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Protection des données : jeudi noir pour Facebook aux Etats-Unis et au Canada

Divulgation non autorisée à des tiers des informations de millions de personnes, absence de consentement des « amis des amis » à la collecte de leurs données, téléchargement de carnets d’adresses liés à des comptes de messagerie électronique… Les reproches s’accumulent en Amérique du Nord.


Ce jeudi 25 avril n’a pas été un bon jour pour Facebook. Le Commissariat canadien à la protection de la vie privée l’a épinglé pour de graves atteintes présumées à la vie privée et pour son refus d’agir pour protéger les renseignements personnels de ses utilisateurs. De son côté, la procureure de l’Etat de New York, Letitia James, a annoncé l’ouverture d’une enquête sur le téléchargement indu par Facebook de 1,5 million de carnets d’adresses liés à des comptes de messagerie électronique, révélé la semaine dernière.

Des « violations graves »

Le gendarme canadien de la protection des données personnelles, qui n’a pas de pouvoir contraignant, « compte porter l’affaire devant la Cour fédérale afin qu’elle rende une ordonnance pour obliger l’entreprise à corriger ses pratiques« , a-t-il indiqué dans un communiqué. Le réseau social américain a commis des « violations graves aux lois
canadiennes et s’est soustrait à ses responsabilités concernant la protection des renseignements personnels des Canadiens« , précise cet organisme au terme d’une enquête menée par le commissaire fédéral Daniel Therrien et son homologue la Colombie-Britannique.

Ensemble, ils ont étudié le rôle de Facebook et de l’entreprise canadienne AggregateIQ dans le scandale impliquant l’entreprise britannique Cambridge Analytica, qui travaillait pour la campagne de Donald Trump en 2016 et a détourné les données personnelles de dizaines de millions d’utilisateurs dans le monde.
Selon M. Therrien, Facebook conteste les conclusions de son enquête et a refusé de mettre en place les recommandations pour mieux protéger les renseignements personnels des utilisateurs de la plateforme. Il recommande notamment qu’Ottawa révise d’urgence les lois canadiennes sur la protection de la vie privée afin d’y inclure des peines sévères pour les contrevenants et des mesures correctives. « Le refus de Facebook d’assumer ses responsabilités en ce qui concerne la protection de la vie privée est très troublante compte tenu, entre autres, de la quantité de renseignements personnels sensibles que lui ont confiés ses utilisateurs« , a dit M. Therrien.
Parmi les infractions relevées, la divulgation non autorisée à des tiers des informations de 87 millions de personnes dans le monde dont 600 000 Canadiens, l’absence de consentement des « amis des amis » à la collecte de leurs données par la plateforme, un manque de supervision des applications tierces en matière de protection des données, et l’absence de responsabilité de Facebook quant aux informations personnelles des utilisateurs.

Manque de respect et profits financiers

Les Etats-Unis, en parallèle, ouvre une enquête sur des carnets d’adresse électroniques téléchargés indûment par Facebook. Le 17 avril, le réseau social avait annoncé au site Business Insider que cette opération avait été effectuée, à l’insu des utilisateurs, de façon « involontaire » et s’était engagé à effacer l’ensemble des informations collectées. Facebook a annoncé au site que cette pratique, désormais révolue, avait été en place de mai 2016 à avril 2019. « Le moment est venu pour Facebook d’être placé devant ses responsabilités quant à son traitement des données personnelles des consommateurs« , a déclaré la procureure James, citée dans le communiqué publié jeudi. Pour elle, la plateforme « a montré son manque de respect pour les informations personnelles des utilisateurs tout en profitant financièrement de leur utilisation« . Et si 1,5 million de comptes de messagerie électronique sont concernés, Facebook a ainsi eu accès à des informations concernant « des centaines de millions d’individus« , contenues dans le carnet d’adresses de ces messageries, a souligné la procureure.
Le bureau du procureur de l’Etat de New York avait déjà ouvert une enquête sur Facebook en mars 2018, celle-ci concernant l’obtention par le cabinet britannique Cambridge Analytica de données personnelles d’utilisateurs du réseau social.
L’annonce de cette nouvelle enquête intervient au lendemain de la publication des résultats trimestriels de Facebook, qui a révélé, à cette occasion, avoir provisionné trois milliards de dollars en prévision d’une possible amende de l’Agence fédérale de régulation du commerce, la FTC, pour sa gestion des données personnelles des utilisateurs.

 

Auteur : La Rédaction avec AFP