bilans que faisaient des ambulanciers sur des situations d’urgence « ressenties » qui manquaient d’arguments fiables. « J’ai demandé alors si l’outil pouvait être rendu mobile et transporté dans les ambulances ».

Aujourd’hui, tous les services mobiles d’urgence sont connectés à la plateforme : 17 compagnies d’ambulances, 60 EHPAD, 12 médecins correspondants SAMU, les 6 SMUR (services mobiles d’urgence et de réanimation) du département (soit 11-12 interventions/jour), les établissements de santé dans les prisons, les secouristes de Center Park, à raison de 2 ou 3 bilans quotidiens, et « on commence à avoir des médecins généralistes dans les maisons de santé. »

Un diagnostic téléphonique éclairé factuellement

Tous ces « effecteurs » transmettent alors aux médecins dans les situations d’urgence des informations qui permettent d’éclairer factuellement le diagnostic téléphonique et contribuent à éviter certaines hospitalisations inutiles, ou à optimiser l’orientation du patient. « Nous pouvons poser un regard plus précoce sur les patients, et anticiper une situation difficile plus facilement. »

Par exemple, indique Henri Delelis-Fanien, on dépiste plus facilement des infarctus chez la femme, sur des signes atypiques non décelables au téléphone. Pour la traumatologie, on peut amener les patients directement au bon endroit, ce qui est un réel bénéfice dans un département rural, où les structures de soins peuvent être éloignées. Dans la filière gériatrique, et les EHPAD, le dispositif permet de diminuer le nombre d’hospitalisations. « On a 25 % d’hospitalisations évitées », chiffre Henri Delelis-Fanien.

La force du système, c’est l’organisation de la plateforme, avec tous les « effecteurs » qui font transiter leurs informations utiles en temps réel aux médecins, « avec une traçabilité et une sécurisation des données redoutables ». Et cela, via une interface intuitive, rapide et facile d’accès, « compatible avec l’urgence ».

Et demain ? Recherche et HoloLens

A ce jour, le SAMU comptabilise plus de « 11 000 télé-bilans transmis ». Autant de données entièrement numérisées, une masse d’informations exceptionnelle. Tous les bilans numérisés transitent dans un Cloud sécurisé et sont intégrés directement dans le dossier patient. Le Dr Henri Delelis-Fanien fait valoir avec ces big data « tout un champ qui s’ouvre sur le plan de la recherche ». Pour demain, il évoque également la réalité augmentée, avec l’utilisation mobile de Nomadeec qui a été portée sur une technologie de réalité mixte Microsoft HoloLens. Cette dernière a été codéveloppée en partenariat avec HoloForge Interactive. Demain, les secouristes pourront effectuer leur bilan, casque sur les yeux, via des commandes vocales ou manuelles. Restera à en mesurer l’intérêt réel, en situation.

 


Nomadeec : 25 000 actes de télérégulation

Utilisée par une vingtaine de SAMU à travers tout le territoire, la télémédecine d’urgence, appelée également « télérégulation », répond aux préconisations du pacte de refondation des Urgences d’Agnès Buzyn concernant l’amélioration de la prise de décisions en régulation et des parcours de soins. En 2018, 128 millions d’appels ont été passés au SAMU en France.

Fin 2019, plus de 25 000 actes de télérégulation ont été réalisés en France avec la plateforme Nomadeec, via les SAMU équipés. « Nomadeec répond parfaitement au besoin des CHU qui souhaitent développer l’usage de la télémédecine pour renforcer les coopérations territoriales et fluidifier les parcours de soins. Nomadeec a été conçue par et pour les professionnels de santé, en répondant au plus près des usages métiers de nombreuses filières de soins. C’est pourquoi sa facilité d’adoption et sa rapidité de déploiement sont particulièrement plébiscitées », explique Xavier Maurin, Cofondateur d’Exelus, l’éditeur de Nomadeec.


Le dispositif Nomadeec sur le terrain

Nomadeec est constitué d’une plateforme de communication collaborative, de suites logicielles adaptées aux besoins des différents intervenants en situation d’urgence et de dispositifs médicaux connectés de gamme hospitalière.

Tablette tactile connectée en Bluetooth avec différents dispositifs médicaux :

– Modules de mesure des constantes vitales,

– Ceinture ECG,

– Réalisation de photos HD,

– Boucle vidéo de 10 à 20 secondes/visioconférence,

– Compilation dans un dossier patient numérisé,

– Transmission par réseau téléphonique 3G/4G