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Décryptage des mesures de Microsoft en faveur de ses concurrents européens dans le Cloud

Brad Smith, le président de Microsoft, dévoile le 18 mai 2022 des mesures qui devraient créer un environnement de coopétition « plus favorable » pour ses concurrents dans le Cloud en Europe. Mais uniquement sur ses offres, sa plateforme Cloud et son écosystème. Microsoft va réviser et étendre son programme Software Assurance et clarifier ses listes de prix.

Brad Smith annonce le 18 mai à Bruxelles le lancement en 2022, sans préciser de date, de plusieurs initiatives visant à soutenir les fournisseurs de clouds européens. Mais uniquement via sa plateforme et l’écosystème de Microsoft.

Dans le cadre de cette coopétition, l’éditeur américain dit vouloir offrir de nouveaux avantages aux clients sur lesquels les fournisseurs de cloud européens peuvent s’appuyer pour leur proposer de nouvelles solutions. Pour se faire, ils devront adhérer au programme Cloud Solution Provider de Microsoft.

Héberger et exécuter les produits Microsoft sur leurs infrastructures

Tout d’abord, Brad Smith promet d’aider les fournisseurs européens de services cloud à héberger et à exécuter les produits Microsoft sur leur infrastructure pour les clients, y compris les produits qui ont traditionnellement été autorisés à fonctionner uniquement sur site et sur les ordinateurs de bureau ou les serveurs du client.

Selon le président de Microsoft, « Cette extension permettra à ces fournisseurs de cloud de proposer directement Windows et Office (y compris Windows 11 et les Microsoft 365 Apps for Business and Enterprise) dans le cadre d’une solution de bureau hébergée complète qu’ils pourront construire, vendre et héberger sur leur infrastructure. Ainsi, les fournisseurs de cloud européens auront la possibilité de fournir cette solution complète et de bout en bout à leurs clients pour la première fois ».

Il précise que l’expansion permettra également aux fournisseurs de clouds européens de fournir ce même service aux clients qui achètent des logiciels Windows et Office auprès d’autres partenaires de Microsoft et qui souhaitent qu’un fournisseur de clouds européen héberge ces logiciels pour eux.

Garantir une plus grande stabilité des prix sur les licences de Microsoft

« Nous répondons également à un problème soulevé par les fournisseurs de services en nuage en élargissant la gamme de produits qui peuvent être proposés aux clients à un prix fixe pour des durées plus longues, ce qui offrira une plus grande stabilité des prix et une plus grande certitude aux fournisseurs et à leurs clients », déclare Brad Smith. Avant ou après l’augmentation de 15 à 25 % des prix sur Office365 et Microsoft365 décidée par Microsoft ?

Le dirigeant déclare avoir également entendu en Europe des demandes de simplification des licences de Microsoft : « C‘est pourquoi nous apporterons des changements inspirés en partie par les principes de licence de logiciels équitables créés par deux organisations européennes de premier plan, le CIGREF et la CISPE, qui se concentrent sur les questions européennes ». Sans préciser quand et comment Microsoft rédigera et mettra en œuvre ces détails.

Aider les clients à mieux déterminer leurs coûts de licence et leurs obligations avec la Software Assurance

Brad Smith explique cependant que les changements dans ses licences comprendront les éléments suivants. Microsoft s’appuiera sur la première recommandation des Principes de licence de logiciels équitables pour élaborer des conditions de licence révisées plus clairement rédigées, permettant aux clients de mieux déterminer leurs coûts de licence et de déterminer plus facilement leurs obligations. Ce n’est pas du luxe tant les listes de prix de Microsoft sont historiquement complexes, voire obscures, surtout dans le cloud.

L’éditeur américain s’engage aussi à préciser la manière dont les clients peuvent déplacer leurs licences vers le cloud, exploiter le matériel partagé et bénéficier d’une plus grande flexibilité dans les options de déploiement des logiciels qu’ils achètent. Microsoft prévoit donc de réviser et d’étendre son programme Software Assurance, dans le cadre duquel les clients achètent des droits sur les nouvelles versions, une reprise après sinistre, une assistance en cas de basculement, la mobilité des licences et de nombreux autres avantages.

Une annonce bienvenue pour les clients et revendeurs de Microsoft, qui reconnaît que « les avantages de la Software Assurance n’incluent pas aujourd’hui les droits de mobilité des licences pour des produits tels que Windows, Office ou Windows Server, de sorte que les clients doivent utiliser ces logiciels dans le cadre de programmes plus restrictifs ou sur du matériel dédié spécifiquement à ces clients ».

Ces derniers pourront bientôt utiliser leurs licences sur n’importe quel fournisseur de cloud européen vendant des services dans leurs propres centres de données, de la même manière qu’ils peuvent le faire sur Azure aujourd’hui, que le matériel soit dédié ou multi-tenant. Microsoft s’engage à travailler « avec les hébergeurs de clouds européens afin de rendre cette expérience de support plus transparente pour les clients ».

Une nouvelle jeunesse pour Windows Server

Microsoft déclare aussi qu’il facilitera grandement la vente de licences Windows Server pour les environnements virtuels et le cloud en assouplissant ses règles d’octroi qui, selon lui, « reflètent les anciennes pratiques en matière de licences logicielles, où les licences sont liées au matériel physique ». Grâce aux changements qui seront apportés, les clients pourront désormais acheter des licences uniquement pour la capacité de calcul virtualisée dont ils ont besoin, sans avoir à compter le nombre de cœurs physiques sur lesquels l’environnement virtualisé est hébergé.

Enfin, Microsoft prépare une nouvelle initiative concrète visant à servir les gouvernements avec des solutions dites « souveraines ». L’éditeur reconnaît au passage que ce sont bien les « Gouvernement européens qui régulent la technologie et Microsoft s’adaptera pour soutenir leurs efforts ». A l’instar des autres Gamma et de leurs pairs, Microsoft redoute certainement de ne plus pouvoir répondre aux appels d’offres publics, surtout en France, ou Office 365 a été déclaré en 2021 non conforme avec la doctrine Cloud de l’État.