Avec la pénurie de main d’œuvre depuis la crise sanitaire, la donne a changé entre candidats et recruteurs. Le fossé entre les attentes des candidats et celles des recruteurs s’agrandit.
C’est l’enseignement à tirer de la dixième édition de l’étude* sur le recrutement d’HelloWork, un acteur spécialisé dans les offres d’emploi et le recrutement sur Internet.
« La pénurie de talents a changé la donne et les candidats estiment désormais important qu’un certain nombre d’éléments concernant la rémunération et l’environnement de travail figurent dans l’offre d’emploi, quand auparavant ils étaient abordés lors du premier entretien, souligne François Leverger, directeur général d’HelloWork.
« On observe un fossé entre les usages des recruteurs sur les offres d’emploi et les attentes des candidats de manière générale », précise à Solutions Numériques Flavien Chantrel, directeur éditorial chez HelloWork.
« Les candidats souhaitent beaucoup d’informations dès l’offre d’empoi, pour avoir tous les éléments nécessaires à la prise de décision de postuler. Les pratiques des recruteurs ne suivent pas encore : ils sont peu nombreux à donner certaines informations », explique-t-il. « Le télétravail ne déroge pas à la règle : c’est une information très souhaitée par les candidats (55 %), mais seuls 31 % des recruteurs l’indiquent systématiquement. Nous n’avons pas de chiffres sur l’impact réel en termes de (non) candidatures, mais il est évident que cela joue, surtout pour ceux souhaitant travailler à (longue) distance ou pour les adeptes du 100 % télétravail ».
Le matériel, les outils et les logiciels nécessaires…
Parmi les éléments de l’offre d’emploi concernant la rémunération et l’environnement de travail figurent, outre le télétravail, le salaire, les étapes du process de recrutement, mais aussi le matériel, les outils et les logiciels fournis. Cet aspect est même devant les questions de politique de télétravail. Ainsi 61 % des candidats jugent important d’avoir des éléments sur le matériel, les outils et les logiciels avec lesquels ils vont travailler, quand seuls 20 % des recruteurs l’indiquent dans leurs annonces d’emploi.
Concernant le process de recrutement, le fossé entre les attentes des candidats et des recruteurs est aussi présent : près de la moitié des postulants sont prêts à passer les entretiens uniquement à distance, ce qui est loin d’être le cas du côté des recruteurs, 97 % de ces derniers considérant qu’au moins un entretien en présentiel est nécessaire.
De multiples canaux pour arriver à recruter
La tension sur le marché de l’emploi est telle que les recruteurs utilisent de multiples canaux pour arriver à recruter. Les services publics de l’emploi arrivent en deuxième position (87 %) après les plateformes de recrutement. Les bases de CV (ou CVthèques), utilisées par 55 % des candidats et 74 % des recruteurs, constituent le troisième canal de recrutement. Le réseau professionnel ou personnel, les salons d’emploi et job datings virtuels viennent compléter les solutions choisies par les postulants, alors même que les recruteurs y sont relativement nombreux, signe qu’ils utilisent toutes les pistes pour trouver les profils qui leur font défaut.
* « Le recrutement en 2022. Les attentes des candidats. Les pratiques des recruteurs », étude menée du 16 au 28 mars 2022 sur un échantillon de 1 724 candidats et 355 recruteurs
Patricia Dreidemy
